Conversation 31683 - De la fonction rabbinique

franky1
Mercredi 7 juin 2006 - 23:00

Bonjour,

Je fais parti d'une petite communauté juive dans la ville ou je me suis installé depuis peu.
J'y ai été très bien accueilli.
Après quelques mois, j'ai été poussé à prendre la présidence de la communauté par certains de ses membres qui ont vu dans mon jeune age mais aussi dans le fait que je n'ai de problème avec aucun de ceux-ci, un atout, et j'ai accepté.
Mais il s'avère qu'avec le temps j'ai découvert beaucoup de problèmes généraux mais aussi et malheureusement de personnes.
C'est sur ce deuxième point que la question se pose.
il s'avère que le problème le plus grave concerne la division de la communauté sur la "qualité" du rabbin, des obligations qui se rapportent à sa fonction mais aussi à celles de sa femme.
Etant conscient que je ne dispose pas de la sagesse, ni de la culture religieuse suffisante pour essayer de trouver une solution qui convienne à tous et donc de rassembler, je viens vers vous pour vous poser quelques questions :
-Quelles sont les obligations d'un rabbin, sachant que le notre est, au départ, employé à mi temps pour un salaire de 1238€ net/mois. Doit il seulement assurer les offices ou ses fonctions doivent elles s'étendre à des cours de talmud? A du démarchage afin de rammener du monde à la synagogue? Ces points là sont les principaux points d'achoppement. Mais que peux t'on réellement lui demander avec le salaire qu'il a actuellement?
-Quelles sont les obligations de sa femme? Et en a t-elle réellement?
Sachez que j'apprécie ce rabbin qui m'a l'air d'avoir du coeur et qui m'est fort sympathique. Il m'a l'air d'être ouvert à toutes sortes de demandes dans la mesure du possible. Mais je risque de rencontrer des personnes qui ne voudront même pas essayer de donner une nouvelle chance au nouveau comité et qui ont une importance pour le mynian du shabbat et des autres offices, mais aussi, il faut bien le dire pour le soutien financier de la communauté.
je voudrais essayer de rassembler pour rammener le shalom mais pour celà il faut que j'ai un argumentaire à faire valoir lors de la prochaine assemblée génrérale et aussi les idées claires afin de prendre les bonnes décisions.
J'attends donc vos conseils avec impatience.
Je vous remercie d'avance.

Dr Michael Ben Admon
Vendredi 9 juin 2006 - 15:39

Shalom,

Le rabbinat ressemble a certaines branches du travail social ou l'effectivite se mesure plus par le don de soi que par l'action elle meme. C'est une vocation que d'aider les autres dans leur problemes divers et les guider dans le sentier des valeurs juives et de la pratique des Mitsvot. Comme tout travail avec autrui, il n'est pas toujours facile de faire plaisir a tout le monde et la sagesse est d'etre diplomate sans faire de compromis sur le principal.
La vie de la communaute et son dynamisme dependent pour beaucoup de son rabbin et de son comite, s'ils savent travailler ensemble sans jamais essayer d'empieter sur le travail de l'autre.
A cote de cela, le rabbin est un homme comme les autres avec une famille, des besoins et soucis economiques, politiques, spirituels et en ce sens il ne doit en aucun cas etre considere comme un ange qui vivrait au dela des exigences temporaires et economiques. bien qu'anime par une flamme, c'est un fonctionnaire qui n'a pas a se sentir manipule ou mal recupere. Pour eviter ce genre de problemes il est important de fixer le nombres d'heures qu'il est sense travailler au vu de son salaire, un tiers de temps, mi-temps, temps plein...Au dela de ces horaires, il est impensable sauf cas exeptionnel de deranger le rabbin aux moments ou il se consacre a sa famille et a ses besoins.
Personne, pas meme le plus qualifie et doue des rabbins ne poura tout faire. Les taches du rabbin au sein de la communaute sont a reflechir avec le rabbin et les responsables communautaires d'un accord commun. Si par exemple, la decision est de donner priorite durant 8-12 mois a la priere (restructuration, participation des jeunes, initier plus de personnes a la lecture de la Torah, de la Haftarah, cours sur la priere, liturgie et piyoutim, invitation personnalisee etc...), alors il faut etablir un programme avec les buts et objectifs a atteindre, reflechir la strategie, les moyens, les besoins engages et faire une planification claire en ce sens. Egalement, faire des reunions pour analyser le suivi et la pertinence de la strategie, changer s'il y a besoin.
Si la priorite est l'education et les jeunes, alors reflechir un programme avec les besoins specifiques de votre communaute qui ne ressemble peut etre pas a d'autres communautes: soirees chants, cours, offices de jeunes, concours, mouvements de jeunesse, soirties recreatives, chabbats pleins etc...
Tout ceci en respectant le temps que le rabbin met a la disposition de la communaute au vu de son salaire.
Generalement, le rabbin est present pendant les offices et dispense 2-3 cours pendant la semaine mais rien n'est a sanctifier.
Concernant Madame la Rabbine, si elle n'est pas salariee de la communaute elle ne lui doit rien. Si par bonte elle desire donner des cours aux dames, diriger les futures mariees alors c'est une action de benevolat respectable. A cote de cela, tout fidele vous dira l'impact que la Rabbine a sur la communaute par ses mots gentils, ses invitations, l'exemple qu'elle represente et peut etre meme ses bons gateaux.

Au sein de la communaute il est aise de trouver des problemes et de les transformer en quelque chose d'inssuportable et de malsain, c'est pour cela qu'il faut se rappeler que tout le monde a un seul et meme but, de conserver et perpetuer notre tradition.
Rien ne vaut la peine pour cela de se disputer et d'en arriver a des situations extremes qui mettent mal a l'aise le rabbin, les fideles et les membres du comite.
Concernant les donateurs: l'argent est important mais le bien de la communaute l'est encore plus, et il faut laisser travailler le rabbin selon sa strategie - qu'il doit exposer - et lui donner toutes les chances de reussir.

cacherout
Jeudi 8 juin 2006 - 23:00

Je ne suis pas sur de comprendre la phrase suivante issue de la réponse 31683 : "c'est un fonctionnaire qui n'a pas a se sentir manipule ou mal recupere" . Cette phrase me suggère Plusieurs interrogations :
1/ En France, les rabbins ne sont pas fonctionnaires (hormis l'Alsace Lorraine)
2/ Quand bien même le serait-il, a-t-on éthiquement (je parle d'éthique jiuve bien entendu) parlant le droit de le dénommer ainsi, sachant que le rabbin est évidemment un homme comme un autre, mais qu'il s'agit d'une "profession" (ce mot me dérange également), plutôt d'une vocation tout à fait particulière.
3/ Même si l'on accepte que le rabinat n'est qu'un travail comme un autre, est-il concevable que celui-ci fasse le "minimum syndical", tandis que dans le même temps, les salariés "classiques" donnent le meilleur d'eux-même.
4/ En acceptant le travail minimum du rabbin, ne nous mettons pas ainsi en faute vis-à-vis des gens irreligieux qui pensent que les gens religieux en font le minimum comparés à ceux qui sont dans le domaine profane.

Je précise que toutes ces questions sont sincères et j'aimerais vraiment savoir si je fais totalement fausse route. Votre réponse m'importe rééllement, et je la considèrerai sans a priori.
Merci de votre réponse (prenez votre temps, cela peut attendre )

Dr Michael Ben Admon
Dimanche 11 juin 2006 - 08:37

Shalom,

Les rabbins percoivent un salaire du consistoire ou de leur communaute et en cela ils sont salaries, ou fonctionnaires pour l'Alsace (et la Belgique par exemple); en tout cas, ce ne sont pas des benevoles et il faut respecter comme dans tout corps de metier le rapport d'echange proportionnelle entre travail effectue et remuneration.
La tentation de voir dans le rabbinat uniquement une vocation cree des tensions inutiles: au sein de la famille du rabbin qui se sent delaissee sur le compte des autres. Ce ressentiment n'est pas necessaire mais apparait tres souvent au sein des familles rabbiniques, et tout se resume a un probleme de temps. Des tensions egalement au sein de la communaute qui considere avec raison que la vie spirituelle de la communaute ne depend pas de contingences temporelles et que le rabbin se doit d'etre present a toutes ces circonstances.
Afin de sortir de cette logique, deux possibilites: ou alors le rabbin reste, au niveau economique, independant de la communaute et intervient lorsqu'il le peut, le veut. Ou alors, le poste de rabbin doit etre un temps plein qui permette au rabbin une securite economique suffisante pour se consacrer entierement a sa communaute et ne pas avoir a chercher d'autres petits jobs d'enseignant ou autre pour arrondir les fins de mois.
Les contrats de mi-temps sans definition exacte de la tache et responsabilite sont la meilleure recette a conflits.
Ceci dit, meme dans le cadre d'un temps plein, le rabbin doit garder et fixer des horaires et la communaute doit savoir que le rabbin n'est pas disponible 24/24.
Ces considerations ne contredisent pas le fait que le rabbinat n'est pas un travail comme un autre et qu'il exige un don de soi qui certaines fois s'exprime en supplement d'heures.
A mon sens, ces conseils (gerance correcte du temps et des taches, planification etc..) qui tirent leurs sources dans la sociologie des organisations), ne feront qu'augmenter l'effectivite du travail rabbinique et contribueront egalement a une bonne consideration et evaluation du poste rabbinique.