Conversation 39531 - Deuil sur un fils qui quitte la voie de la Tora

Yehuda11
Lundi 26 novembre 2007 - 23:00

Shalom,

Je voudrais savoir s'il est autorisé par la halakha de prendre le deuil quand son fils se marie avec une non juive ou quitte le monde de la Thora.
J'ai entendu de nombreuses fois des recits où le père faisait la shiva en apprennant que son fils s'etait marié avec une non juive.

Son fils etant mort à ses yeux, et il refusait de le revoir pour toute sa vie.

Est ce qu'un tel comportement n'est pas absurde en plus d'etre excessif ?
Son fils peut revenir sur ses erreurs, alors qu'un mort ne va pas rescussiter.
Et même s'il ne revient pas sur ses erreurs, son fils reste son fils.

N'est ce pas interdit selon la religion de prendre le deuil alors qu'il n'y a pas de mort ?
N'est ce pas reciter le kaddish pour une mauvaise raison si l'on prend le deuil dans ce cas là ?

N'est pas manquer de considération envers un vivant de le déclarer comme mort ?

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 2 décembre 2007 - 07:28

Chalom

Je n'ai vu nulle part que c'était interdit, la question qui se pose étant de savoir si c'était une obligation.
Le fils de Rabbénou Gershom Méor Hagola (Allemagne, 10ème siècle) s'est converti au catholicisme (peut-être, probablement, pas de son plein gré, mais plutôt que de se donner la mort), et la tradition raconte que son père a tenu, non pas sept jours de deuil, mais quatorze jours.
Le problème concernant cette tradition est que les détails ne sont pas clairs
(Hokhmat Adam, 156, 6), et que cela a des conséquences considérables sur la conduite à suivre.
A-t-il tenu le deuil quand son fils s'est converti? Et dans ce cas là, il l'aurait fait quatorze jours, pour marquer que cela est à ses yeux plus grave que la mort.
Ou bien l'a-t-il fait quand son fils est décédé, sept jours de deuil pour le corps de son fils et sept pour son âme?
Il semblerait que le Maharam de Rothenburg (Allemagne, 13ème siècle) pense que la seconde option est la bonne, mais il écrit que l'opinion de Rabbénou Gershom n'a pas été retenue par la Halakha (responsa 4, 544).
Rabbi Yehouda Hahassid pense qu'il suffit de pleurer; il ne note pas qu'il faille prendre le deuil (Sefer Hassidim, éd. Margalioth, 190).
C'est à la base de ce qu'écrit Rabbi Yehouda Hahassid que le Rav Simha Bonem Sofer, le petit fils du Hatam Sofer écrit qu'il ne faut pas prendre le deuil (Chevet Sofer, Y.D., 108), parce qu'il ne faut pas perdre espoir que les âmes perdues reviennent au bercail, mais qu'il suffit de pleurer et de s'attrister.
Ces hésitations montrent l'importance que nous accordons, non seulement à la vie, mais non moins aux contenus dont nous la remplissons