Conversation 40228 - morale naturelle ou culturelle ?

abraham5
Samedi 12 janvier 2008 - 23:00

Bonjour à tous les Rabbanim.
Voici mes 2 questions :
1-Sur le bien et le mal. Si un enfant ne recevait aucune éducation, Aurait il une notion sur le bien et le mal ?
en d'autres termes ,quel est selon vous la part de l'inné et de l'acqui ?
2-L'homme est le seul a avoir le libre arbitre et il a été crée "à l'image de D."Peut on penser que D. Barouh Achem "agi" avec un libre arbitre ?
Merci pour vos réponses et bonne continuation.

Dr Michael Ben Admon
Mardi 15 janvier 2008 - 04:26

Shalom,

La conception qui considere que l'homme est naturellement, de naissance, doue d'une conscience lui permettant de discerner le bien du mal apparait chez...J,J, Rousseau. L'homme, etant cree a l'image de D.ieu serait capable, sans education aucune, de tout temps et en tout endroit de pointer le bien et le mal. L'argument de Rousseau est le suivant: Je sais instinctivement, par le biais de mes perceptions sensorielles, ce qui est bien et mal pour moi, sans que personne ne me l'apprenne. Et ce qui l'est pour moi doit l'etre egalement pour les autres.
Une telle approche apparait dans le Judaisme dans certains textes du Malbim, mais est tres developpee dans les ecrits du Rav Kook qui voit en la conscience, la morale naturelle, la base sur laquelle doit s'edifier la religion et la crainte de D.ieu.
Le Rav Dessler dans son Mikhtav meliyahou en parle egalement.
Cette conception est absolument refusee et rejette par les maitres de l'ecole du Moussar (pietisme) et de la Hassidout, mais egalement par le fameux Hazon Ish. Ceux-ci considerent la conscience comme creation de la culture environnante et comme servante des instincts naturels de l'homme. Il ne faut en aucun cas s'en remettre a son jugement.
L'ecole la plus repandue est celle de Rav Saadia Gaon qui voit la discernation du bien et du mal comme consequence d'une reflexion intellectuelle, au terme de laquelle vient se greffer la Torah.

abraham5
Lundi 14 janvier 2008 - 23:00

Merci pour la réponse à la question no1.
Pouvez vous répondre à la no 2 ? 40228

Dr Michael Ben Admon
Mercredi 16 janvier 2008 - 14:03

Shalom,

Il existe une tradition qui voit dans l'image de D.ieu en l'homme la capacite a choisir ('hakoa'h habe'hiri').
Elle apparait chez le Sforno qui suppose tout de meme que le libre arbitre est absolu pour D.ieu contrairement a l'homme. Rabbi Meir Sim'ha Hacohen de Dwinsk dans son commentaire sur Bereshit 1, 26) developpe cette idee.
Un penseur contemporain tres interessant suit ce courant en insistant sur la liberte comme qualite qui n'appartient qu'a l'homme dans l'ordre de la creation et qui le differencie du regne animal. Cette capacite a agir d'une facon non-instinctive et spontanee est selon lui a assimiler a l'image de D.ieu en l'homme.
Il s'agit du Rav Prof. David Hartman de Jerusalem dans son livre 'du Sinai a Sion', Jerusalem 1992, pp. 37.