Conversation 46584 - Puis-je prier pour une fille ?

zaktor
Mardi 31 mars 2009 - 23:00

Bonjour,

Lorsqu'une femme est enceinte, dans les 40 Premiers jours on demande que la grossesse se passe bien et qu'elle ait un garçon. Mais elle préfère une fille peut-elle se dispenser de cette Téfila ou la modifier

merci d'avance

Emmanuel Bloch
Jeudi 2 avril 2009 - 06:23

Chalom,

J'ai repondu a une question tres similaire il y a quelques semaines.

La question preliminaire, a laquelle il faut repondre, est celle du conflit apparent entre la Guemara, qui affirme que le sexe de l'enfant n'est pas determine pendant les 40 premiers jours, et nos connaissances medicales actuelles, selon lesquelles le moment de la fecondation de l'ovule par le spermatozoide determine instantanement si le bebe sera garcon ou fille.

Il n'y a pas de reponse definitive a cette dispute. Certains considerent que nos Sages peuvent se tromper a propos d'un probleme scientifique, qui ne ressort pas de leur specialite (la Torah). Si vous suivez cet avis, votre question est sans objet. En effet, votre foetus est deja male ou femelle et ne pourra plus changer. Toute priere sur un fait deja avere est une "tefilat chav", une priere en vain.

Selon d'autres, l'avis des Sages de la Torah reste effectif. Vous pouvez des lors prier sur le sexe de l'enfant. S'il est exact que la Guemara preconise de prier pour avoir un garcon, je pense que cela reflete les conceptions de l'epoque et que vous pouvez prier pour une fille si tel est votre desir.

Personnellement, je ne vous cache pas que je penche vers la premiere option.

Dans tous les cas, bien entendu, vous pouvez exprimer votre priere que la grossesse se deroule aussi bien que possible, priere a laquelle je m'associe de tout coeur.

Bechaa tova ! Et, garcon ou fille, l'important n'est pas la. Que vous ayez beaucoup de bonheur !

cacal
Jeudi 2 avril 2009 - 23:00

Bonjour rav Bloch,
en lisant la 46584,je me suis interrogé .Quand vous dites que certains considèrent que nos Sages peuvent se tromper,de quel avis s'agit-il? et d'autre part,comment imaginer une telle opinion puisqu'on dit que nos Sages ,même à leur époque ,avaient la capacité de penser dans les conditions de notre époque...(ou quelquechose dans ce style)...
Ou, je propose de dire que nos Sages voulaient dire que si le sexe de l'enfant n'est pas déterminé dans les 40 premiers jours, il l'est tout de même d'une manière tendancielle mais on ne pourra plus prier après ces 40 jours car le sexe aura acquis une qualité définitive? qu'en pensez-vous Rav?

Emmanuel Bloch
Lundi 6 avril 2009 - 00:47

Chalom Cacal,

L'avis selon lequel les Sages du Talmud peuvent se tromper lorsqu'ils parlent de sujets qui ne relevent pas de la Torah (astronomie, medecine, ...) est tres ancien. Vous le retrouverez chez les Richonim (par exemple chez le Rambam, chez son fils R. Abraham ben Ha-Rambam), chez les Geonim (Rav Saadia Gaon), chez Rav Chimchon Raphael Hirsch pour les temps modernes, etc.

La guemara raconte qu'a l'epoque talmudique deja, les Sages de la Torah ont discute avec les Sages des nations a propos de la trajectoire du soleil dans le ciel, et que la discussion fut remportee par les Sages des nations qui avaient de meilleurs arguments (Pessakhim 94b).

Bien entendu, cet avis n'est pas accepte par tous. De nombreux commentateurs estiment que les Tanaim et Amoraim beneficiaient d'une aide divine qui les empechaient de se tromper. Ce deuxieme avis me semble meme etre la majorite.

Les deux options restent legitimes, et ont ete representees chacune, dans l'histoire de la pensee juive, par des geants de notre peuple. Loin de moi l'idee, donc, de vouloir trancher ce debat, mais je voulais signaler dans ma precedente reponse que l'option reste ouverte, lorsqu'un passage de la guemara contredit nos connaissances scientifiques actuelles, de considerer que la guemara ne connaissait que la science de son epoque. Ce n'est pas manquer de respect aux Sages que de ne pas leur attribuer de pouvoirs supra-humains.

Quant a votre suggestion, je ne suis pas sur de la comprendre. Que signifie "etre determine de maniere tendancielle" ? Je vois mal comment cela est mentionne dans le texte du Talmud, et ce n'est certainement pas l'avis des medecins. Des lors, que gagnez-vous a defendre cette idee ?