Conversation 46866 - Impurete des animaux

manujones
Jeudi 23 avril 2009 - 23:00

Malgré mes recherches, je n'arrive pas à avoir de certitudes concernant l'impureté des animaux (en tant que Cohen notamment). Les animaux morts sont-ils impurs comme les cadavres humains? J'ai lu ("Livre du Cohen" par le rabbin Chouchena) que c'était le cas lorsque les animaux n'étaient pas tués de façon rituelle. Mais cela englobe-t-il aussi les animaux qui ne peuvent pas être consommés (fourmis, moustiques...)
Une dernière question qui est liée et un peu plus "profonde": pourquoi la mort est-elle impure? Si vous pouviez me donner queles pistes de réponse...
Merci beaucoup pour tout ce que vous faîtes.

Nathan Schwob
Dimanche 3 mai 2009 - 23:46

Il faut faire la différence entre les sources de l'impureté d'un côté et l'obligation de se purifier ou l'interdiction de se rendre impur d'un autre. Il faut aussi faire la différence entre l'époque du Temple et aujourd'hui.

Les sources de l'impureté sont:
Un mort, un homme ou un ustensile qui a été en contact avec un mort (Bamidbar 19,11-16).
Un mammifère mort sauf ceux qui sont consommables (cachère) et qui ont été abattus rituellement (cheh'ita) (Vayikra 11, 8 (avec Rachi) et 24-28 et 39).
Les huit reptiles lorsqu'ils sont morts (Vayikra 11,29-32).
La vache rousse, après abatage (Bamidbar 19).

Le lépreux (Vayikra 13,45-46), l'homme ou la femme ayant eut un écoulement du type Zav ou Zava (Vayikra 15,1-15 et 25-30) , la femme nida (régles) (Vayikra 15,19-24) , le sperme (Vayikra 15,16-18) , l'accouchée (Vayikra 12) .

La maison lépreuse, pour celui qui s'y attarde (Vayikra 14,46). Un oiseau consommable, mort sans cheh'ita, pour celui qui l'avale (Vayikra 17,15 et Rachi).

Vous constaterez qu'il n'y a pas d'insectes source d'impureté, ni de poissons, ni de minéraux à part la maison lépreuse.

Il n'y a pas d'interdiction de se rendre impur pour celui qui n'est pas Cohen mais il y a une interdiction d'entrer sur l'esplanade du Temple en étant impur (qui a valeur de nos jours aussi) et une obligation de se purifier pour les pèlerinages des trois fêtes (à l'époque du temple).
Pour le Cohen il y a une interdiction même de nos jours, de se rendre impur au contact d'un mort (en le touchant, en le portant ou en entrant dans la maison dans laquelle il se trouve), sauf pour les proches parents, mais il n'y a pas d'interdiction de se rendre impur au contact des autres sources citées plus haut (Vayikra 21,1-3) (Kitsour Choulh'ane Aroukh 202).
(Voir Maimonide Avoda: Lois sur l'entée dans le Temple Chap.3, Maimonide Tahara: tête des chapitres, Tahara: Lois sur l'impureté des aliments Chap.16 Parag.9-10)

Vous avez bien remarqué que toutes les impuretés sont liées à la mort plus ou moins directement. Le lépreux est considéré comme mort (vivant) et même l'accouchée qui paradoxalement a donné la vie, s'est coupée de cette nouvelle vie qui s'est formée dans son corps pour finalement le quitter. Nos sages appellent curieusement l'ouverture de l'utérus: l'ouverture de la tombe.
Les lois de pureté font parti de H'oukim, ces lois dont nous ne comprenons pas le sens profond. Cependant l'explication classique est la suivante:
La mort dans ses différents degrés d'apparition rappelle à l'homme sa véritable condition, celle d'être poussière qui reviendra à la poussière (Berèchit 3-19). Cette pensée est fondamentale dans la prise de conscience des obligations religieuse et morales vis-à-vis de D-ieu qui demandera un jour des comptes (Pirkey Avot Chap.3,1). Mais cette pensée est aussi dépressive. Or c'est le contraire qui doit se produire: la pensée de la mort doit au contraire donner plus de force à la vie. La conscience de vivre doit réveiller un enthousiasme positif de joie, de création, d'évolution, de conquête de sommets spirituels toujours plus élevés.
Lorsqu'on entre en contact avec la mort il y a donc une première réaction négative, symbolisée par l'impureté. En seconde étape il faut retourner plus vaillamment à la vie, c'est l'étape de la purification.
Voir aussi Kol Hathora du Rav Munk sur Lévitique (Chemini) 11,39, qui voit dans la mort l'archétype de la domination des forces de la nature, alors que la purification met en valeur les forces spirituelles et la liberté morale de l'homme.