Conversation 48423 - Juif à 50%

judo
Samedi 15 août 2009 - 23:00

Chalom à tous les rabanim.

Voilà, je ne manque pas de culot mais j'aimerais vous faire une suggestion. Cela concerne les enfants issus de couples mixtes: père juif mère non-juive. Sachant qu'ils sont de plus en plus nombreux et que le rabbinat orthodoxe rejette ces enfants , sachant que ces enfants souffrent de ce rejet, voici ce que je propose: pourquoi ne pas donner un statut à ces enfants? Certes ils ne sont pas juifs mais de la à dire que puisqu'ils ne sont pas juifs ils sont "100% non juifs", il y a une marge. En effet, l'imense majorité des enfants de ces couples ne peuvent pas se sentir 100% non juifs ( et de fait ils ont raison : génétiquement, culturellement, sentimentalement ils sont reliés au judaisme). Je ne propose donc pas de les déclarer juifs puisque ce serait aller contre la halakha mais au moins de leur donner un statut. une sorte de "label" d'amour qui dirait "ok vous n'êtes pas juifs, mais vous faites partie de la famille, même éloignée". Je suis sûr que chez ces enfants cela pourrait faire naître des vocations de conversion et opérer un tikkoun. Mais même sans future conversion je trouve que cela vaudrait le coup et briserait l'image (fût elle exagérée) d'un judaisme fermé et austère envers tout ce qui n'est pas juif.
Qu'en pensez-vous? j'attends avec impatiences vos réponses...

Dr Michael Ben Admon
Lundi 17 août 2009 - 08:29

Chalom,

Tout d'abord, ces enfants ont un statut dans la halakha: ils sont 'zera Israel', descendant d'Israel. Le moteur de recherche vous aidera pour trouver des information la-dessus.

Votre suggestion est interessante et elle reflete en effet un malaise identitaire ressenti par beaucoup de jeunes.
Aux yeux de la halakha, ils ne sont pas juifs, c'est-a-dire pas identifies comme juifs; cependant, ils ont une certaine identite juive, et ils veulent la conserver, d'une facon ou d'une autre. Certains par le biais d'une culture juive, d'autres d'actions sociales ou sionistes, d'autres encore par le rapport a d'autres personnes 'dans leur cas' (mouvements de jeunesse etc...).
Certains arriveront sans doute a une conversion et donc a une legalisation de leur statut, accompagnee d'une conscience nationale et religieuse plus aigue. D'autres non. La question n'est donc pas: comment les faire venir a la conversion, mais plutot sommes-nous responsables d'eux ?

Le rabbinat orthodoxe ne rencontre pas ces personnes en dehors du departement de conversions; il n'y a donc pas de rejet mais de non-reconnaissance en termes de halakha. Je ne suis pas sur qu'une demarche, quelque quelle soit, envers eux, doive venir du rabbinat.

je pense, et cela ne reflete que mon avis personnel, qu'il faut developper en France des cadres communautaires et scolaires alternatifs pour ces personnes et d'autres qui voudraient s'y joindre. En bref, on est en presence d'une demande d'identite juive, il faut donc varier et diversifier l'offre.
Ainsi, ceux qui desirent plus de culture juive pourront la trouver sans pour autant devoir definir leur rapport a la Judaite en termes de halakha. La conversion pourra representer pour certains une issue coherente a leur statut ambivalent, d'autres se suffiront de cette nouvelle offre identitaire et seront ainsi des activistes en faveur de la communaute juive dans sa large acceptationn et d'Israel.

Il existe deja des organismes qui travaillent a developper en France de tels cadre et, pour ma part, je crois que le Judaisme orthodoxe aurait de bonnes raisons d'etre un partenaire au projet dans la limite des ses possibilites.

Pour comprendre votre question, il faut avoir rencontrer et parler avec des personnes qui vivent cette identitee fracturee, qui se sentent juifs sous beaucoup de facettes mais ne le sont pas. C'est pour repondre a cette detresse reelle qu'il faur agir.

L'action contre les mariages mixtes qui aurait pu etre menee il y a 20-30 ans - et ne l'a pas ete, nous renvoit le probleme de la seconde generation. Ne pas le considerer - sans pretendre le regler - nous renvoit aux problemes de la troisieme generation. Et qui sait s'il sera moins epineux ?