Conversation 51330 - Parler à table
Bonjour à tous,
Suite à de nombreux problèmes d'acidités gastriques et digestifs, je me suis beaucoup interrogée sur le sujet du repas et de son déroulement. J'ai lu de nombreux ouvrages, dont Gérard Haddad (Manger le livre), ou encore Nourriture et Repas dans les milieux juifs et chrétiens de l'antiquité (ed Cerf, Lectio Divina), prenant conscience qu'il existe plusieurs déroulements de repas, autant sans doute qu'il y a d'évènements de vie qui accompagnent ce repas; également repas uniques (naissance, mariages, décès.. mais aussi sans que de grands évènements se produisent, les repas quotidiens gardent un caractère unique car chaque jour que le Seigneur m'offre est différent) et les membres souvent différents qui partagent un même repas. J'ai appris, que dans la religion juive, il existe plusieurs fêtes pendant lesquelles, le père (essentiellement) exprime des paroles avant, pendant et après l'acte de manger.
PREMIERES QUESTIONS: J'aimerai connaître quelles sont ces fêtes annuelles, que commémorent elles? Quelles sont ces paroles, est-ce une anecdote de la Torah, ou des histoires particulières pour ces fêtes là..? Et si c'est seulement le père qui prononcent ces paroles, ou si parfois cela se partage avec son épouse, ou d'autres membres de la famille, comme les enfants, et si cela joue donc un rôle de transmission reconnue.
D'autre part, il m'apparait que cet acte de paroles prononcées sur l'aliment, comme symboliquement collé à lui, permet d'ingérer également cette parole. Cela m'a en effet beaucoup aidé pour soigner mes troubles digestifs, lorsque j'ai compris que je devais prendre grand soin de la fabrication de mes repas, mais également des pensées ou des discussions que j'avais avec mes invités lors d'un repas (sujets qui décentrent de soi même, ou trop intrusifs, ou médisant ou jugeant...)
SECONDES QUESTIONS: Celui qui pense, pendant un repas, à toutes ces notions, (espérant que l'humilité ne le quitte pas, et que le Seigneur est toujours prêt de lui pour le guider), celui ci est-il comme le noyau d'une famille: rassembleur? Ce penseur (intérieurement) qui échappe à la connaissance consciente de ses invités, les trompent ils puisqu'ils ne le savent pas? Enfin, l'esprit (des invités et de soi même) est t'il plus ouvert lors d'un repas? ouvert à l'autre, à assimiler l'Autre?
J'ai conscience que celui qui a cette bienveillance pendant le déroulement d'un repas, joue un rôle fondamental dans une communauté. Mais, je sais aussi, que cette tentation de croire en mon rôle fondamental ne doit en aucune manière occulter la présence du Seigneur au cour du repas...
Vous remerciant pour votre lecture, et dans l'attente de vos commentaires, je vous souhaite une excellente journée.
Le lien qui unit la parole et la consommation d’aliments est très étroit dans le judaïsme, et j’en citerai deux illustrations :
1. Nous considérons que les repas du Chabbath, et notamment celui du vendredi soir, sont des moments privilégiés pour établir un dialogue entre les membres d’une même famille. Enfin réunie après une semaine pendant laquelle ses membres se sont souvent trouvés séparés par leurs activités, elle peut enfin faire le point, et le chef de famille peut rétablir un dialogue entre les siens. Ce dialogue, entrecoupé de chants entonnés à l’unisson, contribue à entretenir l’harmonie familiale.
2. La soirée de la Pâque est placée sous le signe même de la parole. Nous avons alors le devoir de parler, et du même coup d’écouter les autres, à propos de ce moment extraordinaire de notre histoire qu’a constitué pour nos aïeux leur sortie d’Egypte. Ce signe de la parole, à laquelle nous avons tous le devoir de contribuer aux côtés du chef de famille, s’étend tout au long de la soirée, que ce soit avant, pendant ou après le repas qui l’accompagne.
Suite de la question 51330.
Merci monsieur le rabbin pour vos exemples très clairs. J'aimerais poursuivre sur la question du "Parler à table" avec les questions qui suivent.
QUESTION: Lorsque le chef de famille entrecoupe de chants les moments de dialogue pendant le repas, est-ce un chant sur des textes de la Torah, ou un chant traditionnel, plus populaire, ou en dehors du répertoire sacré des psaumes?
QUESTION: A quel moment précis du repas le chef de famille peut il intercaler ces chants? Est-ce entre les plats, ou bien au milieu d'un même plat, ou encore au moment où sa méditation intérieure lui exige (parce que discernant en lui le moment de le faire?, suite par exemple à une remarque faite par un membre de la famille et qui lui permet de discerner ce que le chant peut lui offrir...)?
Tout chant qui peut égayer la table familiale est le bienvenu. On a l’habitude, aux repas de Chabbath, de chanter des mélodies qui ont été spécialement composées pour ces circonstances.
Il n’y a pas de moment privilégié pour intercaler ces chants. Il est loisible au chef de famille, mais aussi à l’un des convives, enfant ou invité, de les entonner quand cela lui paraît opportun. Il existe à ce sujet la liberté la plus totale.
A noter toutefois la règle qui recommande de ne pas parler, ni par conséquent chanter, pendant que l’on mange du poisson, et ce afin de se préserver des arêtes.