Conversation 53296 - Libre-arbitre et responsabilité

Esther_Hirsch
Jeudi 19 août 2010 - 23:00

Shalom kvod haRabanim,

Je me suis longtemps interrogée sur la possible signification de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et j'en suis venu à la conclusion que cet arbre symbolisait probablement la loi du D.ieu d'Israël, et ce, pour la simple raison que c'est par le moyen de cet arbre que le premier couple humain serait finalement parvenu à la connaissance de ce qu'est exactement le bien et le mal (du point de vue de D.ieu, bien évidemment)... chose qu'il semblait complètement ignorer avant qu'il ne goûte du soi-disant "fruit défendu".

Question : N'est-il pas vrai que c'est par le moyen de la loi divine que l'on pourrait possiblement arriver à discerner clairement le bien du mal? :roll:

Si la réponse est affirmative, alors on est forcément obligé d'admettre que cet arbre représentait ni plus ni moins le moyen subtil par lequel le D.Ieu d'Israël (via Moïse) a vraisemblablement voulu conscientiser le premier couple humain sur l'existence même du bien et du mal en ce bas-monde.

D'ailleurs, ce D.ieu semble parfaitement corroborer cette théorie en affirmant lui-même en Gen 3,22 que l'homme était vraisemblablement devenu comme l'un d'eux, connaissant maintenant le bien et le mal, après avoir manger de l'arbre défendu en question.

Qu'en pensez-vous?

Merci d'avance pour votre réponse.

Jacques Kohn z''l
Dimanche 22 août 2010 - 02:52

Lorsque Hachem a créé l’homme « à Son image », Il l’a doté du libre-arbitre, le plaçant ainsi au-dessus du reste du règne animal.

Cependant, l’être humain, dans les premiers temps de son existence, avait une perception tellement claire du bien et du mal qu’il ne pouvait choisir que le bien, sans qu’il eût la moindre tentation d’opter pour le mal.

Les choses changèrent après la consommation du « fruit de l’arbre », en ce sens que cette perception a été alors brouillée. La liberté de l’homme lui est restée, mais elle a été désormais accompagnée de la responsabilité humaine pour les actes qu’il commet, en bien comme en mal.

Selon un dicton talmudique, הכל בידי שמיים חוץ מיראת שמיים, ce qui veut dire que tout est dans la main du Ciel, sauf la crainte du Ciel. En d’autres termes, Hachem nous laisse libres de nos choix, mais Il n’y intervient pas, se contentant, si l’on peut dire, d’en tirer les conséquences et de nous attribuer le mérite de nos bonnes actions et de punir les mauvaises.

Comme on peut le voir, le judaïsme professe une idée toute différente de celle d’un « péché originel », en honneur dans certains courants de pensée, selon laquelle tout être humain se trouve en état de péché du seul fait qu'il relève de la postérité d’Adam.

Une autre conséquence de la faute commise par Adam et Eve est énoncée dans Berèchith 3, 22. En chassant l’homme du Jardin d’Eden, Hachem l’a privé de l’immortalité qui aurait dû être la sienne, substituant à celle-ci la mort et la résurrection, acte de miséricorde divine ainsi que le suggère la formule de nos prières : מחייה מתים ברחמים רבים.

babaz
Samedi 21 août 2010 - 23:00

53296

"Lorsque Hachem a créé l’homme « à Son image », Il l’a doté du libre-arbitre, le plaçant ainsi au-dessus du reste du règne animal."

Est-ce à dire que Hachem est lui-même doué d'un libre-arbitre, tel que nous, humains, l'entendons ?

Il m'avait semblé comprendre que pour le Rambam, la Création était une "nécessité".

Je vous remercie

Jacques Kohn z''l
Lundi 23 août 2010 - 01:58

Le libre-arbitre dont s’est doté Hachem est sans commune mesure avec celui des humains.

Notre libre-arbitre réside dans un choix, comme indiqué dans Devarim 30, 19, entre « la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction », et plus largement entre le bien et le mal.

Quant à celui de Hachem, il se situe sur un tout autre plan : celui de la grâce, comme indiqué sans Chemoth 33, 19 : « J’accorderai Ma grâce à qui J’accorderai Ma grâce, Je ferai miséricorde à qui Je ferai miséricorde. »