Conversation 56424 - Le pantalon pour une fille

mazoug
Mercredi 30 mars 2011 - 23:00

Bonjour,
Voilà je me pose beaucoup de questions concernant le pantalon ces derniers temps.
Je suis issue d'une famille plutôt religieuse mais "ouverte" au monde, je suis allée à l’école juive, ai fait des études, ai toujours été mêlée au monde extérieur, aujourd’hui travaille avec des non-juifs, ne suis pas chomeret neguia par exemple, mais j’ai toujours porté des jupes.
Mon problème est qu'aujourd'hui j'ai la sensation que mon intérieur et mon apparence ne sont pas en accord... Je me sens une femme libre et j'ai de plus en plus de mal à ne porter que des jupes surtout de manière imposée…
Ceci sans parler du fait que les femmes qui en portent plaisent beaucoup plus (résultat d'observations simples) il me semble…
Aujourd'hui encore célibataire, je me demande si justement je ne me mens pas à moi-même et si je "vise" le bon milieu sachant que je suis assez cool sur ces sujets.
Je respecte chabbat cacherout fetes etc et je vois aussi ceci chez des amies qui portent des pantalons.
Non pas que l'un et l'autre soient exclusifs à mon sens, mais j'ai tendance à penser que les hommes me voient plus comme une fille trop religieuse, je suis "entre deux".
Ne vaut-il mieux pas que je coordonne mon apparence à ce que je pense ou bien dois-je laisser de coté ma volonté au profit de ce que demande la thora alors même que ce n'est pas un sujet fondamental ?
Plus précisément, comprenez que je vis un réel malaise en ce moment à ce sujet. La plupart de mes amies en portent, ce sont des filles tres bien, et je sens que les regards se portent sur elles plutôt que sur moi. Elles me semblent plus sereines sur ces sujets.
Dans le milieu non-juif la jupe est un vêtement comme un autre, mais dans le milieu juif la jupe signifie, je suis religieuse…
Merci de votre réponse.

Dr Michael Ben Admon
Jeudi 14 avril 2011 - 15:33

Chalom,

En lisant votre question, je me demande au fond ce que vous voulez entendre: une parole permettant le pantalon ou alors une autre vous l'interdisant ?

Vous etes bien consciente, j'en suis persuade, que la vie juive dans toute son intensite ne se joue pas a la sorte de vetement que vous portez.
J'ai comme l'impression que votre question, presentee comme question 'religieuse', soit en fait une question d'ordre social et d'adaptation a un groupe que vous frequentez.
Dans certains milieux religieux en France, on est tres preoccupe par l'exterieur, le vetement, on met l'accent sur l'avoir l'air religieux'. On transforme ca en une obsession.
Tout ce que je peux vous dire, ce n'est pas quoi porter - je m'en contrefiche - mais comment trouver le moyen pour renforcer votre vie juive de telle facon a ce qu'elle soit assez significative pour vous, quoi que vous portiez. C'est sur cela qu'il faut mettre l'accent et c'est un peu plus difficile que de choisir tel ou tel vetement.

Afin de gerer la tension que vous decrivez entre exteriorite et interiorite et entre le monde juif et le monde moderne - tension que vous decrivez admirablement et avec sincerite - vous n'etes pas oblige d'opter pour l'un ou pour l'autre. La tension n'est pas mauvaise en soi: au contraire, elle permet de poser le probleme, d'en etre conscient et de le reflechir. C'est cette tension qui fait qu'on peut etre juif ici et la-bas, hier et aujourd'hui. Vivre avec ces questionnements, c'est comprendre profondemment ce que veut dire etre juif. Choisir, c'est faire taire la curiosite et la voix du perfectionnement.

T@PµZ
Jeudi 14 avril 2011 - 23:00

Chalom.
Par rapport à la question 56424.
J'avoue ne pas bien comprendre. Au début, vous marquez que vous avez remarqué que les femmes portant une jupes sont plus regardées (résultat de vos observations simples).
Puis, plus bas, vous marquez que vous vous rendez bien compte que vos amies portant un pantalon ont plus de regards portés sur elles que sur vous.
Conclusion? Est-ce bien le pantalon ou la jupe qui attire donc le regard? Ou bien celle qui est dedans?
Cela soulève alors une autre question. Qui donc porte le regard sur elles, et dans quelles intentions? Passé l'instant de flatterie qu'on doit surement ressentir à cet instant, que cela apporte-t-il? Cela leur a-t-elle permis de se marier pour autant (car je suppose qu'elles sont célibataires, pour que des hommes biens posent leur regards dessus... bien que cette expression me rappelle étrangement une rencontre entre Essav et Ya'acov Avinou...)

Encore une autre question du coup... Que veut (doit) montrer une femme pour attirer un homme? Une apparence? une extériorité? Peut-elle ainsi espérer récupérer le futur père de ses enfants, un homme droit et sincère qui ne portera jamais ses yeux que sur elle? Doit-elle faire étal d'une quelconque marchandise, comme une denrée exposée sur un marché?

Comprenez-moi bien. Je ne suis ni juge, ni quelqu'un en droit de donner des leçons. Je me suis contenté de réagir et détailler ce que vous même avez bien défini. La notion de frontière fine comme un cheveu, d'équilibre précaire entre un choix et un autre où des arguments qui semblent pertinents s'affrontent, bref, la notion de libre arbitre.
Il n'est demandé à personne d'être ou Ya'acov, ou Essav, ou Baba Salé, ou Hitler, etc... Nous sommes tous, généralement très loin de ces extrèmes. Mais nous avons pour autant un devoir de progression et de décisions à prendre Mais chacun à son niveau. En général, on s'en rend compte quand deux voix parlent en nous sur un sujet, et disent en quelques ligne le contraire.
Ce sont souvent sur de petits détails, mais des détails qui sont à notre portée, ou à notre niveau. Sans trop m'avancer, je ne pense pas qu'à 120 ans, nous serons jugés pour ne pas avoir été un(e) grand(e) de la génération, ni récompensé pour ne pas avoir exterminé la moitié de la planète. Car ces choix étaient hors de notre atteinte.
Par conte, nous serons surement jugés en fonctions de ces petits détails à notre portée, où nous avions oui la possibilité réelle de choisir l'un ou l'autre. Et si ça coûte un peu, c'est bon signe.
Et comme le salaire d'une mitsva est une mitsva... Et qu'il y a une belle mistva à construire un foyer...
Imaginez un instant que vous avez le choix entre devenir deux personnes. Aujourd'hui un simple petit détail qui somme toute est insignifiant, bien que paradoxalement il semble coûter tant (il doit y avoir une raison dans cette disproportion, non?), et qui peut faire que vous allez devenir, beezrat Hachem, une mère, un example dont vos enfant seront fiers, et à qui ils voudront ressembler. Pensez aussi à eux, et aux réponses que vous apporterez à ces mêmes questions qu'ils vous poseront, et je pense qu'en toute sincérité, vous vous rendrez compte que vous avez déjà apporté toute votre pensée et votre argumentation dans les premières lignes.
Vous avez parlé de vos ancêtre, de la transmission, de la tsni'out et de la chmirat hanegia'. Vous avez ensuite basé la problématique autour de votre volonté de créer un foyer (avec des valeurs, puisque vous rapportez à nouveau votre pratique de la religion)
Puis, vous avez rapporté un contrepoids qui semble se heurter à votre volonté de vérité et de sincérité.
Je vous laisse donc écrire la conclusion, sachant que vous saurez le faire mieux que moi, à n'en pas douter.
Pessa'h Cacher véSamea'h!
T.

Dr Michael Ben Admon
Mercredi 27 avril 2011 - 09:01

je publie votre reaction en votre nom.