Conversation 61934 - Pourquoi la faute du Veau d'Or?

Ariellawy
Mardi 6 mars 2012 - 23:00

Shalom Kavod haRav,
Ma question a trait à Am Israël et au péché du veau d'Or.
En effet, comment se peut il que trois courts jours après avoir reçu les 10 commandements et donc témoigné de la souveraineté et de la puissance de HaShem, a-t-on pu pêcher de telle manière?

C'est impensable qu'aujourd'hui on puisse nous convaincre de faire de l'idolâtrie alors comment explique-t-on que même après avoir témoigné de la puissance d'Hashem notre peuple à si rapidement péché?

Merci et Pourim sameah

--
Question envoyée via l'application iPhone

Nathan Schwob
Lundi 19 mars 2012 - 00:30

En relisant le texte vous remarquerez que 40 jours ont passé entre les dix commandements et la faute du veau d'or. Ceci pour la précision mais cela ne change rien à la pertinence de la question.
Vous remarquerez aussi que 3000 personnes ont fautés, et non pas tout Am Israël. Ce détail a son importance pour la compréhension de la faute. Entrez "veau d'or" dans le moteur et vous trouverez quelques merveilles.

Ceci dit, voici deux réponses possibles, vous trouverez de bon résumés dans le livre de Néh'ama Leybovitz ou dans La voix de la Thora du Rav Munk.

1) Pour Rabbi Yehouda Halévi (dans le Kouzari), la faute a été d'avoir utilisé un moyen de représentation de D-ieu qui n'avait pas été autorisé.
Explication: on dit souvent, en parlant de D-ieu, qu'Il est au ciel, ou bien on s'imagine qu'Il est au ciel, mais c'est tout à fait faut. Pourquoi cette erreur en parlant ou en s'imaginant? Parce que le besoin de matérialisation est intrinsèque à notre état d'hommes limités. Il y a donc obligatoirement quelque part une matérialisation qui doit se soumettre aux exigences de D-ieu, exprimées dans les Mitsvot. La faute du veau d'or ne doit pas être considérée comme une idolâtrie, mais comme l'erreur de sortir du cadre de la représentation autorisée.

2) La faute du veau d'or doit être comprise au niveau de la collectivité d'Israël comme le pendant de la faute d'Adam au niveau de l'Homme. Le parallélisme est étonnant: les deux se trouvaient au "paradis", le jardin d'Éden ou le Mont Sinaï. Les deux vivaient et ressentaient clairement la proximité de la Providence, ce qui consiste en fait en l'état l'idéal de l'Humanité. Mais les deux ont ressentit que face à l'éclat de la Providence, ils étaient dans l'impossibilité d'exprimer leur liberté d'homme (ce que nous disent nos sages dans l'expression bien connu que D-ieu avait coincé le peuple d'Israël sous la montagne comme sous une bassine).
Et là, les deux ont compris que l'essence de l'homme réside dans sa qualité d'avoir été créé "BeTsélém Élokim" -ressemblant à D-ieu- et en particulier, dans le fait de posséder la capacité du libre choix. Les deux ont alors choisis de se déconnecter de la présence divine écrasante pour pouvoir accéder au cheminement qui amène l'homme à redécouvrir la Providence, mais cette fois-ci, librement, et par ses propres efforts.
La faute du veau d'or est un peu comme une crise d'adolescence, par laquelle, le peuple d'Israël a redécouvert de lui même son rôle historique, d'être "Merkava LaChekhina", les porteurs de la Présence divine dans le monde au fil des lieus et des temps.