Conversation 63610 - Les malheurs, à cause des laïcs!

haviv-ba
Lundi 28 mai 2012 - 23:00

Chalom,

Ma question: Ètes-vous d'accord avec cette pensée tellement répandue dans les synagogue francaise que tous les malheur qui arrive dans le monde (crise économique, les guerres, révolutions, attentats etc) sont dût à la non pratique des juifs non religieux?

Nathaniel Zerbib
Mardi 25 décembre 2012 - 03:10

Et moi qui croyais que c’était a cause des femmes et jeunes filles qui n’étaient pas descentes. A moins que ce ne soit a cause des juifs qui transgressent le Chabbat...
Il faut cesser d'avoir ce genre de pensée et d’opérer ce genre de calcul lorsque l'on vient analyser comment D. dirige son Monde; pour reprendre une expression très utilisée en hébreu (en traduction libre) : "personne ne peut se faire le secrétaire du bon D.".
Lorsqu'on me pose ce genre de question, je réponds toujours que D. est au moins bien plus intelligent que le plus intelligent des Hommes, donc réduire Sa pensée a celle d'un épicier qui ferait les comptes en fin de la journée et qui les réglerait avec ceux qui ne l'auraient pas payé du tout ou pas assez ne saurait être acceptable.

Le Ram'hal (Ribbi Moche'Haim Luzato) explique dans son livre Da'at Tevounot que D. dirige le Monde de deux façons prédominantes : la Hanagat Hamichpat et la Hanagat Hayi'houd. la première est celle que vous énoncez , c'est a dire qu'à chaque faute sa punition. La deuxième est bien plus profonde : c'est la conduite du Monde dans la voie qui doit l'amener au but final de la création c'est a dire la réparation de la faute originelle pour l’avènement d'un Monde intègre. L'acteur principal de ce scénario est évidemment le peuple juif à qui cette lourde mais ô combien importante tache incombe. Donc, selon cette explication, si un juif transgresse Chabat, il sera puni lourdement, un deuxième aussi et ainsi de suite; c'est ce qui constitue la Hanagat Hamichpat . Mais, si tout le peuple faute, il ne sera pas puni puisque D. a d'autres priorités bien plus importantes.

Mais je voudrais quand même m'attarder sur ce que votre question laisse supposer qui me semble révoltant. Nous sommes au bord de la conclusion du livre de Berechit dans lequel nous apprenons essentiellement qui sommes-nous, sur quels fondements repose l’identité d’Israël. La réponse est donnée a nos patriarches à plusieurs reprises, mais la première fois qu'elle apparaît, c'est là qu'elle est énoncée le plus clairement possible : c'est au début de la Paracha de Lekh-Lekha ou D. s'adresse a Avraham et lui dit qu'il lui donnera la Terre d’Israël et fera de lui un grand peuple. A aucun moment, il n'est question de mitsvot ou de quelconque autre promesse spirituelle; le sujet redondant de chaque alliance scellée entre D. et Abraham, Itshak et Yaacov est la Terre d’Israël.
Des centaines d’années plus tard, le Talmud proclame haut et fort que tout celui qui vit en Israël (même s'il n'accomplit pas les Mitsvot) est considéré comme ayant un D. et celui qui vit en Diaspora (bien qu’accomplissant les 613 mitsvot avec ferveur) est considéré comme n'ayant pas de D. Ou, qu'il faudra préférer vivre en Israël dans une ville pleine d’idolâtres plutôt que d'habiter dans un Shteitel (en traduction libre aussi) peuplé uniquement de juifs. (Traité de Ketouvot 110b).
Ribbi Avraham Azoulay (le grand-père du Rav 'Hida) dans sont livre kabbalistique "'Hessed Le'Avraham" va même jusqu’à dire que tout celui qui vit en Israël est considéré comme un juste. Presque 500 ans après,en voyant les soldats de Tsahal (sans kipa sous leur casque) qui risquent leur vie au quotidien pour assurer la securite du peuple juif sur sa terre, nous comprenons mieux la profondeur de ses paroles.

Pour résumer, on ne peut absolument mettre le doigt avec certitude sur l'origine et la cause des malheurs qui s'abattent sur le Monde et les synagogues françaises sont l'endroit le moins opportun pour le faire.

Bivrakha.