Conversation 6981 - Que de répétitions!

D'abord une remrque de méthode. Il faut absolument citer les versets comme ils sont écrits. Le verset tel que vous l'avez cité N'EXISTE PAS. Le Nom mentionné dans le verset n'est pas Hachem, mais Eloqim et ce n'est pas du tout la même chose. (Voyez le premier chapitre de l'Ame de vie de rabbi Hayim de Volozhyn (trad. prof. B. Gross, Verdier, les Dix Paroles)

Cela dit, la structure régulière de tout le premier chapitre de la Genèse est, pour chaque étape :
1. énoncé du projet - qu'il y ait ...
2. description de la réalisation - et voilà ce qui est arrivé...
3. évaluation ou appréciation du résultat, c'est-à-dire jugement - Elokim vit que c'était (suffisamment) bien
4. bilan - il fut soir il fut matin ... on peut passer à l'étape suivante.

Ce que nous découvrons là, entre autres, c'est que la description de la réalistaion ne correspond pas nécessairement à l'énoncé du projet. Si le Créateur créait en vertu de sa toute puissance, tout cela serait inutile : la réalisation devrait nécessairement être exactement identique au projet et il n'y aurait aucun sens à ce que le Créateur se décerne un diplôme d'autosatisfaction : c'est bien, prix d'excellence !
Il apparaît donc que le monde tel que Dieu le crée est présenté comme un interlocuteur (c'est pourquoi il est créé par la parole...) qui, comme tel, est appelé à l'existence suivant ses diverses modalités, et répond à cet appel de manière plus ou moins approximative. C'est un sujet capital qu'il faut étudier attentivement pour comprendre la nature du monde dans lequel nous vivons.
Cela dit, une telle étude peut difficilement se faire ici, ça prendrait des pages et des pages (sans compter que ça prendrait des heures à écrire).
En tout cas, si vous êtes suffisamment appliqué, vous verrez que précisément le problème c'est qu'il n'y a pas du tout répétition. Il n'y a pas correspondance terme à terme entre la description du projet et sa réalisation ; par exemple :
FAISONS l'homme ==> Eloqim CRÉA l'homme
selon notre projet et à sa ressemblance ==> selon son projet (manque la ressemblance...)
(les notions de Tselem (traduit ici par "projet" et dans la Bible par "image" - voir pour la critique de ce terme le premier chapitre du Guide des Egarés de Maïmonide, Ed. Verdier) et de ressemblance mériteraient à elles seules de longues analyses. Résumons en disant que l'homme sera animé d'une dynamique - Tselem - qui est ce qui lui inspire l'exigence d'un plus-être que l'être de nature, qui lui donne aspiration à une authenticité humaine plus entière et qui soit, en tout cas, le résultat de son propre effort, qui lui appartienne. Et qu'il est aussi constitué de telle sorte d'avoir la capacité d'atteindre - démouth, de se faire ressembler à - ce projet dont la Thora lui révèle le contenu.
Une analyse plus poussée ne me paraît pas envisageable ici.

Hachem (le tétragramme) est comme le "nom propre de Dieu", il le désigne en tant que Providence de l'histoire des hommes et protecteur de leur libre-arbitre..
Eloqim désigne Dieu en tant que Créateur et maître des forces de la nature, garant de la stabilité des lois naturelles et de leur déterminisme.
D'où la nécessité d'affirmer avec solennité que quelle que soit la contradiction entre ces deux aspects du divin, il n'y a pas un "dieu providentiel" et un "dieu naturel" mais que c'est le même Dieu un et unique qui est à la fois l'un et l'autre. Et d'affirmer aussi que c'est Hachem qui est Eloqim, à savoir qu'en fin de compte, c'est la Providence qui prime - Hachem, Hou haEloqim, Chema Yisrael : Hachem Eloqénou = Hachem E'had..