Conversation 72512 - Fautes des peres sur les fils
Shalom,
D.ieu bénit pendant milles générations (le peuple juif) mais maudit aussi que pendant quatre génération. (ce qui prouve sa miséricorde)
De quel façon la faute des pères se répercutent sur les fils ? est-il possible pour ces fils de racheter les fautes de leur pères ?
Que se passe-t-il si un de ces fils maudits par leurs pères veuillent rejoindre l'Alliance ?
Est-il vrai qu'il y a quelques peuples maudits qui ne peuvent pas se convertir ?
Tol Kouv
Shalom,
1) Il est en effet écrit dans la Torah (Shemot 20:4; 34:7; Bamidbar 14:18; Devarim 5:8) que D'ieu "poursuit le crime des pères sur les enfants".
En outre, il est également écrit (Devarim 24:16): "Les pères ne doivent pas être mis à mort pour les enfants, ni les enfants pour les pères: on ne sera mis à mort que pour son propre méfait".
Le Rav Avraham Korman (dans son livre "Yehoudi Mihou ouMahou") explique, selon les propos de nos Sages, que le premier verset parle de la Justice Divine que l'on ne peut ni comprendre, ni expliquer - mais influencerait "génétiquement", à l'opposé du second qui parle de la justice humaine (cf. TB Sanhédrin 27b). Par influence "génétique", il n'entend pas le terme dans son sens simple, mais plutôt que certains actes peuvent influer sur les enfants, comme par exemple la toxicomanie : une femme enceinte consommant des substances psychotropes peut engendrer une dépendance, dès sa naissance, chez son enfant. Et la question qui se pose est la suivante : pourquoi l'enfant, innocent, doit-il payer les "pots-cassés" de ses parents ? La raison, dans ce cas, est simple. Il ne s'agit nullement d'une "punition", mais d'une quelconque "conséquence" naturelle. Certains actes, expliquent le Rav Korman, peuvent "naturellement" (ce qu'il appelle "génétiquement") influencer sur les enfants, mais nous ne pouvons pas comprendre plus que cela, puisqu'il s'agit de voie Divine, mais il n'y a là aucune "punition" pour l'enfant innocent. Ainsi, notre responsabilité est surtout individuelle, comme cela est bien marqué plusieurs fois dans le Tanah' (Bible):
- Melah'im (Rois) II, chap. 14, vers. 5-6:
"Lorsque la royauté se trouva consolidée entre ses mains, il frappa ses serviteurs qui avaient assassiné le roi son père. Mais il ne fit point périr les enfants des meurtriers, suivant en cela ce qui est écrit dans le livre de la Loi de Moïse, promulguée par l'Eternel: "Les parents ne seront pas mis à mort à cause des enfants, ni les enfants à cause des parents; mais chacun subira la mort pour son seul méfait".
- Yrmiahou (Jérémie) 31:26-29
"Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur, où je féconderai la maison d'Israël et la maison de Juda par une graine d'hommes et une graine d'animaux. Tout comme je m'étais appliqué contre eux à arracher, renverser, démolir, détruire et faire des ruines, ainsi je m'appliquerai, en leur faveur, à bâtir et planter, dit l'Eternel. En ces jours, on ne dira plus: "Les pères ont mangé du verjus et les dents des enfants en sont agacées." Mais chacun périra pour ses fautes: tout homme qui mangera du verjus en aura, lui, les dents agacées".
- Yeh'ezkel (Ezekiel) 18:2-21:
"Qu'avez-vous à colporter le dicton suivant, sur la terre d'Israël: "Les pères ont mangé du verjus et les dents des enfants en sont agacées"?
Par ma vie, dit le Seigneur Dieu, vous ne devrez plus citer ce dicton en Israël!
Oui, toutes les âmes sont à moi; l'âme du père comme l'âme du fils, elles sont à moi: l'âme pécheresse seule mourra. Un homme qui se montre vertueux, qui pratique la justice et la vertu, qui ne mange pas sur les montagnes, et ne lève pas les yeux vers les idoles de la maison d'Israël, qui ne déshonore pas la femme de son prochain et ne s'approche pas d'une femme impure qui ne fraude personne, qui restitue le gage de la dette, qui ne commet pas de vol, qui donne son pain à l'affamé et qui couvre d'un vêtement celui qui est nu, qui ne prête pas à usure et n'accepte pas de surcroît, qui écarte sa main de l'iniquité et exerce une justice loyale entre les hommes, qui marche selon mes statuts et qui observe mes commandements pour agir avec loyauté, celui-là est un juste, il vivra à coup sûr, dit le Seigneur Dieu. Que (s'il engendre un fils violent, sanguinaire, et qui fasse à son frère une de ces choses, tandis que lui (son père) n'a rien fait de tout cela; [un fils] qui mange sur les montagnes et déshonore la femme de son prochain, qui exploite le pauvre et le nécessiteux, commet des vols, ne restitue pas le gage, et lève les yeux vers les idoles, fait des abominations, prête à intérêt et accepte le surcroît, il vivrait? II ne vivra pas, il a commis toutes ces infamies, il faut qu'il meure, son sang sera sur lui. Mais s'il a engendré un fils, lequel a vu tous les péchés que son père a commis; il les a vus et n'agit pas de même.
Il n'a pas mangé sur les montagnes, ni levé les yeux vers les idoles de la maison d'Israël, il n'a pas déshonoré la femme de son prochain. Il n'a exploité personne, n'a pas retenu de gage, ni commis de vol, il a donné son pain à l'affamé et couvert d'un vêtement qui était nu.
Il a retenu sa main du pauvre, il n'a pas pris d'intérêt ni de surcroît, il a observé mes préceptes et suivi mes lois, lui, il ne mourra pas pour la faute de son père, mais il vivra.
Quant à son père, qui a exercé des actes d'oppression, qui a volé son frère, et n'a pas bien agi au milieu de son peuple, voici qu'il meurt pour sa faute.
Et vous dites: Pourquoi le fils n'a-t-il pas supporté la faute du père? C'est que le fils a pratiqué la justice et la vertu, il a observé toutes mes lois et les a pratiquées: il vivra.
C'est la personne qui pèche qui mourra: le fils ne portera pas la faute du père, ni le père la faute du fils; la justice du juste est imputable au juste, la méchanceté du méchant au méchant.
Mais si le méchant revient de toutes les fautes qu'il a commises, qu'il observe toutes mes lois, qu'il pratique le droit et la vertu, il vivra et ne mourra pas.
Nos Sages apprennent de cela (TB Makot 24a) que même la justice Divine ne punit pas les enfants pour les fautes de leur parent, à l'opposé de ce que dit le verset que D'ieu "poursuit le crime des pères..." (cit. préc.). Un enseignement rabbinique (midrash cité dans Torah Shelema du Rav M.M. Kasher, Shemot, chap. 20, lettre 168) nous dit même qu'il y a là une contradiction entre les propos de Moshé affirmant que D'ieu poursuit le crime des pères sur les enfants et la Volonté Divine de ne pas punir un innocent - et D'ieu "menacerait" de changer Sa Volonté pour celle de Moshé... (tout cet enseignement est bien entendu métaphorique, puisqu'il n'y a pas de changement dans la Volonté Divine).
En outre, comme nous l'avons dit, le verset dans Devarim "Les pères ne doivent pas être mis à mort pour les enfants, ni les enfants pour les pères..." doit être compris tant comme interdit pour le tribunal rabbinique de recevoir le témoignage de proches (cf. Yebamot 24-25), que comme un interdit plus général d'accuser, de faire porter la responsabilité à une personne pour les crimes de son père et vice-versa un père pour son fils (cf. Sforno sur Devarim, id.; Rema de Pano, Assara Ma'amarot, Ma'amar H'ikour Din, II, chap. 13; Meguilat Esther sur le Livre des Commandements du Rambam, deuxième shoresh).
Et ce, à l'opposé de ce qui est écrit dans les lois de Hamorabi (al. 209), les lois assyriennes (table I, al. 21, 50-52), les lois hittites (al. 17) qui voyaient comme légitimes la punition des descendants pour les parents. Cela est également justifié en Grèce par Plutarque (Moralia, 559c-d et 561a) et avant lui le poète Stasinus (qui disait qu'il était "idiot" de tuer le père en laissant vivant le fils). Les romains qui théoriquement s'opposaient à cela (bien que Philippe III, roi de Macédoine ordonna de tuer ou emprisonner tous les enfants des macédoniens, cf. Polybius, 23,10, 8-10), surtout après Pompée et Jules César, le firent quand même pratiquement - ils punissaient les fils pour les fautes de leur père (Tacite, Histoires 14,42-44)...
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la manière de faire préconisée par le Judaïsme !
2) Comme dit, chacun est responsable de ses actes, donc ce n'est pas possible.
3) Je n'ai pas compris la question. Il n'y a pas de "malédiction" en cause...
4) La tradition veut que Sanh'eriv ait "mélangé" les Peuples, du coup, il n'y a pas de "peuple maudit".
En espérant vous avoir répondu,
Cordialement,