Conversation 72541 - Signification de "Totafot"
Bonjour, que signifie le mot « TOTAFOT » ? Existe il un verbe dérivé ? Et comment découle sa signification par rapport à nos pratiques actuelles ?
Shalom,
Le mot "totafot" ne serait pas d'origine hébraïque et signifie "insigne" ou "frontal" (comme un frontal d'oiseau, selon Ibn Janah' et Radak dans ses Shorashim, s.v. "tataf"; cf. aussi Targoum sur Shmouel II, 1:10; T.B. Shabat 57a-b et Menah'ot 34b et Ramban sur Shemot 13:16).
Le Targoum (sur Shemot, id.) qui traduit ce mot par "tefilin" explique que c'est lié à la prière, au jugement et au témoignage (selon l'explication des Tossafot sur Menah'ot 34b, s.v. le'totafot).
En grèce, on appelait cela des "phylactères", de la racine "phylassin" dont la signification est "regarder" ou "garder" (cf. Flavius Josèphe, Antiquités IV, 8,13 commentaires sur Yeh'ezkel 24:17).
Selon la tradition talmudique (cf. Menah'ot, id.), le mot "totafot" fait allusion aux quatre boîtiers dans les tefilin de la tête étant donné que le mot "tot" dans un dialecte caspien signifie "deux" et "fot" signifie "deux" aussi en africain ou phrygien.
Certains ont vu une connotation possible entre ce mot "tot" et le terme latin "totas" qui a donné le mot "total" ou qui serait encore la source du mot "two" en anglais, de "tots dos" en catalan (qui signifie "les deux").
De manière similaire "fot" ou "pot" pourrait être lié au gothique "bothe" qui a donné le mot "both" en anglais, "beide" en allemand et qui serait également lié au sanscrit "botto" ou encore "wote" en swahili (qui signifie aussi "les deux").
De manière intéressante, en égyptien antique, le mot "ftu" ou "fot" veut dire "quatre", alors que le mot "tot" peut dénoter une ressemblance, un pont, un passage, un aspect divin ou du cuire solide. Par conséquent le mot "totafot" pourrait avoir la connotation d'une amulette constituée de quatre parties, en cuire, comme le sont les tefilin.
D'aucuns (comme Abarbanel) notent qu'en égyptien "tot" ou "otat" signifie le cerveau, où les tefilin de la tête sont posés.
Le Rav Guedalia Nadel (BeTorato Shel Rabbi Guedalia, p. 40) pose la question suivante: pourquoi nos Sages nous disent que la Torah parle en africain, depuis quand la Torah ne nous est-elle pas compréhensible, en hébreu ? Et il répond de manière intéressante que les langages des tribus primitives (dans le sens où elles n'ont pas été altérées par des mouvements de sociétés notoires) est en fait une langue universelle, basée sur des sons marquant une image ou le concept de manière la plus simple possible.
Ainsi, la question est que signifie "deux" ("shnayim" en hébreu). "Leshanot" en hébreu signifie revenir sur quelque chose, la réviser encore une fois. "Tot" ou "tat" symbolisé par la lettre "tèt" en double est l'exemple même ("t") d'un son arrêté, une consonne, répété. Le son "t" est consonant de manière notoire.
En outre, le concept de "deux" signifie aussi changement ("shinouy", c'est toujours la même racine). L'unité tend vers l'infini et est difforme (ou manque de forme plus précisément). Une forme peut prendre place seulement dans la dualité. Pour former une droite par exemple on a besoin de deux points. Ou encore lorsque cette droite se défait, il y a un changement, il y a une dualité. Aujourd'hui aussi on marque cela avec des onomatopées comme "pak" ou "tac" (pour un objet qui tombe par exemple). Ainsi, le mot "fot" ou "pote" marque la dualité par le fait que le son se brise, est changé, varié. En conséquence, "t(o)t" et "f(o)t" (ils s'écrivent sans le son "o") sont deux manières d'exprimer la dualité dans une langue naturelle universelle.
(Cette réponse est basée sur une note du Rav Aryeh Kaplan dans son "Living Torah" et sur Google translate).
En espérant vous avoir éclairé.
Cordialement,