Conversation 72681 - Lettre d'une goya!!!

Colline
Dimanche 24 novembre 2013 - 23:00

Lettre d’une goye.

Avant j’étais une femme. Mais ça, c’était avant…
Aujourd’hui, je suis une goye.
Je ne le savais pas.
Jusqu’au jour ou l’un d’entre vous est entré dans ma vie, un peu par effraction, en forçant les verrous de ma solitude joyeuse.
Pour d’obscures raisons il me voulait moi, et pas une autre.
Je ne m’étais jamais posé la question de l’identité juive. Je ne m’étais jamais posé de questions tout court d’ailleurs. Je vivais mes histoires.
Depuis qu’il est là, je balance entre le bonheur et l’angoisse : Celle d’être en permanence sur un siège éjectable.
De loin en loin, je parcours les forums. Je lis toujours les même discours, j’assiste toujours, impuissante, aux mêmes douleurs :
Celles de nous, les autres femmes, les pas cacher.
Nous qui passons notre temps à nous excuser de ne pas être nées du bon coté de la barrière.
Nous qui recevons en pleine gueule les crachats méprisants de ceux qui pensent que nous sommes un fléau pire que la solution finale.
Il faut alors s’essuyer la joue et tâcher de garder la tête haute. Nous n’avons pas commis d’autre crime que celui d’être aimées d’un juif.
Personne ne brûlera en enfer pour ça.
C’est donc à mes consœurs désespérées, et qui cherchent ici un réconfort qu’elles ne trouveront pas, que s’adresse cette lettre :
Pour l’homme que vous aimez, vous avez lu des livres, téléchargé le calendrier des fêtes juives.
Vous avez appris des rudiments d’hébreux, vous mangez casher. Peut-être même que certaines d’être vous ont envisagé la conversion.
En pure perte.
Seul les libéraux vous accepteront. Or être juif aujourd’hui, ça n’est ni dans le cœur, ni dans les tripes, ni au fond de l’âme que ça se passe.
Etre juif, c’est avoir une mère juive et/ou être labellisé « consistoire de Paris. »
Consistoire qui vous refusera la conversion si celle-ci est demandée en vue d’un mariage.
Et au fond, je ne leur jette pas la pierre.
Mon reste d’honnêteté intellectuel admet que l’on doit embrasser une religion pour soi, et non pour faire plaisir à un tiers.
Quoiqu’il en soit : vous êtes prête à perdre votre identité pour coller au plus prés de la sienne.
Sans vous poser la seule vraie question, celle que toute femme est en droit de se poser :
Et lui ? Il a fait quoi pour vous ? Concrètement ?
A part descendre de son étoile de David pour se pencher sur le cloporte que vous êtes ?
A part vous faire sentir qu’il y aura toujours un plafond de verre entre vous, que vous êtes assez bien pour écarter les jambes, mais pas assez pour être présentée à sa mère…
A part se plaindre d’être déchiré entre son amour pour vous et son devoir de juif ?
Quand vous aurez la réponse (et vous allez vite la trouver) demandez vous alors si vous ne méritez pas mieux que ça.
Nous n’avons pas le pouvoir de faire des enfants juifs. Mais nous avons celui de faire des enfants libres. Des enfants qui choisiront ou pas de se convertir, qui n’auront pas honte d’être gay et qui pourront aimer, aimer et aimer encore sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.
Nous ne leur donnerons pas l’identité.
Nous leur donnerons la liberté.
Celle que Dieu a voulu pour ses créatures.
Quand j’en aurais assez de porter le poids de conflits qui ne sont pas les miens, quand j’en aurais assez d’être une goye avant que d’être une femme, alors je partirai.
Mais peu importe la fin de mon histoire.
Aujourd’hui, il est une chose dont je suis intiment convaincue :
Quoique vous fassiez, quoique vous disiez, des milliers et des milliers de gens continueront de s’aimer envers et contre tout.
Et il n’y a rien que vous ne puissiez faire pour empêcher cela.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 9 décembre 2013 - 00:50

Avez-vous remarqué, chère révoltée, qu'à force de vouloir "raler", on fini par dire le contraire de ce qu'on semble vouloir dire ?
Vous écrivez - non seulement je cite, mais c'est un "copié-collé" :
“ Et il n’y a rien que vous ne puissiez faire pour empêcher cela. ”
Ce qui en bonne syntaxe française signifie que nous pouvons tout faire pour empêcher cela.
Oui mais voilà... Qui dit que nous voulions empêcher quoi que ce soit ?
Vous êtes libre, il est libre, vous êtes libre de réussir ou de rater votre vie.
Mais qu'importe ? Qu'importe si au long de votre longue plainte vous avez énoncé de nombreuses contre-vérités. Qu'importe que vous sachiez ou que vous préfériez ignorer que la lignée messianique d'Israël compte tant de femmes venues du dehors, venues de ce tronc commun d'humanité extérieur à Israël afin que la messianité d'Israël soit messianité pour l'universel humain.
Qu'importe que l'on confonde liberté et anarchie, qu'importe que l'on croie qu'obéir à ses instincts c'est être plus libre que d'écouter son devoir. Qu'importe que l'on croie qu'éduquer des enfants c'est les priver de repère, de les priver d'identité, de passé, de famille.
Ce qui importe peut-être c'est que vous vous tromper de cible et que vous nous accusez de crimes que nous n'avons pas commis. Mais il est vrai que nous les Juifs nous y sommes habitués.

Il y a de par le monde des dizaines de milliers de femmes et d'hommes - et il y en a eu des centaines de milliers à travers l'histoire - qui ont choisi de rejoindre l'aventure d'Israël et qui ont été accueillis avec joie et respect au sein de notre peuple. Ils ont donné des maîtres et des rabbins parmi les plus vénérés de la tradition juive.

Mais c'est vrai : en l'état actuel des choses, les enfants que vous lui donnerez ne seront pas Juifs. Il aura ainsi brisé la lignée qui depuis le fond des âges avait abouti jusqu'à lui. Ce n'est pas notre problème, à vrai dire, mais le sien. Le problème du sens de sa propre destinée.
Il reste que c'est quand même notre souffrance aussi.

mickaelELBAA
Dimanche 23 février 2014 - 23:00

Bonjour je voudrais réagir au témoignage 72681

pour votre problème s'il vous plait, blâmez le juif qui vous a séduite, mais pas le judaïsme !

Si vous lui faites des enfants, le premier truc qu il va vouloir faire c'est l’élever comme un juif et le mettre dans une position intenable, comme vous l'avez très bien dit : il n'aura pas d'identité
juif pour la famille et qq uns , non juifs pour la plupart, suffisamment pour avoir des remarques antisémites, et pas pour pouvoir monter à la thora et se sentir entouré dans sa vie.

Oui, il sera libre, il aura la liberté d’être nulle part, de ne pas avoir de passé auquel se rattacher, pas de communauté pour se marier, pas d'endroit "être" en paix.

Votre colère devrait aller contre celui qui, comme vous dites, viens vous trouver pour coucher, mais est incapable d'assumer ses actes ensuite.

Larguez cet imbécile de toute urgence et épargnez une vie d'errance identitaire à vos enfants.

N.B. pour plus de renseignements sur les souffrances identitaires des "moitié moitié" lire l'ouvrage de l'ethnopsychologue Catherine GRANDSARD: "Juifs d'un coté, portraits de descendants de mariages mixtes".

Rav Samuel Elikan
Mardi 11 mars 2014 - 18:56

Merci de votre contribution.

Heeb
Mardi 11 mars 2014 - 23:00

Sur le témoignage 73994 :

Je suis moi-même le produit de cette relation "interdite" évoquée plus haut en des termes que je me permet de juger quelque peu outranciers. Il faut cesser de dramatiser la souffrance identitaire des enfants issus de mariage mixte et chercher plutôt à amener la communauté juive à s'interroger sur leur devenir.
Obsédés par le grave sujet des unions exogamiques et les moyens de lutter contre, il est vrai que nombre de responsables communautaires ne souhaitent pas évoquer le sujet de l'enfant qui est issu de cette union et élèvent contre lui une argutie simple (d'aucuns diront "simpliste") en ces termes : "ils ne sont pas juifs, nos efforts ont été vains. Fin de l'histoire."
Cette lecture est halakhique mais elle est aussi sociale et culturelle.
Elle peut être complexe à accepter pour un couple mixte ou l'enfant qui en est issu, surtout lorsque se développe à l'endroit des juifs et de leurs institutions religieuses une certaine défiance du fait d'avoir été "victime" de rejet ou d'indifférence.
Réaction humaine normale, par ailleurs.
Il en demeure pas moins que c'est sur cet aspect social et culturel que nous pouvons agir pour peu que nous nous en donnions les moyens et que nous cessions d'aborder le sujet sous l'angle de la victimisation.
Je ne nie pas - expérience personnelle oblige - le "flou identitaire" vécu par le principal concerné un moment plus ou moins long de sa vie, je ne nie pas les difficultés sociales et psychologiques liées à ce statut, je constate seulement que si l'enfant dispose en lui d'une volonté d'exister en tant que juif, il pourra le faire et y sera même encouragé.
On dit que l'âme de tout juif est une parcelle de D-ieu. Je suis convaincu qu'Il ne permet pas son extinction pour l'enfant issu d'une femme non juive et d'un homme juif. Certes cette parcelle sera altérée, lacunaire et vacillante, et ce qu'il en reste peut encore disparaître du fait des négligences laissées à notre libre arbitre (l'homme n'est-il pas guidé sur la voie où il veut marcher ?), mais si cette part de "zera" cherche à s'exprimer, à se raviver, à exister tout simplement, je puis vous garantir que nul obstacle ne pourra empêcher l'enfant concerné de se convertir et de réaliser ce tikoun salvateur pour la continuité de la chaîne des enfants d'Israel.
Dans ce cadre, le malaise qu'éprouve certain enfant mixte est en quelque sorte le symptôme, l'expression concrète d'une âme juive qui ne veut pas disparaître. Il faut savoir l'entendre et le déchiffrer pour décider d'entamer un processus de conversion.
Aujourd'hui, j'aborde la potentielle (b´h) fin de mon processus (examens après Pessah) auprès des autorités consistoriales (réputées comme intransigeantes), je n'y ai jamais rencontré, jusqu'à ce jour, de mépris ou de rejet de la part des rabbanims. Bien au contraire, certains ont même l'extrême gentillesse de ne pas parler de "conversion" mais de "régularisation", précaution sémantique éloquente. Bien sur, c'est une exigence très impactante pour l'enfant concerné, il faut se sentir capable d'assumer 613 mitzvots, et j'attends avec la plus grande impatience la possibilité de mettre les tefilines et de monter à la Torah. Mais si D-ieu me permet d'accomplir ce Guiyour, je pourrais me retourner un instant sur l'Histoire, moi petit fils de déporté, produit de décennies des persécutions et de l'assimilation subies par ma famille paternelle, et peut être avoir la chance de regarder mes futurs enfants juifs, pour ressentir la plénitude du sentiment du devoir accompli.
Pour finir, retenons cette réflexion de Gershom Sholem :
"Si vous me demandez de vous donner un conseil, je vous dirais : gardons nos cœurs et nos esprits ouverts aux nouvelles forces qui cherchent à s’exprimer dans notre histoire ; en tant qu’individus juifs, soyons conscients du caractère éphémère de toutes les métamorphoses présentes de la vie juive ; et écoutons la voix qui pourrait bien concevoir et chercher une articulation - cette voix dans laquelle, si nous croyons en D-ieu, comme j’y crois moi-même, nous pourrions reconnaître la continuité de ce que nous appelons la voix du Sinaï. » (Lors d’un discours prononcé en 1970 devant la Conférence Centrale des Rabbins Américains).
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Question envoyée via l'application iPhone

Rav Samuel Elikan
Jeudi 13 mars 2014 - 15:59

Merci de votre contribution.

3Dglasses
Mardi 30 septembre 2014 - 23:00

En réponse à 74260,

L'auteur du premier message semble ne pas avoir compris qu'être juif c'est avant tout croire en certaines valeurs morales. Il ne s'agit pas ici d'être né du bon ou du mauvais côté de la barrière.

Un cours utile sur la question des dangers du mariage (civil) mixte: http://www.torahacademy.fr/assimilation_2

Rav Samuel Elikan
Lundi 6 juillet 2015 - 08:00

Merci de votre contribution.

jonathanam
Mercredi 17 décembre 2014 - 23:00

a propos de la question 74260
concernant l'intervention de Heeb je pense que cette intervention est profondement celle d'une vision non juive ...
etes vous juif maintenant ? avez vous terminé votre conversion ?

soutenez vous encore que ce que vous disiez il y a 6 mois ?

quand on est en conversion on ne sais pas ce qu'il y a "derriere" dans la vie d'apres ! si on le savait cela voudrait dire qu'on est pas vraiment une nouvelle âme

Moi je comprends tout a fait la réaction de Michael : les enfants de père juifs et de mère non juive se retrouvent dans des situations personnelles tellement insupportables et invivable sur le plan humain que seule une conversion permet de se "sauver" dans tous les sens du terme

et c'est un juif qui vous le dit

Rav Samuel Elikan
Jeudi 26 mars 2015 - 04:15

Merci de votre contribution.