Conversation 7327 - Kippour et la techouva

Anonyme
Jeudi 12 juin 2003 - 23:00

Bonjour,
j'avoue avoir du mal à comprendre les liens et differences entre Kippour et le principe de la Techouva, si ce n'est le temps.

Merci de vos explications

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 5 septembre 2003 - 23:00

J'avoue quant à moi ne pas comprendre la question ? Et comme Kippour approche je voudrais quand même répondre (moi ou un autre) donc si vous précisiez un peu, ça pourrait nous aider.

Anonyme
Dimanche 7 septembre 2003 - 23:00

Merci, Rav, de me demander depréciser ma question sur Kippour et la Techouva.
Tres schématiquement, ce que je comprends, c'est que pour se faire pardonner une faute, il y a en quelque sorte un double processus : la techouva, processus qui dure dans le temps ( notament avec l'engagement de ne pas recommencer), et Kippour, processus "instantané" ( un instant qui dure environ 26h!).
En raisonnant par l'absurde, ma question devient : si je fais "bien " techouva, pourquoi Kippour? (sur cette faute pour laquelle je fais techouva, bien sur, et non pour les fautes commises sans s'en rendre compte).
Voila ce que voulait dire ma question.
Elle est le reflet de mes nombreuses confusions et ignorances, et j'espere qu'elle ne contient rien qui pourrai vous choquer.
Long et difficile est le chemin de la Techouva

Merci pour tout et bon courage dans toutes vos entreprises

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 1 octobre 2003 - 23:00

Long et difficile chemin mais combien exaltant !
Je me permettrai de répondre un peu brièvement pour que vous disposiez de la réponse avant Yom Kippour.
La première étape, c'est Roch Hachana en tant que jour du Jugement.
Il participe du processus de la Téchouva dans la mesure où il constitue la reconnaissance de la compétence du tribunal qui nous juge. Autrement dit, par le fait que nous reconnaissons la souveraineté divine (au son des trompettes...) nous reconnaissons la Loi par rapport à laquelle nous sommes jugés. La Téchouva suppose en effet qu'on sache où on revient.
Dès lors s'approfondit (pour ne pas dire commence) le travail à proprement parler : il s'agit de cet examen de conscience qui va nous permettre de déterminer en quoi nous avons erré et qui accompagne notre désir de restauration d'une conscience nette et purifiée, débarrassée du poids de la faute qui bouche son horizon.
Nous sommes alors prêts pour Yom Kippour, dont la liturgie centrale sera celle de l'aveu des fautes. Car il faut que les choses soient dites. C'est Cioran, je crois, qui disait : "la parole que tu n'as pas dite est ta servante, celle que tu as dite est ton maître." Dire explicitement : "j'ai fait ceci et cela (que je regrette et que je veux ne plus faire) ou "je n'ai pas fait ceci et cela que je devais faire (et je le regrette et m'engage à le faire dorénavant)" c'est à la fois formuler la réalité de la conduite d'une manière qui ne laisse plus de place au clair-obscur de la vie intérieure qui à la fois se complaît à son jeu de miroir et esquive la lumière trop brutale et en même temps expulse de la conscience le poison de la faute non avouée qui continue de la ronger.
La sanction de l'aveu, c'est le pardon et c'est cela qui est acquis à Yom Kippour. Car la Téchouva et le Pardon sont ici complémentaires mais ne constituent encore que le commencement du chemin. Il restera encore à réparer les conséquences de la faute. Le pardon de Yom Kippour nous permet d'obtenir en quelque sorte le sursis nécessaire pour nous donner le temps de faire la preuve que notre Retour est véridique. Nous ne sommes pas entièrement "graciés" mais plutôt "en probation".

Le jour de Kippour, nous mettons entre parenthèses notre condition humaine. Journée passée en prières, sans boire ni manger, comme si nous échappions un instant aux pesanteurs de l'existence. Mais nous savons bien que nous ne sommes pas faits pour vivre ainsi. Pas parce que nous ne le voudrions pas, mais parce que le Créateur nous a imposé une autre manière de vivre. C'est cette manière de vivre que nous n'avons pas choisie qui fait que, dans la recherche des jouissances indispensables à notre existence, nous sommes sujets à l'éventualité de la faute. En cela, nous réclamons l'aide du Créateur en nous présentant devant Lui dénués de tout ce qui, en d'autres temps, représente notre insertion dans la réalité de ce monde, comme pour dire : Si nous pouvions vivre comme s'il n'y avait pas de yetser, nous n'aurions pas besoin de fautes puidqu'il n'y a de faute que pour assouvir un désir. Mais si Tu nous avais créés incapables de désirer, nous ne pourrions même pas désirer être proches de Toi et nous serions privés de la possibilité du bonheur vrai de Ta présence. Alors aide-nous !

Gmar Hatima Tova.

Gmar