Conversation 81440 - Témoins non valables = solution à tout?

psg
Lundi 12 septembre 2016 - 23:00

Bonsoir
Ne serait-il pas judicieux pour des futurs mariés, de prendre pour leur Houpa, des témoins "non kasher " ? Par exemple non-chômer Shabbat.
1) le mariage reste valable
2) en cas de grave problème ultérieur, je pense à l'adultère, mamzer, Femmes Agounots,
délivrance de Guett etc., il sera très facile d'arguer de la faiblesse des témoins pour annuler rétroactivement, ce mariage...
Qu'en pensez-vous ?

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Rav Samuel Elikan
Mercredi 14 septembre 2016 - 06:23

Shalom,

1- Si les témoins ne sont pas bons, le mariage n'est pas valable, c'est comme s'ils ne s'étaient pas mariés...

2- Et en attendant ? Tout se passe bien et ils ont des enfants mais on les considérera pas comme mariés ?
Ces enfants seraient alors nés d'une relation "interdite" (entre deux personnes qui ne sont pas mariées) ?

Le Rav Méïr Shlezinger m'a raconté qu'une fois il avait posé une question similaire au "Sridei Esh", le Rav Y.Y. Weinberg, considéré comme un des maîtres de la génération précédente.
Il y a des gens pour lesquels on peut être à peu près sûr qu'il va y avoir des "problèmes" par la suite, disait-il, que faire alors ?

Le Rav Weinberg lui avait répondu fermement que le mariage est une institution religieuse et qu'on ne va pas commencer à s'amuser à juger les gens, par ailleurs, selon la halah'a, tout juif est présumé "juste" jusqu'à preuve du contraire.
S'ils veulent se marier religieusement, cela veut dire qu'ils en prennent la responsabilité et sont prêts à en assumer les conséquences. Il faudra donc effectuer le mariage comme il faut, sinon, c'est du "vol de conscience", on les trompe, en leur faisant croire qu'ils sont mariés, alors qu'ils ne le seraient pas... et c'est bien plus grave.

A méditer.

Cordialement,

psg
Mardi 13 septembre 2016 - 23:00

Pardonnez-moi, mais suite à votre reponse sur ma question 81440, si vous affirmez qu'un mariage n'est pas valable si les témoins ne sont pas kasher , alors des centaines de mariages ne le sont pas !
Avez-vous déjà vu un rabbin qui officie un mariage, demander aux témoins s'ils sont chomer Shabbat ?
Bien souvent les témoins ont choisis par les mariés , non pour leur engagement religieux mais juste pour faire plaisir.
Dernière précision : ma question ne cherchait absolument pas à trouver des "issues" de sortie à des maris volages, mais plutôt à trouver une parade pour les femmes Agounots qui représentent un réel problème dont bien des rabbins n'en ont cure.

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Rav Samuel Elikan
Jeudi 15 septembre 2016 - 07:34

Shalom,

1. Ce n'est pas mon opinion, mais ce qui est marqué dans le Shoulh'an Arouh' (Even HaEzer siman 42, seif 5 et H'oshen Mishpat siman 34, se'ifim 1 et 23) - un témoignage donné par quelqu'un qui n'est pas apte selon la halah'a est témoigné est caduc et c'est comme s'il n'y avait pas de témoignage.
Par ailleurs, la halah'a dit qu'un mariage sans témoignage n'est pas valide (Sh. Ar. EH 42,20 selon TB Kidoushin 65b ; resp. Rivash §6 ; resp. Radbaz IV, §298 ; cf. Ktzot HaH'oshen, HM 241)...

Ainsi, non seulement le rabbin officiant le mariage doit s'assurer que les témoins sont "casher" (et donc shomrei shabat, entre autres), mais également - selon certains - il faut leur demander de "faire teshouva" avant le mariage, pour être sûrs qu'il n'y ait aucun problème... C'est notamment l'avis de mon maître le Rav N.E. Rabinovitch.

Quoi qu'il en soit, pour avoir assisté à de nombreux mariages, je peux vous dire - en Israël en tout cas - qu'à peu près tous les rabbins orthodoxes font très attention à ce que les témoins soient religieux.

2. J'avais bien compris que votre question partait d'un bon sentiment, mais, comme dit, cela crée plus de problèmes que cela n'en résout.

Permettez moi aussi d'ajouter deux précisions :

- une première lexicale - beaucoup de gens se trompent, donc il est bon de le préciser : une femme "agouna" est une femme dont la mari a disparu (en mer ou dans un autre pays notamment) et on ne sait pas où il est. Une femme dont le mari refuse de donner le guet s'appelle "messorevet guet".

- une seconde concernant votre remarque "bien des rabbins n'en ont cure" (sic) : je ne sais pas pour tous les rabbins, mais je peux vous assurer que tant dans la littérature hilh'atique que dans l'écrasante majorité des Batei-Din - s'il y a des cas d'agounot/messoravot guet, tout est fait - dans la mesure des limites hilh'atiques - pour aider la femme enchaînée dans les liens du mariage.

Cordialement,