Conversation 82029 - Le paradoxe de l'amour
Isaac ou le paradoxe de l'amour
On dit que le patriarche Isaac incarne la rigueur, le dine. Bizarrement, le première fois que l'on parle d'amour dans la torah c'est à son sujet. Lors Dieu demande à Avraham de sacrifier son fils il dit celui que tu aimes. Plus tard lorsque de la rencontre entre Rebecca et Isaac on parle à nouveau d'amour(il l'aima). Comment expliquer ce paradoxe?
Shalom,
Premièrement, on peut dire simplement que c'est justement parce que cette vertu de rigueur ne lui est pas naturelle, qu'il en est le symbole ; de même qu'Avraham a du travailler dur pour devenir un homme de bonté, ainsi il a acquis la vertu de h'essed (bonté) et pareil pour Yaakov qui dut travailler dur afin d'atteindre le degré de la vérité, jusqu'à ce qu'il assimile ce degré et ce dernier devienne sien.
Deuxièmement, de manière plus approfondie, tout cet "amour" décrit par la Torah est un peu "louche".
En effet, dans le premier cas que vous citez, on parle de l'amour d'Avraham pour Itzh'ak, rien ne nous dit que ce soit mutuel (chose que nos Sages ne manquent pas de relever dans le midrash). Cf. encore Yishayahou 41,8 où Avraham est décrit comme celui qui "aime" (D'ieu).
Dans le second cas, Itzh'ak aime Rivka seulement une fois après l'avoir fait entrer dans la tente de sa défunte mère... : "lsaac la conduisit dans la tente de Sara sa mère; il prit Rébecca pour femme et il l'aima et il se consola d’avoir perdu sa mère" (Bereshit 24,67). Et Rashi commente (selon le midrash) : "Il l’a conduite dans la tente, et elle a pris la ressemblance de Sara, sa mère, c’est-à-dire qu’elle est devenue aussitôt comme Sara, sa mère".
Drôle d'amour, n'est-ce pas ? Il aime Rivka seulement lorsque cette dernière "a pris la ressemblance de sa mère"! Étonnant, non ?!
Bref, cela reste à méditer, mais on est loin, très loin de cet "amour parfait" - qui serait antithétique à la rigueur - que l'on pourrait vouloir, à tort, imputer à Itzh'ak.
Cordialement,