Conversation 84217 - Sexualité avant le mariage
La sexualité est-elle totalement interdite avant le mariage ?
Y a t-il des exceptions ou des autorisations ?
Comment devrions-nous envisager l’abstinence avant de passer sous la houpa ?
Nous avons d’un côté la mitsva de nous marier -qui en soi est devenue très compliquée, plus encore pour les personnes divorcé•e•s- mais aussi, le devoir de respecter son corps, qui est aussi une halakha.
Or on sait que ne pas vivre dans l’épanouissement sexuel crée des blocages importants, tant physiques, émotionnels que psychologiques, et sans parler des maladies que cela provoque (?).
Je parle de tous ces célibataires hommes et femmes religieux•ses qui ont dépassé la trentaine bien tassée, et qui finissent par ne plus comprendre le sens de ces interdits.
Y-a-t-il des rabbanims ou des rabbaniotes qui se sont penché•e•s sur le sujet et qui sont plus permissifs•ve•s?
Pouvez-vous mettre des sources à votre réponse.
Et merci pour tout ce que vous faites.
Shalom,
Les questions que vous posez sont très sensibles et j'essaierai d'y répondre avec un maximum de clarté.
Je m'excuse dorénavant s'il y aurait là un manque de sensibilité de ma part. Je sais que l'on pose ce genre de questions avec le cœur lourd, généralement, et je prie que les mots que j'utilise seront les bons et ne heurteront pas vos sentiments.
La sexualité est-elle totalement interdite avant le mariage?
Oui (cf. Sh. Ar. EH §21 avec comm., etc.).
Y a t-il des exceptions ou des autorisations?
Non.
(Par honnêteté intellectuelle, il me faut signaler qu'il y a un avis, proposé par le Rav Yaakov Emden (resp. Sheilat Yaavetz, II, §15) selon lequel un couple qui s'engage à être ensemble, sérieusement, aurait le statut de pileguesh, mais cela ne peut être valable, que si c'est quelqu'un avec lequel on s'engage. Quoi qu'il en soit cet avis n'a pas été retenu. Pis encore, certains ont demandé à ce qu'il soit effacé des livres ! Un de mes maîtres, disait que ces propos étaient une erreur et qu'ils n'auraient jamais dus être publiés... etc.)
Comment devrions-nous envisager l’abstinence avant de passer sous la houpa?
Selon la loi juive, la sexualité est un aboutissement, celui d'une relation, d'un lien, particulier, intime.
Le rav Yossef Dov Soloveitchik enseigne dans plusieurs de ses écrits (cf. notamment Adam ouBeito, p. 79-80 ; Oubikashtem Misham, p. 207-215), que la sainteté ne peut résider que lorsqu'il y a un travail qui est fait, une préparation ; ce qu'il appelle un sacrifice. Lorsque les commandements sont le paradigme des plaisirs physiques, dit-il, l'action physique, sexuelle, devient plénitude et proximité du Divin.
Le Rabbi de Komerna dans son livre "Notzer H'essed" écrit que quiconque n'est pas marié, ne s'engage pas, ne peut pas connaître la avoda temima, c'est-à-dire le rapport au Divin de manière authentique, pleine et entière : "c'est là la vraie crainte du Ciel, parce que s'il n'y a pas de base, il ne peut pas y avoir de construction, de bâtiment, et nous, nous construisons et nous nous élevons de bas en haut".
Le Rav Kook enseigne (Eiyn Aya, Shabat, 12, §44) que la sainteté de l'Alliance, la fidélité, l'engagement, ce que l'on appelle en hébreu brit, est la marque la plus profonde de l'âme juive. La sexualité, ainsi, à sa source, est la chose la plus sainte qui soit, puisqu'elle nous permet de sceller une Alliance. C'est donc bien un aboutissement.
Le Shl"a HaKadosh va même plus loin (Sha'ar Ha'Otiot, E'mek Berah'a, §75 - la sainteté de l'Union) en disant que la sainteté de l'Union entre un homme et une femme est la plus grande des saintetés qui existe, à condition de se sanctifier pour cela.
Or la sanctification passe par une préparation et un engagement. Ce n'est pas pour rien que se marier se dit en hébreu lekadesh - qui signifie "sanctifier".
Une chose n'est sanctifiée que lorsqu'elle est particulière, qu'elle est mise à part, détachée du reste du monde et vouée à une seule chose, séparée. L'homme et la femme doivent se séparer, d'une certaine manière du reste du monde, et se vouer l'un à l'autre pour se sanctifier, mutuellement. C'est cela l'essence même du mariage.
Toutes ces choses n'auraient plus aucun sens, sans abstinence avant le mariage.
Nous avons d’un côté la mitsva de nous marier - qui en soi est devenue très compliquée, plus encore pour les personnes divorcé•e•s - mais aussi, le devoir de respecter son corps, qui est aussi une halakha.
Seuls les hommes, selon la loi juive, sont astreints à se marier. Les femmes n'ont pas ce devoir (Sh. Ar. EH 1 et comm.).
Par ailleurs, je ne sais pas ce que vous entendez par devoir de respecter son corps. Si quelqu'un fait de la gymnastique, à tel point qu'il en souffre et déformerait son corps en faisant du bodybuilding ou je ne sais quoi, à ce que je sache, il n'aura commis aucun interdit, tant que ce n'est pas dangereux pour la santé...
Or on sait que ne pas vivre dans l’épanouissement sexuel crée des blocages importants, tant physiques, émotionnels que psychologiques, et sans parler des maladies que cela provoque (?).
Je suis d'accord avec vous que nous vivons dans une époque complètement psychologisé où tout "manque sexuel" est souvent, parfois un peu "forcément", vécu comme une frustration. Mais de là à apporter légitimation à toute sortes de choses, il y a un pas.
A un niveau théorique, on pourra exprimer les choses de la manière suivante : de la même manière qu'il y a certaines pulsions qui sont jugées comme illégitimes dans le paradigme de notre société moderne, comme par exemple la zoophilie ou la pédophilie, etc., ainsi certaines choses (qui n'ont rien de comparable avec la zoophilie ou la pédophilie, bien heureusement), sont considérées comme illégitimes dans le paradigme normatif de la loi juive : tels, l'acte homosexuel et des relations extra-maritales, bien qu'elles soient (souvent) considérées comme légitimes dans le paradigme du monde moderne, occidental. La Torah considère ces actions comme illégitimes. On peut être d'accord avec cela ou pas, y adhérer ou pas, cela reste toutefois ce que dit la Torah. Je sais que ces choses sont très difficiles à entendre et à vivre lorsqu'on est directement concerné et que le fait que ce soit toléré et légitime dans le monde dans lequel on vit ajoute encore plus de frustration à cela. Ce n'est pas évident du tout et toute l'empathie du monde arrive à peine à frôler la douleur immense que l'on peut alors ressentir.
A un niveau pratique, le fait qu'il puisse y avoir des blocages, des frustrations et des douleurs psychologiques, parfois terribles à vivre, il faut le reconnaître, voire des dépressions, ne justifie pas de transgresser de graves interdits de la Torah. La solution préconisée par la halah'a : s'engager, se marier et gérer ces problèmes ensuite. Parce qu'ensuite, pleins de choses peuvent être mises en place.
Je parle de tous ces célibataires hommes et femmes religieux•ses qui ont dépassé la trentaine bien tassée, et qui finissent par ne plus comprendre le sens de ces interdits.
C'est une réalité très dure que vous décrivez et ceux qui ne sont pas passés par là ne peuvent pas comprendre ni le poids, le fardeau de la solitude, ni la difficulté de l'attente social - des remarques mal placées "quand est-ce que tu te maries, enfin" etc. de la part de toute la bande d'amis d'enfance qui sont bientôt grands-parents... ; combien cela peut être vexant, combien ce n'est pas évident. Et la difficulté d'aller encore à un rendez-vous et à un autre et de rencontrer encore et encore et encore des gens, mais rien ne va comme prévu, personne qui ne nous comprend, et le poids de devoir tout recommencer à chaque fois depuis le début, se présenter et le même refrain... comme si les gens appuyaient sur le bouton "play" dans un mouvement de fatigue intérieure et l'autre qui regarde en face en ressentant que finalement il y a là quelque chose de "vide". Frustration, puis frustration supplémentaire, au point qu'on en a marre... On veut sortir de là, mais c'est très difficile.
Mais il faut savoir qu'on peut recevoir de l'aide. Il y a des gens qui peuvent vraiment aider. En Israël, par exemple, je sais que la psychologue Naomi Wolfson (qui est francophone, entre autres), pour ne citer qu'elle, a aidé de nombreuses personnes à sortir de ce tourbillon de désolation et de solitude. Il y en a de nombreux autres. Ne pas hésiter à demander de l'aide professionnelle, par des gens formés pour ça.
Y-a-t-il des rabbanims ou des rabbaniotes qui se sont penché•e•s sur le sujet et qui sont plus permissifs•ve•s ?
Penchés sur le sujet, oui.
Permissifs, c'est-à-dire permettre des relations sexuelles entres des individus qui ne sont pas mariés, comme dit, non, parce que la halah'a est très claire à ce sujet.
J'espère avoir pu, à défaut de vous avoir donné toute ma compassion, répondre à vos questions.
Cordialement,
Il y a eu, il y a un ou 2 ans, une conférence d'un dayan (Uriel Aviges) venu de New York, à Paris sur le thème des agounot (ces femmes dont le maris refusent de donner le guet). Dans l'assistance, il y avait entre autre Emmanuel Bloch. Vous devriez pouvoir trouver son cours sur internet
A la fin de sa conférence, ce dayan proposait la solution de supprimer les kédouchin (la bague que l'on donne) et de modifier les nissouyin (le mariage sous la houpa), car selon tous les décisionnaires (en dehors de Maimonide) le concubinage serait permis à condition de respecter deux conditions:
- les lois de pureté comme un couple marié
- d'éviter l'interdit de kédécha (prostitution) et c'est le cas quand les relations sont avec le même partenaire et gratuites.
Il faisait remarquer que l'on perdait certes la dimension de sainteté par rapport aux mariages, mais on évitait ainsi, outre la souffrance de ces femmes, le risque de mamzerim.
En effet, dans un tel cas, inutile de demander un guet à son mari, quand on veut mettre un terme à la relation.
Mais rien n'empêche non plus après un certain temps, de contracter un mariage traditionnel.
Il parlait aussi de ces jeunes gens religieux qui ne se mariaient que pour pouvoir avoir des relations sexuelles. Et évidemment quand un mariage n'est fondé que sur cela, il ne dure guère.
Même sans tenir compte de l'avis de ce dayan, on pourrait très bien, tout en restant dans le cadre de la halaha que vous décrivez (mariage puis guet) enchaîner les histoires. Mais on passerait complètement à côté de ce qu'est le mariage et le couple. On serait dans la loi, mais surement pas dans son esprit.
Ceci dit, tout ce que vous dites sur la vie sexuelle est très juste. Il est dommage que la plupart du temps, les cours qui précèdent le mariage soient axés uniquement sur la halah'a (qui est certes primordiale) et pas assez sur ce qu'il y a derrière.
Shalom,
Vous écrivez :
"selon tous les décisionnaires (en dehors de Maimonide) le concubinage serait permis à condition de respecter deux conditions: les lois de pureté comme un couple marié ; d'éviter l'interdit de kédécha (prostitution) et c'est le cas quand les relations sont avec le même partenaire et gratuites".
Je crois, malheureusement, que cela soit tout à fait inexact.
En dehors de nombreux rappels existant dans la Bible, dans le Talmud, à part pour expliquer certains passages bibliques, il n'est quasiment nullement fait mention du concept de concubinage, du moins dans son sens casuistique : par exemple, comment une concubine arrête-t-elle d'être concubine, doit-on lui écrire un guett, etc. Il n'y a par ailleurs aucune histoire (ma'asseh rav) concernant des concubines qu'auraient pu avoir des tannaïm ou des amoraïm.
Le concept de concubinage n'a été "remis à l'ordre du jour" que plus tard dans certains lieux orientaux, élément qui a relancé le débat halah'ique sur le sujet.
L'avis du Rambam, selon sa version des propos de Rabbi Yehouda dans le Talmud (TB Sanhédrin 21a) est qu'une concubine n'a ni Ketouba, ni Kidoushin et donc il est interdit de prendre une concubine (hil. Ishout 1,4), sauf pour un roi (hil. Melah'im 4,4) qui doit faire un "yih'oud" avec celle-ci.
Ce constat provient du fait que dans la Bible, seuls les rois, les dirigeants politiques ont des concubines (ce qui explique le passage de pileguesh baGiva comme une lutte pouvoir).
Rashi, quant à lui, a une autre version dudit passage talmudique, selon laquelle la concubine peut se marier, mais sans Ketouba (cf. Rashi Bereshit 25,6). On ne connaît pas son avis si c'est valable pour tout homme ou seulement pour un roi (comme cela semble être le cas) et s'il faut un guett ou pas... Mais il semblerait que ce serait nécessaire, selon son avis (cf. resp. Rashba (attribué au Ramban), VII, §284 et Minh'at LeAharon (Wolff), p. 11 qui disent bien qu'il faudrait alors un guett).
L'avis du Rosh (resp. Klal 35, §10) aussi est qu'il faut un guett dans les cas de concubinage.
Il semblerait que ce soit également l'avis de nombreux décisionnaires (Rav H'esdai bar Shlomo cité dans resp. Rivash §398 ; Likoutei HaRav Betzalel (auteur du Shita Mekoubetzet) sur Guittin au nom du Ritva, rapporté par le H'ida dans Birkei Yossef EH 26,1 et dans resp. H'ayim She'al I, §4 al. 2).
Qu'aurait-on donc gagné ?
Par ailleurs, l'avis du Rambam est qu'une telle relation avec une femme relève de l'interdit de prostitution (cf. ici : https://cheela.org/conversation/84448/84448/Masturbation-vs-rapports-interdits en note 2), qui est un interdit de la Torah (cf. Kessef Mishneh et Leh'em Mishneh sur hil. Melah'im 4,4 ; Arouh' HaShoulh'an EH 26,9 cf. aussi resp. Binyamin Ze'ev §112) !
C'est également l'avis du Rema (EH 26) au nom du Tour et du Rosh et de Rabbenou Yonah (Sha'arei Teshouva, §94).
Selon d'autres, l'interdit proviendrait du fait qu'il y a en cela une annulation du concept de mariage, tel que prévu dans la Torah - c'est l'avis du Markevet HaMishneh sur Melah'im 4,4, du Sefer HaMiknah dans son Kountrass Ah'aron 26,1 ; Yeshouot Yaakov EH 26 ; Maharit sur le Rif, au début du traité de Kidoushin.
Selon d'aucuns ce serait formellement interdit par nos Sages, soit du fait du décret du roi David de ne pas prendre une femme sans se marier avec elle (c'est l'avis du Rivash - resp. §395 et §398 et du Radbaz, resp. VII, §33), soit du fait qu'il engendre des interdits, puisqu'elle aura honte d'aller se tremper au Mikveh, sans être mariée (Yad Rama sur Sanhédrin 21a ; Lev Saméah' sur Sefer HaMitzvot, Shoresh 5 et là bas il dit avoir vu cela également dans les écrits du Radak).
L'avis du Ramban (dans le resp. cité plus haut, adressé à Rabbenou Yona) est certes que le concubinage n'est pas interdit par la Torah, mais que ce n'est pas une chose à faire a priori, il semble dire que c'est contraire à l'esprit de la Torah et à la Volonté Divine.
L'avis du Ra'avad (sur hil. Ishout 1,4) qui permet le concubinage est qu'il n'y a besoin d'aucun acte formel à cela. Selon lui, une concubine s'occupe également des besoins de la maison mais n'est pas considérée comme femme. Dans hil. Melah'im 3,2, le Ra'avad écrit que bien qu'un roi n'ait pas le droit d'avoir plus que 18 femmes (selon TB Sanhédrin 21a) les concubines ne font pas partie de ce nombre et il peut en avoir autant qu'il en veut, en plus de cela. Quelle femme juive voudrait fonder un foyer de la sorte, en n'étant pas considérée comme femme, comme membre d'une alliance, d'un engagement quelconque ?!
Par ailleurs, le Rav Moshé Lima dans son commentaire H'elkat Meh'okek sur le Shoulh'an Arouh' (EH 26,1) écrit que tous les avis permettant à tout homme de prendre une concubine l'interdisent au moins rabbiniquement, et ce par kal vah'omer de l'interdit d'yih'oud. Il suit en cela le resp. Rivash (§398) et resp. Radbaz (§33) qui comprennent l'avis du Ra'avad comme permettant selon la Torah, mais interdisant rabbiniquement, d'avoir une concubine.
Comme on peut le voir dans le Shoulh'an Arouh' (Even HaEzer 26,1) et dans ses commentateurs, selon l'écrasante majorité des décisionnaires il est formellement interdit de prendre une concubine, sans se marier, nonobstant le fait que l'interdit soit d'ordre rabbinique ou de la Torah.
Vous écrivez encore :
"Il parlait aussi de ces jeunes gens religieux qui ne se mariaient que pour pouvoir avoir des relations sexuelles. Et évidemment quand un mariage n'est fondé que sur cela, il ne dure guère".
Nous avons cité dans notre réponse précédente l'avis du Rav Yaakov Emden (resp. She'ilat Yaavetz II, §15) et avons noté que c'était un avis unique, esseulé, et fortement remis en question et que lui même avait proposé cela à condition que d'autres rabbins se joignent à lui, ce qui ne fut pas le cas.
En 1931, une telle proposition avait déjà été faite et quasiment tous les rabbins de l'époque qui traitèrent de la question s'insurgèrent là contre. cf. notamment ce qu'écrit à ce propos le Rav Yossef Moshé Toledano, dans ses responsa Yam hagadol, E.H 75 ainsi que le Rav Henkin, considéré alors comme la plus grande autorité décisionnaire des USA (et maître de mon maître le Rav Rabinovitch), dans Kitvei HaGri"a Henkin, t. I, Peroushei Ibra, New-York, 1980, §4 et id. Lev Ibra, p. 18-19 ainsi que t. II, Jérusalem, 1989, p. 108, 111, 119 et 122.
Un rabbin contemporain, le Rav Eliahou Abergel proposa lui aussi (resp. Dibrot Eliahou t. VIII, §93) de permettre le concubinage, dans un cas de mariage où le guett ne pouvait pas être donné à la femme (soit parce qu'elle a fui ou le refuse), si l'homme n'avait pas accompli le commandement de priah oureviah, c'est-à-dire d'avoir eu des enfants.
Le Rav Itzh'ak Zar, dayan à Tel-Aviv, dans un décret de tribunal rabbinique écrivit avec d'autres rabbins, en long et en large, que cette réponse du Rav Abergel n'avait aucune source sérieuse sur laquelle s'appuyer et qu'on ne peut donc absolument pas s'y fier ou agir selon cela.
Ses propos sont disponibles ici, en hébreu : http://www.daat.ac.il/he-il/mishpat_ivri/havot-daat/mishpaha/zar-pilegesh.htm
En 2006, le prof. Tzvi Zohar publia dans la revue Akdamot (n°17, Shevat 5766), de l'institut Beit Morasha, un article préconisant le concubinage comme solution aux couples religieux ne voulant pas se marier (https://www.bmj.org.il/userfiles/akdamot/17/zohar.pdf).
Cet article engendra une vive réaction - dans la même revue
- de la part du Rav Yehouda Herzl Henkin, auteur des responsa Bnei Banim (et petit-fils du rav Henkin, cité plus haut), qui soutient qu'une telle approche constitue la fin de la notion d'alliance, de famille, de sainteté, d'engagement et de prise de responsabilité, à bien des niveaux et que c'est contraire à la loi juive. Son article est disponible ici : https://www.bmj.org.il/userfiles/akdamot/17/henkin.pdf
- du Rav Shemouel Ariel, qui est aujourd'hui à la tête du Kollel de la Yeshiva de Yerouh'am, et qui montre bien que le concubinage n'est pas juste le fait d'être des "petits-amis" et de vivre ensemble, mais qu'il y a d'autres implications qui ne sont que très peu souhaitables à bien des niveaux. Son article est disponible ici : https://www.bmj.org.il/userfiles/akdamot/17/ariel.pdf
- et des rabbaniot Mih'al Tikotchinsky (qui fait partie de la direction du séminaire pour enseignants de Kodesh, Mih'lelet Hertzog) et Rah'eli Sprecher-Franckel (yoetzet halah'a et enseignante à Nishmat et à la tête du programme intensif d'étude d'halah'a, en 5 ans, appelé "Hilh'eta", pour femmes, à l'institut Matan), qui montrent qu'une telle approche nuit avant tout et plus que tout aux femmes.
Leur article est disponible ici : https://www.bmj.org.il/userfiles/akdamot/17/tiko.pdf
Ces trois articles, entre autres, montrent bien que d'une part le concubinage n'est pas une solution halah'ique possible, puisqu'il s'agit d'un avis minoritaire qui ne fait pas partie du consensus halah'ique, et d'autre part, l'application du concept de concubinage, même selon ces avis minoritaires, ne correspond en rien au concept de vie commune (qui peut être temporaire notamment).
Par ailleurs, ils ajoutent que cette "solution" est une porte ouverte à la déculpabilisation face à l'adultère et à la prostitution dans son sens halah'ique et nuirait grandement aux femmes.
Puissions-nous servir Dieu dans la sainteté et le respect de chacun, tout en préservant la sainteté du couple et de la famille.
Cordialement,