Conversation 8844 - Les Rabbins font ils des ajouts illicites?

Anonyme
Samedi 16 août 2003 - 23:00

Cher Rav,
il est écrit dans la paracha de cette semaine, Reeh : "Tout ce que j’ordonne, vous garderez et mettrez en pratique, tu n’ajouteras rien, tu n’en retrancheras rien" (Devarim, chapitre 13, verset1)
Nous savons que pour la diaspora, depuis l’époque du Temple, le conseil des sages du Grand Sanhédrin a instauré le doublage des jours de yom tov à cause d’incertitudes concernant le cycle lunaire...
Or dans la Thora il est écrit par exemple : "Le 15è jour du 7è mois, ce sera pour vous une convocation sainte et vous ne ferez aucune activité profane", ce jour est le 1er jour de souccoth. Or en diaspora le 2è jour de souccoth est également jour de yom tov.
Sans vouloir faire un procès d’intention aux sages du Grand Sanhédrin, cela ne revient-il pas à ajouter un nouveau commandement à notre sainte Thora? Un commandement qui ressemblerait à : "le 16è jour du 7è mois, ce sera pour vous une convocation sainte et vous ne ferez aucune activité profane ".
Cher Rav, j’espère que vous ne serez pas choqué à la lecture de cette question et que vous comprendrez que je la pose uniquement afin de savoir exactement le sens de ce commandement : "Tout ce que j’ordonne, vous garderez et mettrez en pratique, tu n’ajouteras rien, tu n’en retrancheras rien..."
Cordial Chalom et merci d’avance.

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 17 août 2003 - 23:00

Votre question n'est en rien choquante, et je profite de votre remarque pour souligner qu'à mes yeux toute question, pour autant qu'elle soit posée dans un désir sincère de connaissance est légitime. Il se peut que nous ne publions pas telle ou telle question, pour différentes raisons, mais ceci ne signifie pas qu'elles ne soient pas légitimes.
Vous auriez pu d'ailleurs la poser de manières plus "totale", puisque toutes les lois rabbiniques semblent enfreindre la loi de la Tora qui interdit les rajouts.
Voici ce qu'écrit Maïmonide à ce sujet (1), en traduction assez libre:
Puisque que le Sanhédrin de décréter de nouvelles interdictions, d'interdire des choses autorisées (par la Tora), interdictions valables pour les générations futures … comment comprendre l'interdiction de la Tora de rajouter ou retrancher?
Il est interdit de rajouter aux interdictions de la Tora et d'affirmer qu'il s'agit d'une interdiction toranique. Comment? Il est écrit dans la Tora "tu ne cuiras pas l'agneau dans le lait de sa mère". Par tradition, nous savons que ce verset interdit de cuire et de consommer le lait avec la viande. Qu'il s'agisse de la viande d'animaux domestiques ou de gibier. Par contre, le Tora n'interdit pas la volaille avec la viande… Si un Sanhédrin vient et affirme que la volaille est assimilable au gibier et est interdite par la Tora, il rajoute à ce que dit la Tora. Par contre s'il vient et dit que le mélange de lait et de volaille est autorisé par la Tora, mais nous l'interdisons et diffusons une nouvelle loi, de crainte que l'on confonde les différentes viandes et n'en vienne a enfreidre la loi de la Tora, ceci n'est pas considéré comme un rajout, mais constitue une barrière de protection pour les lois de la Tora.

Le deuxième jour de fête en dehors d'Israël n'a jamais été présenté comme une loi de la Tora, mais comme une loi rabbinique, il ne rentre pas dans le cadre de cette interdiction.

Si vous lisez l'hébreu, le Maharal traite de cette question à la première page de Beér Hagola.

Références: 1: Michné Tora, Mamrim, 2, 9.

Anonyme
Lundi 18 août 2003 - 23:00

(suite question 8844)
1)Cher rav, j'ai bien lu votre réponse à la question 8844 et j'aurais aimé savoir dans quel passage de la Thora est que l'on peut trouver le commandement qui nous ordonne d'écouter les sages. En cherchant, j'ai trouvé qu'il fallait écouter les juges et les jugements qu'ils prononcaient mais je n'ai pas trouvé pour les sages.

2)J'ai entendu dire qu'en plus des 613 mistvot de la Thora, il y en avait 7 qui avait été instaurés par les Rabanim. Est ce exact? Si oui, est ce que vous pourriez les énoncer si cela n'est pas trop fastidieux? (je comprendrais tout à fait si vous me disiez que ce serait trop long à énumérer)
Merci .

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 20 août 2003 - 23:00

1. Vous avez trouvé le bon passage. Il s'agit effectivement du passage du livre de Devarim (1)qui ordonne de suivre à la lettre tout ce que disent les Juges. Notez tout simplement que la séparation qu'a faite Montesquieu entre le pouvoir législatif et celui juridique n'existe pas chez nous.
2. Ce n'est pas trop fastidieux, je ne retrouve tout simplement pas la liste complète. Je suppose qu'un des rabbanim ou un des internautes viendra à notre secours.

1: Chapitre 17.

Anonyme
Mercredi 20 août 2003 - 23:00

[suite 8910]
Shalom Rav,
Avec votre permission,
A la fin du "sefer ha'hinoukh", on donne la liste suivante:
1- Lecture du Hallel
2- Lecture de la Meguilla d'Esther
3- Allumage des bougies de 'Hanouca
4- Allumage de bougies de Shabbat
5- Netilath Yadaim avant demanger du pain
6- Bénediction sur les aliments, boissons ... (100 bénédictions par jour)
7- Le Erouv

Bonne continuation à Cheela

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 21 août 2003 - 23:00

Un grand merci.
Je savais qu'on pouvait compter sur nos cheelanautes!

benyamine80
Mardi 20 septembre 2005 - 23:00

suite cheela 9022 (ou faites en une nouvelle question, avec un nouveau titre, comme vous voudrez ;) )

Bonjour,

Ma question porte sur les berakhot avec les mots "baroukh ata ashem elokeinou melekh aolam asher kideshanou bemitsvotav vetsivanou (...)" que l'on peut traduire par "Béni sois tu, O eternel, notre D, roi du monde, qui nous sanctifiés par ses commandements et nous a ordonné de (...)".

Ce type de bérakha "asher kidéshanou" peut etre énnoncé à l'occasion de mitsvots diverses telles que la bénédiction du shoffar à rosh ashana, la bénédiction sur le loulav à soucot, la bénédiction lorsque l'on s'asseoit dans la soucca, manger de la matsa o séder de pessah, le compte du omer, le prelevement de la h'alla, mettre son talit, mettre ses téfilines, fixer la mézouza, etc...

Toutes ces mitsvots ont en commun qu'elles nous viennent directement de D'ieu. Il nous les ordonne et elles ont leur source dans la Thora (déoraïta).

Mais pourquoi utiliser la meme formule de bérakha "asher kidéshanou bémitsvotav vétsivanou" pour des mitvots qui ont été instaurés par la suite par les sages d'israel ?

Lors de l'allumage des bougies de hanoucca, on béni D'ieu "qui nous a sanctifié par ses commandements et nous a ordonné d'allumer les bougies de hanouca".
idem pour la lecture de la meguila à pourim, la lecture du hallel, les bougies de shabat, netilat yadayim, le erouv...

A quel moment est ce que D, lui-meme, nous a ordonné d'allumer des bougies a hanouca ou à shabat, ou de lire le hallel ou de se laver les mains avant le repas ou de faire le erouv ?

Avec mon ignorance, j'aurais tendance à dire que l'on se sert de Son Nom Divin sans lui avoir demandé l'autorisation, comme si on utilisait un faux copyright ;) Je sais bien sur que la vérité est toute autre mais j'aimerais savoir ce qu'elle est exactement.

Merci pour tout.

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 21 septembre 2005 - 23:00

Chalom,

Vous posez une question que la Guemara pose aussi.
La réponse est que D'ieu nous a ordonné dans la Tora de suivre l'enseignement des rabbins, et qu'observant les lois rabbinques nous observons donc la volonté de D'ieu.
C'est un peu si Il leur avait laissé un chèque en blanc, signé de Sa main et les avait laissés écrire ce qu'ils voulaient. C'est comme si Lui avait écrit.