Conversation 89730 - C'est quoi etudier et d'où vient cette mitzva si importante ?

Blacksad
Dimanche 28 juillet 2024 - 06:47

Bonjour

Après des dizaines d'années, j'ai toujours des difficultés à lire en hébreu, surtout les lettres qui n'existent pas en français et le cheva nakh. 

J'aimerai être hazan ou lire parfois à la Torah, pas pour le kavod. Mais pour être fier de moi et réaliser que même sans école juive, j'ai reussi quelques choses de tangible.

1) je m'interroge sur la valeur de ma tefila alors que je dois reproduire des dizaines de fautes depuis des années

2) j'ai consacré des centaines d'heures à essayer de lire quelques paragraphes à la Torah (aidé par Torah box et/ou par un prof.). J'ai progressé et j'y ai trouvé beaucoup de satisfaction mais je ne suis pas un lecteur apprécié. Est-ce je dois me résoudre à rester nul jusqu'à la fin de ma vie ou est ce que je dois persister ? 

Personnellement, j'aimerai persister même si je n'y arrive pas, j'aurais essayé et cela à une véritable valeur pour moi. 
Surtout, que savoir lire ( tefila / torah ) est une compétance nécessaire quotidiennement (tefila) et régulière (c'est la même paracha qui revient chaque année).

Mais est ce que l'apprentissage de la lecture (parfois associé à la traduction) est considéré comme de l'étude de la Torah ? 

Est ce que, je ne ferai pas mieux de lire le choulkhan haroukh en français ? La guemara en français ? La sidra de la semaine/ les commentaires sur la Torah en français ? le daf hayomi en français ? 

Bref, c'est quoi ( hiérarchiquement) la mitzva d'étudier ? 

Et enfin, maîtriser tous les concepts du Talmud ( guezara chava ) / du choulkhan haroukh ( prozboul) est-ce que ça a du sens si on ne sait pas lire correctement ( même après des années assis à la synagogue !) ? Est-ce que ça a du sens de devenir un "tourneur de pages " alors qu'on  restera incapable de refaire son étude dans les mots sans la traduction en français ( et en ayant tout oublié) ?

Merci 

Rav Samuel Elikan
Dimanche 18 août 2024 - 19:30

Shalom,

Tout d'abord, je veux vous féliciter pour votre détermination à persévérer dans l'apprentissage de la lecture en hébreu et dans votre engagement envers la Torah et la tefila.

Ce que vous décrivez est une démarche admirable, empreinte de sincérité et de dévotion.

Concernant la valeur de votre prière - il est important de comprendre que la valeur de la tefila ne réside pas seulement dans la perfection de la prononciation, mais dans l'intention, la kavana, avec laquelle elle est accomplie. Nos Sages enseignent que Dieu prend en compte les efforts et les intentions sincères. Même si des erreurs de prononciation se glissent dans la tefila, votre dévouement et votre désir de vous connecter à Dieu sont ce qui compte le plus (rah'mana liba ba'ei - Dieu désire le coeur). Chaque mot que vous prononcez avec sincérité est précieux.

Persévérer ou se résigner ? Votre envie de persister montre déjà que vous avez une grande force intérieure. Le fait que vous ayez consacré des centaines d’heures à cet apprentissage montre votre engagement profond. Il est normal de ressentir de la frustration lorsqu’on ne voit pas les résultats escomptés. Cependant, le simple fait de continuer, même face aux difficultés, est en soi une grande réussite. La question de persévérer ou non est délicate. Si la lecture de la Torah est une source de satisfaction pour vous, il serait dommage d'abandonner. Peut-être pourriez vous envisager des sessions supplémentaires avec un professeur ou utiliser des outils plus adaptés pour améliorer encore votre lecture. Mais, même si vous ne devenez pas un lecteur "professionnel", votre persévérance et votre attachement à la Torah sont précieux.

Apprentissage de la lecture et étude de la Torah : l'apprentissage de la lecture en hébreu, même si cela inclut de la traduction, peut certainement être considéré comme une forme d'étude de la Torah. Chaque mot de Torah que vous essayez de comprendre et de lire peut être considéré comme une mitzva. De plus, la lecture de la Torah en hébreu, même si elle est difficile, vous connecte aux sources dans leur langue originale, ce qui est une expérience spirituelle enrichissante (cf. à ce propos le livre Safah laNe'emanim du rav Barouh' HaLévy Epstein).

Ceci dit, si vous trouvez que la lecture en hébreu est trop difficile et que cela devient un obstacle, étudier en français peut être une alternative non seulement acceptable mais également précieuse. La Torah a été traduite dans de nombreuses langues justement pour permettre à chacun d'accéder à son enseignement, et il est tout à fait louable d'étudier la Torah dans la langue que vous comprenez le mieux, et c'est considéré comme de l'étude. L'essentiel étant de bien comprendre ce que l'on étudie.

 

En ce qui concerne la hiérarchie des mitzvot dans l'étude, nos Sages enseignent que l'étude qui conduit à l'action est la plus importante (Talmud Torah Mevi Li'yedei Ma'asseh). Il est donc essentiel d'étudier des textes qui vous permettront de vivre une vie juive selon la halakha. Si l'étude en français vous permet de mieux comprendre et d'appliquer les enseignements de la Torah, alors cela a une grande valeur.

Ainsi, maîtriser les concepts de la Torah est certainement important, mais cela ne doit pas vous décourager si vous avez des difficultés avec la lecture en hébreu. L'étude est un processus continu, et chaque étape a sa propre valeur. Le fait de tourner les pages et d'avancer dans l'étude, même en français, est louable. Avec le temps et la persévérance, votre compréhension s'approfondira.

En résumé, continuez à avancer à votre rythme.

Que ce soit en hébreu ou en français, l'essentiel est de rester connecté à la Torah et de continuer à grandir spirituellement. Votre effort et votre persévérance sont de grandes mitsvot en eux-mêmes.

Cordialement,