Conversation 90576 - Limoud

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Mardi 12 novembre 2024 - 00:03

chalom ; 

Je me permets de vous poser une question qui me dérange depuis un certain temps concernant l'étude de la halakha, du style Michna Beroura, et du Tanakh. La majorité du temps, j’ai l’impression de lire plutôt que d’étudier. C’est-à-dire que je lis le verset ou la halakha, puis je me pose plusieurs questions auxquelles les commentateurs répondent, et ainsi de suite.

En ce qui concerne la halakha, j’essaie de me demander pourquoi un terme particulier est utilisé (et si je ne trouve pas la réponse, je ne sais pas quoi faire), puis je vais voir les mekorot (sources), etc. Mais j’ai toujours l’impression de seulement lire. Il en est de même lorsque je lis un Rachi ou rachmbam à titre d'exemple : je me pose certaines questions, mais cela ne va pas plus loin qu'une simple lecture( j'inclus la compréhension du texte bien évidemment) 

N’ayant pas encore eu la chance d’intégrer une yeshiva (ce qui, b’ezrat Hashem, se fera dans deux ans), je ne connais pas encore la méthodologie du limoud (étude). C’est pourquoi je vous demande humblement des conseils.

De plus, lorsque l’on parle du pshat, cela va-t-il plus loin que simplement lire, traduire et comprendre le sens des termes ? Si c’est le cas, quelle est la différence entre lire et véritablement étudier ? Quelles questions fondamentales dois-je me poser après avoir lu un verset ou une halakha, et quel procédé me permettrait d’ouvrir la porte de l’approfondissement (iyoun) ?

Le iyoun, quelle méthodologie cela implique-t-il ? Ces questions concernent également la Guemara.

Je remarque parfois des rabbanim faire des chiourim de Guemara en lisant le texte, en le traduisant et en le faisant comprendre à leurs auditeurs. Cela s’appelle-t-il du pshat ? Devrait-il aller plus loin ? Encore une fois, j’ai cette impression qu’il manque quelque chose d’essentiel, mais je ne sais pas quoi exactement.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, en espérant avoir été clair.

Nathaniel Zerbib
Jeudi 5 décembre 2024 - 17:48

Chalom ouvrakha,

Vos questions sont très pertinentes et témoignent d’un réel désir de progresser dans l’étude de la Torah. Il est normal, avant d’avoir appris une méthodologie d’étude, de ressentir une certaine frustration ou impression de "lire plutôt qu’étudier". Voici quelques éléments de réponse et des conseils pour structurer votre apprentissage et le rendre plus profond.

Lire consiste à comprendre le texte de manière directe et superficielle, tandis qu’étudier implique un processus actif où l’on s’engage avec le texte : poser des questions, chercher des explications et faire des connexions avec d’autres sources. Étudier, c’est entrer dans un dialogue avec le texte et ses commentateurs.

Dans le cadre du pshat, on ne se limite pas à une simple traduction. On s’efforce de saisir le sens littéral tout en tenant compte du contexte, des mots utilisés et des nuances. Par exemple, lorsqu’on lit un Rachi ou un Rambam, on peut se demander : pourquoi utilise-t-il ce mot précis ? Quelle est sa source dans le texte de la Torah ou de la Guemara ?

Lorsque vous étudiez un verset ou une halakha, posez-vous des questions comme: pourquoi ce terme et pas un autre ?Quelle est la logique derrière cette halakha ? Quelles sont les implications pratiques ? Ces réflexions vous permettront de dépasser la lecture et d’approfondir votre compréhension.

Le iyoun (approfondissement) va au-delà du sens littéral. Cela consiste à analyser les sources en profondeur, comparer les opinions des Rishonim et des Aharonim, et réfléchir aux raisons des divergences. Dans la Guemara, cela pourrait signifier examiner pourquoi une mishna est interprétée différemment par deux Amoraïm ou chercher les implications pratiques d’un débat.

Concernant  les shiourim, même lorsqu’un Rav donne un cours basé sur le pshat, cela ne signifie pas que l’analyse manque de profondeur. Le pshat est souvent le fondement sur lequel on construit des réflexions plus avancées. Parfois, ce que vous percevez comme un manque provient de votre envie d’aller encore plus loin, ce qui est un excellent signe de progression.

Avant d’intégrer une yeshiva, concentrez-vous sur la clarté et la régularité de votre étude. N’hésitez pas à poser des questions, même simples, et à garder une attitude active face au texte. Avec le temps et les outils méthodologiques que vous acquerrez, votre étude prendra naturellement plus de profondeur.

Bivrakha.