Conversation 60578 - Je prie ou je pense?

pasta
Lundi 26 décembre 2011 - 23:00

Kvod Harabanim,
dans des sidourims nous trouvons une page avec des pensées à avoir au moment où l'on répond "Amen yéhé Chémé Rabba..." au Kadish. Il semble que le Ari Zal encourage de manière très appuyée à avoir ces pensées qui seraient d'ailleurs plus efficaces que des milliers de jeûnes. Que vaut-il mieux faire ? Prononcer les mots "Amen yéhé chémé rabba... " jusqu'à "Béalma" et en parallèle avoir les pensées en question (que je trouve très belles d'ailleurs puisqu'on y demande à ce qu'Hachem enlève les guezerot raotes du Am Israel, qu'il enlève la Klipa de la colère etc.) ou bien faut-il penser au sens des mots du kadish que l'on répond ? Tout en prenant en compte qu'aujourd'hui on récite le Kadish à une vitesse telle qu'il est impossible de faire les deux.
Merci

Emmanuel Bloch
Mardi 27 décembre 2011 - 06:01

Chalom,

Ceux qui arrivent a avoir ce genre de kavana font des prieres beaucoup plus lentes que celles dont nous avons l'habitude dans nos communautes, et comme vous le remarquez, ce n'est pas par hasard, avoir la pensee correcte au bon moment est un exercice difficile.

Maintenant, en pratique, les kavanot ne sont pratiquees que par un groupe tres restreint d'invidivus d'exceptions, dans certaines yeshivot de mekoubalim par exemple. Pour l'immensite majorite du peuple, meme les maitres de la kabbalah recommandent de s'attacher a prononcer les mots de la priere en pensant a leur signification simple. Et c'est deja un certain challenge d'arriver a prier en pensant au pchat de ce que l'on dit.

pasta
Lundi 26 décembre 2011 - 23:00

(Suite à la question n° 60578)
Merci beaucoup pour votre réponse,
les sidourims en question sont pourtant largement répandus (Ich matsliah, Avodat Hachem, etc.) et semblent donc ne pas s'adresser qu'à un groupe d'initiés. (Dans le même esprit il y a les moments de la téphila de Chabbat où l'on doit penser à des suppléments d'âmes, les pensées à avoir en prononçant le nom de Hachem, etc. tout ceci apparaît largement dans ces sidourims).

Je crois savoir que la guémara nous dit que répondre au Kadich avec ferveur peut annuler un mauvais décret dans les 70 ans à venir. Est-ce dans le cas où l'on pense uniquement aux mots ou également, comme semble le dire le Ari Zal, lorsque l'on a les pensées indiquées ?
Merci

Emmanuel Bloch
Mardi 27 décembre 2011 - 17:00

Chalom,

Alors nous sommes peut-etre en presence d'une difference entre sepharades et ashkenazes.

Je dois admettre ne pas connaitre la position des rabbanim sepharades, et serais interesse d'en apprendre plus a ce sujet. Mais chez les ashkenazes, comme le dit le Gaon de Vilna (Maasseh Rav numero 41. Cf. aussi 'Hidouchei ou Biourei ha-Gra 'al Massekhet Chabbat ou-Brakhot, 43a), il faut avoir conscience que l'on prie devant Dieu, et se concentrer sur le sens simple des mots, et non sur les kavanot mystiques du Arizal. La meme idee est reprise par son disciple r. 'Hayyim de Volozhin (Nefesh Ha'Hayim 2:1), et par bien d'autres encore. La liste serait longue, et je n'ai cite le Gra et le Nefesh Ha'Hayim que parce que ces deux rabbanim etaient connus pour etre egalement de grands mekoubalim.

La seule exception dans le monde ashkenaze concerne probablement les 'hassidim, et encore, dans les dernieres generations, je ne crois pas que l'on demande a tout le monde de se concentrer sur les kavanot mystiques, mais seulement aux personnes d'exception.

Dans la deuxieme partie de votre question, vous faites reference a ce qu'ecrit la Guemara, Massekhet Chabbat 119b : רבי יהושע בן לוי אומר כל העונה אמן יהא שמיה רבא בכל כוחו קורעין לו גזר דינו של שבעים שנה

Rachi nous explique que l'expression בכל כוחו signifie, effectivement, avec grande ferveur, sans plus de precision. Remarquez que la valeur numerique du mot כח est 28, et que la phrase prononcee par les fideles ashkenazes en reponse au kadish comporte 28 lettres, alors que pour les sepharades la phrase comporte 28 mots (meme pendant les Asseret Yemei Techouva, ou l'on rajoute un mot, mais on en comprime 2 autres en 1).

yhbtysey
Mardi 27 décembre 2011 - 23:00

A propos de la 60579

Les "kavanotes" dont il est question sont sans doute celles qui sont presentes dans le choulh'an arouh' siman hé : il faut penser en prononcant le nom de D qu'Il est le maitre de tout, qu'Il a toujours été, qu'Il est et qu'Il sera. De meme pour la eloukout il faut penser a Sa toute-puissance.

Je ne sais pas si le fait de penser a cela est reellement considere comme une kavana au sens kabalistique dans la mesure ou cela s'apparente a une traduction du nom Ado- nay, en une version un peu plus developpée.

Meme le mishna broura qui rapporte les paroles du gaon semble considerer que adon akol est le strict minimum.

Par contre pour la tossefet nechama ou le changement de monde (olam habrya etc.) ou les kavanotes du kaddish, on sort sans doute du domaine halah'ique.

J'en viens donc a ma questions: au vu des paroles du choulh'an arouh' il semble que ces kavanotes-explicatives plutot que mystiques- soient obligatoires pour tous et fassent partie du sens simple des expressions prononcees. A titre personnel, j'essaie d'y penser systematiquement alors que pour le kadish par exemple je trouve cela assez éloigné et je n'y arrive pas.
Qu'en pensez vous? Faut il repandre l'usage de penser a ces quelques termes en prononcant le nom de D?

Merci d'avance pour vos reponses, hosesh tov !

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Emmanuel Bloch
Jeudi 29 décembre 2011 - 05:51

Chalom,

Les intentions dont vous parlez sont effectivement du ressort de la halakha, et pour ma part j'avais compris que nous parlions d'intentions kabbalistiques a proprement parler (les sefirot et partsoufim, yi'houdim, etc.)

Mais vous avez raison de le souligner, la halakha fixe qu'il faut penser au sens des noms de Dieu chaque fois qu'on les prononce. Et c'est loin d'etre facile, lorsqu'on prie 3 fois par jour et qu'on recite 100 brakhot quotidiennement.

J'ai deux solutions a proposer. Le Likoutei Maharich (r. Yisrael 'Hayyim Friedman, Rav de Rachov en Hongrie a la fin du 19eme siecle), vol. 1 p. 76, dit qu'il faut se concentrer avec une force particuliere sur le sens des noms la premiere fois qu'on les prononce dans la journee, et qu'ensuite chaque nouvelle recitation "s'appuie" sur la premiere, et lui est en quelque sorte reliee.

Ou alors, le Afikei Yam (dans la partie Pninei Yam) conseille de faire une declaration d'intention chaque matin, et d'indiquer pour toute la journee que l'on desire conferer aux chemot le sens qu'ils doivent avoir.

Sinon, sur un tout autre sujet, je me demandais si la reponse 57157 ne porterait pas, par hasard, sur un sujet qui vous interesse. Non, bien entendu, je ne vais jamais voir de temps en temps ce qui se passe sur les sympathiques autres sites francophones... c'est juste une idee comme cela... :)

kamonia
Mardi 30 octobre 2012 - 23:00

Bonjour,

Il est préconisé d'avoir certaines intentions (Maître de tout, Eternel pour Y...H; Puissant, Qui peut tout, Qui possède toutes les forces pour E...M) lorsqu'on prononce le nom d'Hachem, en particulier dans le premier passouk du Chema et la première berakha de la Amida.

Ces intentions doivent être pensées au moment même où l'on prononce le nom de D. ou bien juste avant ou bien juste après (cette dernière option est celle que j'applique généralement) ?

Merci beaucoup !

Dr Michael Ben Admon
Lundi 24 décembre 2012 - 04:05

Chalom,

Tant que votre pensee accompagne le mot que vous prononcez, il n'y a pas de difference que ce soit avant , pendant ou apres.

Shyd
Dimanche 11 novembre 2012 - 23:00

À propos de 60579
D'après le Ari shar hakavanot eh'ad la première et la plus importante des kavanot:
Tu aimeras ton prochain comme toi même car je suis hachem ton D...
Par rapport au kadish le Ari dit qu il faut répondre avec koah' en valeur numérique 28 car il y a 28 mot depuis yéyé shem raba jusqu à bealma lorsqu on ouvre le tetragrame deux Foix successive il y 28 lettres chaque lettre pour un mot à savoir youd vayv dalete
Vayv youd vayv dalet lamed tav hey youd aleph lamed pe vayv youd vayv youd vayv dalet vayv youd vayv hey youd youd vayv dalet et c'est cette pensée qui permet d annuler les décrets
J ai reçu ce yh'ud d' un de mes maîtres dans ma jeunesse ilest entre les lignes dans le shaar hakavanot drush sur le kadishe
Chacun des kadish et différent mais cette kavana est général
Chaque kadishe permet de faire le passage entre les différents monde
A savoir jusqu à hodu on dans assya les psuke dézimera on est dans yetsira
À partir du yotser dans Briah et la amida dans atsilut

Emmanuel Bloch
Lundi 12 novembre 2012 - 12:16

Merci de cette contribution.