Conversation 72082 - Vayera en clair

elidukfar
Lundi 14 octobre 2013 - 23:00

Parachat Vayera (chapitre 18, verset 19) : comment comprendre la contradiction entre devenir source de bénédiction (verset 18) et assister à un acte opposé: détruire un peuple (verset 21 et suiv).
Est ce le sens du propre questionnement d'Hashem au verset 17 ?
Comment définir le chemin de D.ieu ?
Quel enseignement peut on tirer de ce dialogue dans l'expression de la justice et du droit divin ?

Nathaniel Zerbib
Vendredi 18 octobre 2013 - 04:15

Chalom,

A l'inverse de la Parachat Lekh-Lekha où la Torah met en évidence la vertu propre a Avraham qui est le 'hessed (bonté), la Parachat Vayera montre comment D. lui enseigne la vertu opposée, à savoir le din (justice).

La mission du peuple juif est de révéler l’unité de D. c'est a dire la réunion de ses attributs afin d'arriver à une synthèse et un équilibre parfait entre ces dernières.
La bonté poussée à l’extrême, comme le prône notamment le christianisme, est une approche immorale car elle suppose de ne pas châtier le mal mais de le laisser se propager et porter préjudice aux innocents. C'est la leçon qu'apprend Avraham durant l’épisode de Sodome. Si D. avait agréé sa requête d’épargner les habitants de Sodome, leur attitude dépravée aurait perdure et aurait causé la perte de l’Humanité. Par ce récit, la Torah enseigne que la véritable morale exige l'aneantissement du mal pour qu'il ne propage pas outre mesure.
Nos Sages ont résumé cette leçon de morale par une phrase : "tout celui qui a pitié de gens cruels, viendra a être cruel envers les gens miséricordieux (1) .

A la question à savoir pourquoi les guerres dirigées par les chefs d’armée d’Israël dans le Tanakh aient été aussi cruelles et violentes, le Rav Kook zats'l répond que compte tenu de la situation immorale des peuples de la région qui s'exprimait par des mœurs dépravées et bestiales ou les sacrifices humains, souvent d'enfants, étaient pratiqués quasi-quotidiennement, ils se seraient fait massacré et n'auraient aucune chance de remplir la mission confiée par D. en la conquête du pays. Ils redoublaient donc de pratiques cruelles afin de faire régner une certaine terreur sur ces nations perverties(2).

Par ailleurs ,le Rav ajoute que ces guerres ont été initiées par ordre divin, prophétique. De ce fait, elles sont le fruit d'une projection vers l'avenir : si ces peuples n'avaient pas été anéantis, leurs pratiques se seraient propagées et le Monde aurait sombré dans les ténèbres sur le plan moral et ne ressemblerait en aucun cas à celui dans lequel nous vivons aujourd'hui qui, malgré son imperfection évidente, est a un niveau incomparable par rapport aux normes de l’époque (3) .

Bivrakha.

(1)Tanhouma , Metsora
(2) Igrot HaReaya Ig.89
(3) Maamare HaReaya p.508

elidukfar
Mercredi 23 octobre 2013 - 23:00

72082 merci pour votre reponse j'aurai souhaiter approfondir la tension entre le devenir d'havraham et la contradiction apparente de l'acte de justice divin. est ce la raison pour laquelle hashem se pose la question de cacher ou non a son serviteur ses intentions ? cela ouvre t il la suite du questionnement d'havraham sur les justes potentiels qui vivraient dans sodome ?

Nathaniel Zerbib
Jeudi 24 octobre 2013 - 15:53

Chalom,

Je pense que le verset (18, 11) dit le contraire. D. ne veut pas cacher à Avraham ce qu'il a l'intention de faire a Sodome mais au contraire, il lui révèle pour lui inculque la vertu de justice qui lui manque.

Durant la discussion entre Avraham et D. au sujet du nombre de tsadikim, la stratégie d'Avraham est claire ; dans un premier temps il "joue le jeu" en feignant de défendre les tsadikim, usant des termes appartenant au champ lexical de la justice ; "Loin de toi d'agir ainsi, de frapper l'innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique?" (18,25). Par la suite, on voit qu'il reprend sa vertu de bonté poussée à l’extrême en essayant de sauver toute la ville, y compris les nombreux impies qui s'y trouvent.

En "perdant" le combat verbal, Avraham reçoit une leçon de justice, ainsi que je l'ai expliqué dans ma précédente réponse.

Bivrakha.