Conversation 17624 - Tout ca,c'est la faute aux juifs
Chers Rabbins,
ceci n'est pas une question mais un état d'âme. Je viens de passer une soirée éprouvante, nous étions trois autour de la table, un vieil ami arabe (musulman qui se dit athé) sa compagne (qui se dit aussi athé) mais pétrie de culture (pour ne pas dire préjugés) catholique et moi juif, qui ne me dit plus athé. J'ai subi tout les poncifs : accusé de martyriser les palestiniens, revendiquant l'exclusivité du malheur des hommes à travers la shoa, responsable du serveur de la boucherie cacher du coin qui ne regarde pas madame (il faut dire qu'il louche et ne regarde personne, il regarde derrière). Bref, un petit enfer de trois heures, où les réponses et les arguments les plus simples n'arrivaient pas à passer la première barrière de la "raison". La discussion a fini sur l'idée, à la mode aujourd'hui, qu'Isarël est une erreur de l'histoire, non, les mots exacts sont "un pari risqué, de créer artificiellement un pays pour les juifs, qui a échouée". J'ai cinquante ans, ma femme - non juive - divorce, je pose les téfilins quand j'en ai la force et je prie quand je me noie. Je ne vous demande pas ce qu'il faut faire, j'essaie de survivre pour l'instant, mais je suis fatigué, et je me dis parfois : mais quel est le sens de tout ça ?
Apparemment, ils ont oublié de mentionner que le Titanic avait coulé par la faute des Juifs.
- Mais, le Titanic, c'est à cause d'un iceberg !?
- Iceberg, Rosenbeg, c'est tout pareil !
Je comprends que vous soyez scandalisé (et je le suis aussi), mais il n'y a là rien de bien nouveau ni de très étonnant.
Un bateau est pris dans une tempête et désespère de toucher terre. Soudain, un danger nouveau apparaît : des récifs. Mais en même temps, c'est bon signe : la terre est proche. S'il n'est pas désamparé, que le pilote reste lucide, et l'équipage discipliné, il traversera la passe.
Et comme l'a écrit Edmond Fleg, la nuit la plus noire est une aube qui vient.