Conversation 22681 - Un topo sur Pessah

NathanninNathan
Mardi 29 mars 2005 - 23:00

Shalom, Rav Botschko

auriez-vous la gentillesse de nous faire un topo sur Pessa'h, avant, pendant et après, de la même façon que vous l'aviez fait pour 'Hannouka?
je sais que la question est un peu "exigeante" mais je pense que le résultat en vaut la peine!

Rav S.D. Botshko
Dimanche 29 mars 2015 - 05:40

PESSA’H

Repères

"Laisse partir mon peuple et qu'il me serve". Tel est le slogan que Moïse répète inlassablement à Pharaon. Effectivement, si Pessa’h est la fête de la liberté, c'est aussi la fête des commandements. Les prescriptions de cette fête sont nombreuses, ce sont elles qui confèrent à ce jour son caractère de joie par l'accomplissement des Mitsvot.

Nous proposons ici quelques points de repère. Il ne s'agit pas d'une étude exhaustive, mais un point de départ pour une étude plus complète et un rappel des commandements essentiels.

Les lois de Pessa’h sont d'une part, les lois concernant le ‘Hamets et d'autre part celles qui concernent le Seder.

LOIS DU ‘HAMETS

‘HAMETS Il est interdit de consommer, profiter et posséder du ‘Hamets pendant Pessa’h.
Sont ‘Hamets tout ce qui est fabriqué à partir de toutes les sortes de blé, avoine, orge, seigle et épeautre ainsi que de la levure.
Les produits manufacturés contenant du ‘Hamets même en quantités minimes sont également interdits. Ainsi de nombreux produits contenant de l'alcool ou de l'amidon sont considérés comme ‘Hamets.
De même de nombreux médicaments contiennent du ‘Hamets.
On n'a même pas le droit de se servir de la vaisselle utilisée durant l'année, celle ci ayant certainement "absorbé" du ‘Hamets. Elle doit être mise sous clef ou "cachérisée".

Par contre, on peut garder et utiliser les produits non comestibles, qui ne sont plus du ‘hamets pur, quelle que soit leur composition (ex. cirage, pommade, etc.)

La coutume ashkénaze ainsi que certaines communautés séfarades interdit de consommer du riz ainsi que certaines Kitniot (graines), tels que, pois, pois chiches, fèves, etc. mais ces mets ne sont pas ‘Hamets, il faut les mettre sous clés pour qu'on ne vienne pas à en consommer.

PRODUITS SURVEILLES Pour être sûr de consommer des produits qui ne contiennent pas de ‘Hamets, on trouve sur marché des produits "cacher le Pessa’h". L'utilisation exclusive de ces produits évite de devoir s'informer de la composition des produits que l'on trouve sur le marché. En effet de très nombreux produits qui, à priori ne sont pas ‘Hamets, en contiennent en petite quantité, sans que cela ne soit noté sur l'emballage, en particulier de l'amidon, des liants ou certains conservateurs. Cela dit, de nombreuses autorités rabbiniques autorisent des produits comme le café, le thé, le lait, le sucre, le sel, les eaux minérales, les surgelés sans surveillance particulière.
MEDICAMENTS
De nombreux médicaments ont dans leur excipient du ‘Hamets. Ils ne peuvent donc être consommés à Pessa’h. (Evidemment, les suppositoires et les gouttes auriculaires, nasales ou ophtalmologistes sont permises). Le Rabbinat ainsi que les koupot Holim publient des listes très complètes des médicaments n'en possédant pas. Il faut présenter cette liste au médecin. Si le médicament adéquat ne se trouve pas sur la liste, les décisionnaires ont autorisé les personnes vraiment malades (même si leur vie n'est pas en danger) de prendre les médicaments qui s'avalent comme les gélules, les cachets et les comprimés.

BEDIKAT ‘HAMETS Pour ne pas posséder du ‘Hamets, on doit avant Pessa’h vider son garde manger de tous les produits H'amets. On doit également nettoyer tout endroit de la maison dans laquelle on aurait pu y amener du ‘Hamets pendant l'année. Même les poches des vêtements doivent être visitées".

Pour clore ces efforts, on fait une recherche solennelle du ‘Hamets la veille de Pessa’h, à la lumière d'une bougie. C'est cette cérémonie qui s'appelle la "Bedikat ‘Hamets".

BIOUR ‘HAMETS Le lendemain matin on doit brûler tout le
‘Hamets que l'on possède encore, c'est le "Biour ‘Hamets". Si on ne peut le brûler, il faut s'en débarrasser par tout autre moyen.

BITOUL ‘HAMETS
Pour ne pas risquer de transgresser Pessah au cas où malgré nos efforts, il soit resté encore du ‘Hamets, on "annule" son ‘Hamets, c'est à dire que l'on renonce dans une déclaration solennelle à la propriété du ‘Hamets. Cette déclaration est faite deux fois: une première fois la veille de Pessa’h après la Bedika et une deuxième fois, le matin, après avoir brûlé le ‘Hamets..
Il n'est pas permis de faire une autre activité (manger, étudier) avant d'avoir fait la Bedika.

VENTE DU ‘HAMETS
Si on est dans l’impossibilité de se débarrasser du ‘‘Hamets, il faut le vendre à un non juif. Pour que cette vente soit valable, il faut établir un contrat complexe. Aussi, pratiquement, il est conseillé de donner pouvoirs à un rabbin pour qu'il procède en notre nom à cette vente dans les règles. Il est toujours utile d'utiliser cette procédure pour les médicaments (qui peuvent être ‘Hamets).

Chabbat veille de Pessach

Cette année la veille de Pessach tombe Chabbat. Cela entraîne quelques modifications dûes au fait que l'on ne peut pas brûler le Hamets Chabbat et que l'on doive normalement manger du pain Chabbat, ce qui pose problème la veille de Pessach.

On procédera comme suit:
La Bedikat Hamets se fera jeudi soir et après la Bedika on procèdera à la première déclaration d'annulation ou bitoul. On brûlera le Hamets vendredi matin et ceux qui ne mangent pas de Hamets à Pessach diront alors la 2ème déclaration d'annulation ou bitoul.

L'interdiction de consommer la Hamets débute samedi matin (selon les horaires affichés en chaque endroit). C'est à cette heure là que ceux qui ont mangé du Hamets feront la deuxième déclaration d'annulation ou bitoul.

Le Hamets doit être vendu vendredi avant l'entrée de chabbat.

La maison doit être cacher le Pessach, la vaisselle de Pessach sortie dès vendredi et il faut manger chabbat Cacher le Pessach.

Les repas du chabbat.

On a une difficulté pour les repas. En effet, les deux premiers repas doivent être consommés avec du pain. Mais la maison est déjà cachère le pessach. Alors comment procéder?

Possibilité no 1

Garder un peu de pain ou de hala ou une pita par personne (60 grammes, soit 30 grammes par repas). Manger ce pain en début de repas sur la terrasse ou dans un endroit réservé, puis jeter les restes des miettes dans les toilettes et passer à table et terminer normalement son repas cachère le pessach. Le repas du matin doit être mangé tôt (selon les horaires affichés). Il faut avancer les horaires des prières pour arriver à la maison à temps et après ce repas, l'on procèdera à la deuxième déclaration d'annulation.
Le troisième repas de Chabbat doit être mangé en début d'après-midi. On ne mange pas de pain à ce repas, mais ceux qui mangent de la matsa Achira pourront en manger et faire la Berakha de Mezonot.

Possibilité no 2

On ne mangera pas du tout de pain à Chabbat. On le remplacera aux trois repas avec des matsot entières cuites ou rôties. On pourra faire le motsi et le Birkat Hamazon aux trois repas.

Voyages
Quelqu'un qui part en vacances avant Pessa’h, même s'il ne sera pas chez lui pendant toute la durée de la fête, devra faire la Bedika la veille de son départ (sans bénédictions s'il part avant la veille de Pessah'). S'il vend son ‘Hamets à un non juif, il faut faire attention aux décalages horaires, pour que du ‘Hamets ne risque pas de lui appartenir ni à l'entrée de la fête ni à la sortie de la fête.

LES MITZVOT ESSENTIELLES DU SEDER

Nous rapportons les lois essentielles tant celles qui sont une obligation de la Tora que celles qui sont "derabanan" des sages. Celles ci ont toutes pour but de nous permettre de revivre ce soir là la sortie d'Egypte comme si nous y étions.

Haggada

L'obligation de raconter la sortie d'Egypte est un commandement de la Thora; c'est en lisant la Haggada qu'on accomplit ce commandement. Cette Mitsva s'accomplit sous la forme d'un dialogue. S'il y a des enfants ce sont eux qui posent les 4 questions et le père qui leur répond.

Matsa

Chacun est tenu de manger de la Matsa les deux soirs du Séder. Nous devons en manger à trois occasions. La première fois pour acomplir le commandement de la Tora : "le soir vous mangerez des Matzot", une deuxième fois - obligation des Sages - avec des herbes amers en souvenir de l'époque du Temple où l'on devait manger ensemble des herbes amers et de la Matsa et une troisième fois - obligation des Sages également à la fin du repas (Tsafoun) en souvenir des sacrifices que l'on était tenu de manger ce soir là.

Matsa Chemoura

La Matsa mangée pour l'accomplissement de ces commandements doit être chemoura, c'est à dire que celui qui l'a "fabriquée" l'a faite dans l'intention qu'elle serve pour la Mitsva. Il existe des Matsot Chemourot faites à la main; il est bien de consommer ces matzot là surtout pour le premier Kezayit; toutefois celles qui sont faites à la machine sont également cachères.

Herbes amères

En souvenir des périodes de souffrance passées en Egypte, nous mangeons des herbes amères et, comme mentionné plus haut, nous en mangeons une deuxième fois avec de la Matsa. L'obligation de manger le Maror est aujourd'hui "derabanane"; en effet, dans la Thora, l'obligation était de manger le Maror avec l'agneau pascal. Pour les herbes amères, on prend en général, soit de la laitue, des endives ou du raifort (si on utilise du raifort, il doit être râpé) et on le trempe dans le ‘Harosset, met doux pour adoucir le Maror et dont la couleur rappelle le mortier que devaient préparer nos ancêtres

Combien

A chaque fois", il faut en manger au minimum un KEZAYIT, 3 centilitres ( certains évaluent en poids et disent 30 grammes, ce qui pour certaines matsot fait le double de l'évaluation en volume (ou 2 centilitres (20 grammes) pour quelqu'un qui ne peut pas manger beaucoup et lorsqu'il s'agit d'une obligation "derabanan", des "sages").

4 coupes

En souvenir des 4 étapes de la libération, on doit boire ce soir là 4 coupes de vin. Chaque coupe de vin doit contenir au minimum un "Reviit", soit 8,6 cl. Il suffit d'en boire la majorité, soit 4,4 cl. Mais si la coupe est grande, il faudra également en boire la majorité. On prend du vin (en priorité) ou du jus de raisin.

Hassaba

On doit s'accouder du côté gauche lorsqu'on mange la Matsa et la Afikomane et lorsqu'on boit chacune des 4 coupes de vin.

ETAPES DU SEDER

Nous reprenons ici les lois dans l'ordre du Séder en y ajoutant les coutumes essentielles.

Kadéch:Récitation du Kiddouch. On boit alors la première coupe de vin

Rehats et KARPAS: Pour attirer l'attention des enfants, on a l'habitude de tremper un légume Carpas (radis, céleri ou autres selon la coutume) dans de l'eau salée avant de commencer Maguid et avant de tremper on se lave les mains sans faire la bénédiction, c'est Re'hats. Dans certaines communautés achkenazes, seul le Maître de maison se lave les mains.

Ya'hats On coupe en deux la Matsa du milieu et on laisse la grande moitié pour Tsafoun.

Maguid : On accomplit la Mitsva de "Hagada. A la fin de Maguid, on fait une bénédiction pour remercier D-ieu de la délivrance et on boit la seuxième coupe de vin

Ra'htsa: On se lave les mains en faisant la bénédiction

Motsi Matsa

On mange la Matsa de l'obligation de la Thora. Il faut en manger un Kezayit, soit 30 grammes au minimum, sans s’interrompre. Selon la coutume on mange un deuxième Kézayit.En effet comme c’est Yom Tov, il y a une Mitsva de manger à Yom Tov. Aussi, en plus du Kezayit de la Mitsva de Matsa, on mange un deuxième Kezayit pour la Mitsva de manger à Yom Tov.

Maror

. Il faut manger " centilitres (au moins 2 centilitres) d'herbes amères. On le mange juste après la Matsa..

Kore’h

Ensuite on mange le sandwich, c'est à dire la matsa avec les herbes amères. Il faut en manger 3 cl (ou au moins 2 cl) de Maror et " cl (ou au moins 2 cl) de Matsa.

Choul'han Ore'kh: on mange le repas.

Tsafoun

C'est tout à la fin du repas que l'on mange le dernier Kezayit(3 cl ou au moins 2 cl) de Matsa obligatoire, qui s'appelle aussi Afikomane, en souvenir de l'agneau pascal. Certains en mangent un deuxième en souvenir du deuxième sacrifice qui était mangé ce soir là en l'honneur de la fête. Après cela, on n'a plus le droit de manger ce soir là, afin de garder le goût de la Matsa. L'Afikomane doit être mangée avant 'hatsot.

Baré'h: on récite le Birkat Hamazone après avoir versé la troisième coupe de vin que l'on boit à la fin du Birkat Hamazone

Hallel: On récite des louanges, le Hallel. A la fin du Hallel on boit la 4è coupe de vin

Nirtsa : On chante, chacun selon sa coutume