Conversation 28971 - Defend toi, petit!

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Vendredi 10 février 2006 - 23:00

Chalom Rav,
J'ai une question sur l'éducation des enfants.
Comment pousser un enfant qui manque de confiance à se faire des camarades ?
Que faire si on a l'impression qu'il ne se défend pas suffisamment ?
Merci pour votre travail sur ce site.
Chavoua tov

Mme Hanna Ovadia
Lundi 20 mars 2006 - 13:11

Vous ne precisez pas l'age de l'enfant.
Une idee quand meme: peut-etre pouvez-vous lui proposer d'inviter un camarade a la maison a venir jouer, ou bien, lorsque vous lui preparez le gouter, demandez-lui s'il veut un paquet de bamba/bisli a partager avec ses camarades, cela lui donnera l'occasion de s'approcher d'eux et de leur parler.
Pour ce qui est de la defense, si ce n'est pas dans son temperamment de repondre, trouvez-lui des solutions qui lui conviennent: il peut s'eloigner de ceux qui l'embetent, ne pas jouer avec eux, il doit savoir qu'il peut faire appel a la maitresse en cas de besoin, ou bien a vous.
Verifiez avec la maitresse si votre impression est fondee, peut-etre vous trompez-vous, ou bien peut-etre pourra-t'elle vous rassurer ?
Et vous, donnez le maximun d'amour a votre enfant, soyez a son ecoute, c'est de la qu'il puise la confiance en soi.
S'il est en age de faire du sport, vous pouvez l'inscrire dans une equipe de foot, de judo ou autre: il se fera des camarades et peut-etre gagnera en assurance.
Tout ceci ne sont que des suggestions d'ordre general, je ne suis pas psychologue, et je ne sais rien de votre enfant.
Mais si deja vous nous avez consulte, alors voici mes propositions.... et peut-etre meme que nos lecteurs pourront vous faire part de leur savoir et experience.

AnneG
Jeudi 30 mars 2006 - 23:00

Bonjour,
suite à la question n°28971, je voulais vous proposer mon témoignage. Mon mari et moi avons recueilli une de se petites cousines âgée de 5 ans et demi, qui avait été élevée jusqu'à cet âge par sa grand-mère qui ne l'avait jamais envoyée à l'école. Nous l'avons directement inscrite en cours préparatoire car elle est très éveillée et savait déjà lire. Au début, elle était très timide en classe et avait un peu peur des autres enfants. Elle s'est plainte que deux ou trois enfants l'embêtaient à l'école. nous en avons parlé à la maîtresse qui lui a dit de lui signaler tout problème. moi-même, j'ai expliqué à ma fille qu'il ne fallait pas avoir peur de riposter (sans toutefois se montrer trop violente, évidemment), que c'était la seule manière de se faire respecter. Je lui ai expliqué longuement qu'il ne fallait jamais se laisser faire, et que si elle ne s'en sortait pas toute seule, il fallait en parler à la maîtresse parce qu'elle est aussi là pour cela. Quelques jours plus tard, elle m'a dit qu'elle s'était défendue contre un enfant qui l'embêtait souvent, et depuis lors elle n'a plus aucun problème de cet ordre. Je l'encourage à chaque fois qu'elle me raconte ce genre de chose (par exemple "tu vois, je te l'avais dit, si tu ne te laisses pas faire, il finissent par arrêter"). Il faut expliquer cela avec beaucoup d'amour, encourager l'enfant à chaque progrès que l'on constate, et en discuter avec lui à chaque fois qu'il le souhaite. De plus, ma fille se plaignait d'être seule sur la cour de récréation. Elle ne connaissait pas les jeux pratiqués par les enfants de son âge et n'osait pas aller vers eux. Je lui ai donné une corde à sauter et un élastique à apporter à l'école pour s'occuper. Le fait de la voir apporter des jeux auxquels on peut jouer à plusieurs a attiré des enfants qui lui ont demandé de jouer avec elle. Cela s'est fait petit à petit, et à présent, ma fille a une vie "normale" avec les autres enfants, elle ne joue plus jamais toute seule et s'est fait des amis d'autres classes. Tout cela est venu naturellement et petit à petit. Je vous souhaite bonne chance avec votre fils.

Mme Hanna Ovadia
Lundi 3 avril 2006 - 08:50

C'est transmis.
Merci.

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Mercredi 5 avril 2006 - 23:00

Chalom,
Je vous remercie tout d'abord pour votre réponse n°28971, ainsi que pour le témoignage.
L'enfant a six ans. A l'école et au Talmud Thora il ramène de trés bonnes notes. D'après les dire de ses professeurs, il est intelligent, autonome, sensible et parfois aussi distrait.
C'est un enfant assez ouvert au message de la Thora et soucieux de bien faire en général.
Depuis peu, je prend du temps pour lui apprendre à se battre physiquement avec quelques conseils pour qu'il règle ses problèmes avec des mots en priorité.
Ca a eu beaucoup d'effets positifs : il est plus sûr de lui, moins turbulent à la maison. il va même plus facilement vers les autres enfants.
Il reste cependant trop sensible aux moqueries. Quels conseils pourrait-on lui donner pour ne pas se laisser impressionner ?
Merci par avance

Mme Hanna Ovadia
Dimanche 9 avril 2006 - 11:08

S'il s'agit de moqueries sur son aspect physique: court de taille, gros, roux... votre mission est de l'aider à s'accepter et de le soutenir pour lui éviter de futurs complexes.
Cependant, les complexes reposent moins sur une réelle disgrâce que sur une vulnérabilité psychologique (parfois l'enfant n'a aucun signe extérieur particulier, mais il manque d'assurance et vénère secrètement un autre enfant débordant de personnalité) .
Là encore, notre disponibilité, écoute, amour, amour et amour jouent leur rôle.
(Attention, nous avons notre part de responsabilité sans pour autant être coupables).

Commençons par les choses à ne pas faire:
- définir l'enfant selon notre propre image défaillante (« Il est timide, comme moi »),
- ou l'inverse: trop en faire pour qu’il n’hérite pas d'un de nos défauts ,
- tenir un discours désignant le monde comme dangereux: à force de s’entendre répéter « Ne te fais pas avoir » ou « Fais attention », l’enfant peut nourrir un sentiment d’incapacité.
- se garder de minimiser sa souffrance: en faisant comme si elle n’avait pas lieu d’être (« Il n’y a que toi que cela dérange »), il se retrouve abandonné à lui-même, incompris et désarmé.
- ne pas utiliser l’analogie pour invalider sa plainte (« Regarde, maman aussi a des taches de rousseur, c’est joli ») et clore ainsi le sujet. Il doit pouvoir parler de lui sans craindre de nous vexer.
- ne pas "faire silence": si l’on ne peut pas en parler à la maison, l’enfant imagine que cela doit être vraiment grave.
- à l’inverse, éviter de s’appesantir sur ce qu'il ressent comme une disgrâce. Donc, éviter de multiplier les commentaires qui stigmatisent (« Tu n’as vraiment pas de chance » ; « Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de ces cheveux-là ? »), ou de modifier ce qui ne doit pas l’être (en lui enlevant ses lunettes par exemple, en atténuant ses taches de rousseur avec une couche de fond de teint, etc.).

Mais que faire? Comment l'aider?
- d’abord, reconnaitre son malaise et lui permettre d’en parler (« Je vois bien que ça t’embête, tu veux m’en parler ? »). Laissez-le exprimer sa colère, sa tristesse et son sentiment d'exclusion.
- si c’est possible, on peut essayer d’apporter des améliorations (choisir une autre paire de lunettes, opérer des oreilles décollées).
- l’aider à se défendre des moqueries ("Ils sont bêtes de te désigner comme ça", "Dis-leur plutôt de te dire comme ci", ou bien "Mais oui, et puis après, tu n'as rien de mieux à dire ?").
C'est l'occasion pour vous ici de lui rappeler ses autres qualités et exploits (un peu l'idee du "petit, mais costaud"). C’est en valorisant les qualités qu’il possède par ailleurs qu’on l’aide à reprendre confiance en lui.
Aussi, si la moquerie est totalement gratuite: il n'y a qu'à dementir, et "discréditer" un peu les paroles de ce camarade dont apparemment l'opinion compte tant pour lui.
- Si c'est le même camarade qui s'acharne contre lui, expliquez à votre enfant qu'il est probablement jaloux, "le pauvre". Car justement il ne sait pas être ou faire ce que lui, votre enfant, est ou fait si bien.
- Enfin, comme dans ma reponse precedente, examinez avec lui la possibilité d’une activité récréative qui le mettra en valeur.

Si les moqueries ont pour sujet ses affaires, objets, vêtements etc... A vous de faire le tri. Je suis contre forcer un enfant à porter un habit qu'il refuse avec des larmes. Ce qui peut avoir l'air d'un caprice cache parfois une peur des moqueries.
Il faut beaucoup parler avec lui afin de décider par vous-même comment l'aider pour chaque chose. Il est facile de changer de trousse ou de cartable si ca fait trop "bébé" par exemple. Par contre, si on se moque parce qu'il n'a pas tous les accessoires "Spiderman" alors, on pourra lui en acheter un, il pourra même choisir parmi un choix que vous lui proposerez, mais il faudra aussi lui faire comprendre que l'on n'achète pas tout.
Sans pour autant céder à tous ses caprices, l’enfant a besoin d’être habillé comme ses camarades de classe pour être à l’aise.

Je me rappelle des reponses que l'on disait à l'école: du style "c'est toi qui l'a dit c'est toi qui l'est". C'est tout bête, mais cela peut suffir.

Vous dites "il est trop sensible aux moqueries". Cela ne veut pas dire qu'il ne surmonte pas "l'épreuve". La preuve: il vous en parle, et pour le reste, vous décrivez un enfant sain et adorable.
Et plus important que le conseil en lui-même que vous pourriez donner, vous le faites déjà: vous êtes à son écoute, à chercher une solution ensemble. Vous êtes là pour lui, même si vous ne pouvez l'être physiquement à chaque instant.