Conversation 31202 - Tirer profit de la Thora

davidouh
Lundi 15 mai 2006 - 23:00

Chalom
Comment se fait-il qu'il ne faut pas tirer profit(argents) de la Torah, comment ferait les Rabanims sinon?
Merci et Kol touv!

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 18 juin 2006 - 19:08

Chalom

La Michna (Avoth 4, 5) dit qu'il ne faut pas se servir de la Tora comme d'une couronne pour en tirer de l'honneur, ni comme une pioche pour creuser.
Une manière imagée de dire qu'il ne faut pas que l'étude de la Tora nous serve à améliorer notre position sociale.

La position du Rambam sur ce point est extrêmement claire;
"Tout celui qui pense qu'il étudiera la Tora sans travailler et se nourrira de la Tsedaka profane le Nom Divin, abaisse la Tora, éteint la lumière de la Tora, se fait du mal, et perd son monde futur, car il est interdit de profiter de la Tora dans ce monde-ci" (Hilkhot Talmud Tora, 3, 10). Le texte est plus long, mais de crainte de ne pas le rendre en français de manière suffisamment précise, je préfère ne pas le traduire.

Il reprend dans son Michné Tora ce qu'il avait écrit plus tôt dans son commentaire sur la Michna que nous avons citée précédemment. Il note cependant que la majorité des rabbins de sa génération gagnaient leur vie de leur rabbinat.
Le Rav Chimone ben Tsemah' Duran (Espagne-Algérie, 14-15ème) dans ses responsa (142-148) explique longuement pourquoi cet usage est autorisé.
En résumé, ce qu'il écrit est que tous les textes talmudiques qui critiquent cet usage ne reflètent pas une exigence halakhique de base, mais un niveau de piété particulier auquel ne peuvent prétendre tous les rabbins. Il ajoute une note autobiographique, en expliquant qu'avant qu'il ait fui l'Espagne pour se réfugier en Algérie, suite aux émeutes antijuives de 1391, il gagnait sa vie de l'exercice de la médecine, mais que ce métier ne nourrissait pas son homme en Algérie.

Rabbi Yossef Karo dans son commentaire sur le Michné Tora du Rambam et dans le Choulh'ane Aroukh écrit que de nos jours, appliquer ce qu'écrit le Rambam aurait pour effet d'abaisser le niveau de la Tora, les rabbins n'ayant plus le temps pour étudier et devant travailler pour se nourrir.

Nous répondons bénévolement aux questions sur Cheela, pour nous conformer aux paroles du Rambam, mais ayant des familles à nourrir, nous sommes appointés pour notre enseignement ou autre occupation rabbinique. Certains d'entre nous ont des occupations professionnelles qui ne sont en rien liées à la Tora, et ils appliquent à la lettre ce que le Rambam exige.