Conversation 36072 - Du masculin au féminin
Shalom,
J'ai posé une question qui n'apparaît pas dans la liste de mes questions et je me demande si je n'ai pas fait pas une fausse manoeuvre au moment de l'envoyer, raison pour laquelle je la repose. Si je n'avais pas fait de fausse manoeuvre et que ma question se retrouve deux fois sur le site, vous pourrez sans problème en effacer une.
Voici ma question: pourquoi dans la tefila, passons-nous constamment du masculin au féminin et vice-versa ? Ne nous adressons-nous pas toujours au (à la ?) même D. ? J'ai remarqué ces passages de l'un(e) à l'autre plus souvent dans la tefila séfarade (exemples dans la amida: Barou'h Ata Ha-Shem, Ata kadosh,... mais Asse lemaan Shema'h, Yemina'h, Torata'h, Kedoushata'h,...) mais également chez les ashkénazim (exemple dans la amida: Modim ana'hnou La'h... alors que tout le reste est au masculin).
Est-ce simplement pour montrer que nous ne savons pas définir D. où y a-t-il une autre raison ?
Et y a-t-il une raison précise pour que certains mots soient au masculin et d'autres au féminin ou cela a-t-il été laissé au "hasard" ?
Enfin, cela porte-t-il à conséquence si on n'utilise pas la forme utilisée dans le sidour dans lequel on prie ?
Shavua tov et merci pour toutes vos réponses et votre travail.
Chalom,
Désolé de vous décevoir. Il ne s'agit pas de passage du masculin au féminin,
Toutes ces formes sont masculines, et cette différence est une différence grammaticale, la forme XXXEKHA se transformant en fin de phrase ou de partie de phrase en XXXAKHE.
Sur la question 36072.
Ce n'est pas tout à fait comme l'a écrit le rav Kahn.
La forme du masculin en hébreu est אְךָ (le א peut et doit être remplacé par n'importe quelle autre lettre, car jamais un chewa na' ne sera sur une lettre gutturale, j'ai juste écrit א car mon ordinateur ne permet pas de mettre des voyelles sur la lettre X), ou en fin de verset (c'est à dire sur un atna'h ou sof passouq) אֶךָ). (en français, ou chewa qame's ou seghol qame's).
À l'exception de quatre mots qui en fin de verset ne se déclinnent pas אֶךָ (seghol qame's) mais אָךְ (qame's chewa): לך, בך, איתך, אותך, עימך.
Cela explique pourquoi les achkenazim disent מודים אנחנו לָךְ.
Maintenant en araméen, en aussi en hébreu talmudique (michna...), les formes sont différentes.
La forme du masculin est אָךְ (qame's chewa), et il n'y a pas de différence entre début milieu ou fin de phrase. La forme du féminin étant אִיךְ. Par exemple il faut dire עשה לָךְ רב, וקנה לָךְ חבר. De même que l'on dit שלי שלָּךְ ושלַּךְ שלָּךְ.
Maintenant, est-ce que l'on doit prier suivant la grammaire hébraïque ou araméenne? Evidemment le minhagh du monde (inclus le minhagh d'origine des achkenazim) est de prier parfois suivant les formes araméennes et parfois suivant les formes hébraïques, bien que cela se contredise.
L'auteur du Yachrech Ya'aqov a voulu changer le minhagh, le rav 'Hida s'y est opposé.
Les Achkenazim ont tous changé pour la grammaire hébraïque il y a 400 ans environ avec l'apparition du siddour du rav Chabbatey Sofer de פרעמ... (je ne me rappelle plus comment se termine le nom de cette ville;-)), qui a reçu les haskamoth de tous les gedolé haddor de son époque, (entre autres, Maharch"a, que tout le monde connait).
Chez les Séfaradim, le rav Chaoul Hakkohen, auteur du livre de grammaire Lé'hem Habbikourim, un des maitres de Djerba d'il y a peut-être 100, 150 ans, a écrit pour le Yachrech Ya'aqov, qu'il fallait changer et prier suivant la grammaire hébraïque biblique. Cela a été accepté par les sages de Djerba et jusqu'à présent, le rav Mazouz chalit"a prie suivant la grammaire, et a écrit encore d'autres preuves allant de ce sens.
Cependant d'autres, comme les rav 'Ovadia Yossef chalit"a, sont d'avis comme le rav 'Hida, qu'il faut rester sur notre coutume et ne pas changer.
Pour cela, dans le siddour Ich Ma'slia'h, qui est édité par la Yéchiva du rav Mazouz, les formes correctes grammaticalement parlant sont écrites, et pour respecter le rav 'Ovadia Yossef et ceux qui veulent ne pas changer, les anciennes formes sont écrites entre parenthèses.
En gros, les arguments du pour:
La ponctuation en usage se contredit elle même: שים חלקנו בתורתָך שבענו מטובָך שמח נפשנו בישועתָך, et que dit-on après? וטהר ליבנו לעבדךָ באמת. Parfaitement illogique.
Nos sages se sont efforcés à prier suivant le langage biblique. Par exemple, ils ont institué le texte de ותודיענו(à yom tov qui tombe un yom richon), or ce mot commence par un waw hahipoukh, qui transforme le futur en passé, et ce waw hahipoukh n'existe qu'en hébreu biblique.
De même il y a des avis précédents le yachrech ya'aqov qui pensent qu'il faut prier suivant la grammaire hébraïque.
Les arguments du contre.
Comment peut-on prétendre que nous connaissons la grammaire et voulons prier en accord avec elle? Ceux qui nous ont précédé ne la connaissaient pas?
En gros, lema'assé, je n'ai pas vraiment d'avis la dessus. Alors, celui qui peut investir sur ce sujet et se faire une idée là dessus, qu'il le fasse. (et non pas comme je l'ai vu dans un livre d'un jeune rav contemporain qui a voulu se positionner là dessus et trancher, quand tous ses arguments étaient faux, et qu'il a falsifié les textes qu'il citait!). Autrement, quoiqu'on fasse, on aura toujours des "grands arbres" pour se reposer sur eux!
Kol touv
Chalom
Je vous baisse mon chapeau, je n'en sais pas autant que vous sur ce sujet.
Merci