Conversation 3640 - Pourquoi parler de D.ieu au pluriel?

Anonyme
Lundi 6 janvier 2003 - 23:00

Erev tov,

en ces temps de forte publicité pour la secte des "raëliens" ;ils pensent tirer leurs "hallucinations" du fait de l'emploi du pluriel "elokim" ds le premier perek de breshit: alors, est-ce un pluriel de majesté ou est-ce pour exprimer les deux côtés mâle / femelle du Créateur avant leur séparation au gan eden en Adam ha richon et en 'Hava ?

En tout cas , encore une secte qui se sert de l'hébreu comme base de "réflexion"; qui a dit que la Torah était dépassée !!!

Kol tov aleikhem

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 18 février 2003 - 23:00

La réponse la plus brève et la plus précise est que ce pluriel exprime le fait qu'Il est Celui qui maîtrise toutes les forces en oeuvre dans le monde : "Baal Hako'hot koulam".
C'est ainsi qu'un auteur du 19è siècle a pu proposer une traduction "osée" mais percutante : Lui-les-dieux, à savoir qu'Il est, Lui qui est Un, ce que les païens appellent "les dieux". C'est pourquoi ce même terme peut désigner aussi les divinités étrangères (elohim a'hérim) et, parce que l'idée de force est liée à celle de la rigueur de la justice, les juges terrestres (p. ex.: Exode 21:6 - "son maître l'amènera par devant le tribunal" [trad. Bible du Rabbinat])

Ce n'est donc pas un pluriel de majesté et je ne sais pas où vous avez pêché (je devrais dire péché) les côtés mâle et femelle dont vous parlez en les rapportant 'halila au Créateur alors qu'il s'agit de l'être de la créature (Adam Harichone) qui en son unité originelle et primordiale contient indivis la dimension masculine et la dimension féminine.
De plus, il n'y a pas Adam Harichone et 'Hava, mais Haadam Harichone tout court et ensuite, Haadam véIshto et seulement après la faute Adam et Hava. Ces sujets ne supportent pas les approximations de vocabulaire, soyez donc très vigilent car à parler trop hâtivement, on risque le blasphème (Hilloul Hachem).
C'est d'ailleurs à partir de telles distorsions qu ese constituent les sectes...

Anonyme
Mardi 18 février 2003 - 23:00

Shalom Rav,
j'avoue être un peu surpris du ton de votre réponse (q: pourquoi parler de D... au pluriel ? n° 3640) que j'attribue à la gravité du sujet traité...Loin de moi l'idée de profaner le nom de Hashem ou encore de me servir de psoukim pour justifier ou "créer" une secte !....
Mais je vous remercie aussi de vos mises en garde concernant le hilloul hashem et pour votre leçon de prudence...
Ceci étant dit, j'aimerai quelques précisions :
1) si "elokim" correspond aux "dieux" païens, que signifie l'emploi de "k-elim" ds chirat hayam, traduit par "forts" (PataH' Eliyahou) mais n'est ce pas le puriel de "k-el" ? De plus n'est-ce pas un moment parfait pour montrer qu'Il est au-dessus "des dieux" païens (egyptiens en l'occurence)

2) Concernant le pluriel de majesté, c'est une idée que j'ai vue confirmée dans plusieurs ouvrages écrits par des rabbanim

3) Concernant les principes masculin et féminin ma question était très peu claire en effet, et même un peu "glissante". Je voulais simplement avoir confirmation que adam harichone "contient indivis la dimension masculine et la dimension féminine." Loin de vouloir "pêché" / péché, mon raisonnement était celui-là: si adam harichone contient originellement les deux principes créateurs, c'est que le Créateur a souhaité les mettre en lui. Cependant je voulais savoir si dans son Unité le Créateur les possède aussi (ce qui paraît "logique" pour l'Etre parfait) ou bien si étant lui-même Créateur suprême des lois de la nature (où c'est l'union des principes mâle/femelle qui crée la nouveauté) et libre de les changer dans sa tout-puissance, il n'avait créer le monde en tant que UN (sans union d'un principe mâle/femelle, ce qui le rendrait trop "naturel") et avait ensuite distinguer mâle et femelle car l'homme était devenu "indigne" d'être aussi Un que Lui...

Voilà, j'espère avoir été plus clair cette fois et ne pas donner l'impression, h'az veshalom, de "blasphémer".

Merci de votre réponse

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 19 février 2003 - 23:00

Je n'ai certes pas voulu dire que vous vous serviez de psouqim pour créer une secte mais que les imprécisions (voulue ou non) dans les citations et leur interprêtation participaient du mécanisme qui sert à la création des sectes, ce dont je n'ai parlé incidemment qu'à cause du fait que vous aviez vous-même critiqué (à fort juste titre) les raéliens.

Je tiens à préciser que bien qu'une question soit posée par quelqu'un en particulier, les réponses se doivent de s'adresser à tous (c'est pourquoi lorsque les choses prennent une tournure trop personnelle, surtout dans les questions de Halakha, nous suggérons de continuer à les traiter hors site). Le ton d'une réponse ne vise donc pas le questionneur personnellement mais - lorsque cela semble nécessaire - les problèmes que soulèvent certaines manières de s'exprimer.
Si ce que j'ai dit (et que je maintiens quant au contenu) vous a personnellement froissé, acceptez mes excuses.

Quant aux questions elles-mêmes :
1) il faut dire élim et sans "précautions oratoires (k-) car il s'agit des forces (Rachi = 'hazaqim') et il faut constater de plus que c'est écrit dans la Thora sans le yod. Le verset "Mikhamokha baélim Hachem", d'après la tradition, est prononcé par Pharaon sur le point de se noyer et il reconnaît qu'aucune des puissances qu'il connaît ne peut être comparée à Hachem et ceci parce que "mikamokha néédar baqodèche" parce que Hachem est glorifié par sa sainteté alors que ces puissances relèvent de l'impureté, et c'est pour cela que "nora téhilot" l'idée de dire Sa louange est génératrice de crainte car toute louange pour Lui est par définition insuffisante tant "ossé phèlè" son oeuvre est merveilleuse.
C'est donc précisément ce que vous dites "moment parfait pour montrer qu'Il est au-dessus des dieux païens" que ce verset exprime

2) Je connais l'idée de majesté à laquelle vous faites allusion. Elle permet d'éviter de rentrer dans les détails jugés scabreux de la confrontation avec l'idôlatrie. L'hébreu classique traditionnel n'a jamais utilisé le pluriel pour dire la majesté, mais la troisième personne du singulier. L'une des manières traditionnelles supplémentaires de "traduire" Eloqim est "Hou ouBeth dino" : Lui et Son tribunal.

3) C'est votre formule : "pour exprimer les deux côtés mâle / femelle du Créateur avant leur séparation" que a suscité la critique dont le ton vous a surpris. Vous avouez vous-même qu'elle est glissante. Je continue à avoir des réserves sur certaines des affirmations de votre exposé quant au contenu ou quant à la forme, en tout cas. La chose écrite exige prudence. La réponse n'est donc pas aisée à formuler. En Son unité absolument simple et non composée aucune distinction s'appliquant à la réalité manifestée ne peut être faite. Tout ce qu'on peut dire, c'est que lorsque nous parlons de la manifestation de Sa Présence nous nous y référons au féminin : la Chékhina et que c'est cette manifestation de Sa Présence que nous appelons Son Nom. Lorsque le monde tel qu'il est ne témoigne pas de Sa Présence, nous disons qu'il y a hiatus en tre Lui et Son Nom et c'est pourquoi lorsque l'histoire aura abouti, nous disons que Lui sera Un et Son Nom sera Un.
D'autre part, c'est Kénésset Yisrael, l'Assemblée d'Israël en son unité collective intemporelle, qui est le véhicule de cette Présence et qui en tant que telle est figurée par les Prophètes comme l'épouse à laquelle Dieu s'adresse en lui disant je t'ai donné une Kétouba, la Thora, mais en réponse à ceux qui prétendent que Je t'ai répudiée, où est donc le guett, l'acte de divorce que Je t'aurais donné ?

La dernière partie de votre remarque est totalement fausse. La séparation est antérieure à la faute. Relisez les passages correspondants de la Genèse : Jusque-là, au terme de toutes les étapes de façonnement du monde le jugement porté était : c'est bien. A ce stade-là, le texte dit : "Dieu dit : ce n'est pas bien, parce que l'homme est seul, Je lui ferai une aide à la mesure du problème qu'il doit affronter".

Anonyme
Mercredi 19 février 2003 - 23:00

Shalom,
merci beaucoup pour vos explications très claires...je crois comprendre mieux maintenant...Dans votre optique, où l'on ne peut appliquer au Créateur les disntinctions appliquées à la matérialité, je comprends mieux les réserves que vous avez concernant mes propos...
Que ces réponses m'apprenent à faire preuve dans la chose écrite de la prudence qu'elle impose.

PS: je vais de ce pas relirer les premiers chapitres de Béréshit !

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 19 février 2003 - 23:00

De préférence en hébreu et, si vous pouvez, n'oubliez pas le commentaire de Rachi.
Béhatzla'ha !