Conversation 38090 - C'est barbant

moshe-cohen
Samedi 1 septembre 2007 - 23:00

Bonjour,

Nous avons vu dans la parasha de cette semaine (ki-tavo) m'importance de mettre de la joie et de l'antousiasme dans notre pratique religieuse et surtout la gravité de ne pas en avoir.

Qu'est il preferable de faire la thora dans le tristesse et de ne pas la faire et d'être heureux ?

Comment trouver de la joie quand on n'en a pas (ex : se lever à la téfila alors qu'on fond de nous on trouve cela barbant et on ne se sent pas en contact avec Ashem) ?

Existe t il textes et références pour décrire ce processus et le moyen de l'acquerir ?

Je repense à Rabbi Akiva qui, sur son lit de mort, se faisait torturer tout en étant heureux de son sort, de celui de mourrir par kidoush ashem, comment est il possible de ressentir une joie sincère dans un moment d'une telle souffrance ?

Merci d'avance.

Respectueusement

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 4 septembre 2007 - 14:56

Chalom

Personne n'a jamais pensé rendre quelqu'un quitte d'observer les Mitsvoth de la Tora sous prétexte qu'il n'arrivait pas à les faire dans la joie. C'est un excès dont furent soupçonnés les premiers Hassidim, ce qui explique la virulence de l'opposition qu'ils ont rencontrée, notamment de la part du Gaon de Vilna.
Et personne n'attend de nous que nous nous élevions au niveau de rabbi Akiba, bien que la martyrologie juive ne manque pas d'exemple.
Comment trouver la joie et la motivation?
En étudiant, et en essayant de comprendre pourquoi on fait les choses.
Etudiez des livres de pensée juive et de moussar.
Je pense que le Tanya pourrait être un bon début, mais il vaut mieux l'étudier avec un maître, pas obligatoirement (ou de préférence pas) Loubavitch (je vais me faire des ennemis!)

vallee
Lundi 3 septembre 2007 - 23:00

Chalom, à propos de la 38090
avec tout le respect qui vous est du, et l'Ahavat Israël bien sûr, qui va au delà de tout, et bien que la plupart du temps les réponses que je lis sur le site ne sont pas celles que j'aurai "espérées", chacun sa voie et ses interprétations, il y a partout un élan de vérité, mais engager quelqu'un à étudier le Tanya, oeuvre magnifique qui fait goûter aux "mets du Chabbat", en conseillant que ce ne soit pas fait avec un maître Loubavitch, c'est un peu comme conseiller-léavdil- un cours de physique pour la comprendre mais surtout PAS avec un physicien. Et tout cela pourquoi? Je ne veux même pas le savoir, tant jaillit en moi l'idée que c'est par préjugé etc...ça ne m'interresse pas, c'est tout simplement aberrant.
Ils seraient contents, le Baal Chem Tov, l'Admour Hazaken, le Rabbi Rayats et le Rabbi de Loubavitch et les autres de lire un conseil pareil (mais si je les aime bien, j'ai même des amis Loubavitch un peu, ça me rappelle la France, pas celle qu'on pense...). Vous avez peur que votre internaute devienne Habad? Quelle belle peur, après tout...vu la force de ce mouvement et son souci de meileure pratique des Mitsvot, d'Ahavat Israël et de lumière à répandre dans le monde! vous inquiétez pas, on dit que l'Admour Hazaken a déjà "choisi" ses "adeptes" futurs. cela dit, à part cela, le Tanya ne peut que s'étudier parfaitement qu'avec le maître qui porte en lui, sur lui, la totalité-ou l'acceptation, on reste humain- des enseignements des maîtres du Tanya, c'est à dire, de l'Alter Rebbe à ses successeurs. Ca me parait évident. Vous saviez qu'on allait peut-être réagir, ça ne fait pas de vous mon ennemi, cela irait ds le sens contraire de ce que D.ieu nous demande, et le Tanya aussi n'est-ce pas, mais ça ne vous donne pas raison non plus.
Vivement Machia'h et la délivrance immédiate, afin d'oter les voiles les plus épais, et ceux, plus raffinés.

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 7 septembre 2007 - 08:12

Chalom

Ma remarque n'était en rien dirigée contre les Hassidim de Habad.
Mais j'aurais de la même manière déconseillé d'étudier le Rav Kook avec des élèves de la Yechiva de Merkaz Harav ou de celle de Har Hamor.
J'estime qu'il faut parfois un peu de recul pour bien étudier.
Parfois "Haahavah mekalkélét et hachoura", trop d'amour nuit.
Concernant l'étude du Tanya, il y a une raison supplémentaire.
Le Tanya étant considéré par beaucoup de Hassidim, ceux de Habad sûrement, comme le Tora Chébikhtav, la loi écrite de la Hassidoute, on l'étudie comme on étudie la Tora, en cherchant le sens caché de chaque mot, en pesant chaque expression. Presque comme la Tora.
Quand on étudie la Tora de cette manière, ce n'est pas la Tora qu'on étudie.
C'est le Midrache qu'on étudie. Ou des commentateurs.
De la même manière, les élèves du Rav Kook, enseignent trois lignes en une heure, et parle du Rav Kook, mais ne le laissent pas parler lui-même.
Pensant que le Baal Hatanya a plus de choses à dire que ses Hassidim, je préfère le laisser parler.
Une année, le "Mashpia" de Habad a donné quelques cours de Tanya à la Midracha, et n'a pas dépassé le premier chapitre.
J'étudie le Tanya parfois avec mes élèves et on le termine en une année, à raison de deux rencontres hebdomadaires. C'est de cette manière qu'on peut saisir le message que veut ce magnifique livre nous livrer.

chcou
Mardi 4 septembre 2007 - 23:00

Cheela 38090:
Je serais sincérement interessé par un développement de votre derniére phrase sur les Loubavitchs ...

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 7 septembre 2007 - 08:13

Rendez vous à la 38158

touitoutouitou
Dimanche 9 septembre 2007 - 23:00

pour reagir a la 38090:
Chalom,
le deuxième effet pervers c'est que parfois des ados de 20 ans a peine donne des cours de Tanya alors qu'ils n'ont étudiés que ça ou presque.
=> on enchaine des phrase profonde comme si c'etait des verités evidentes.on devrait l'etudier comme le Maharal ou des Sfarim de ce genre au lieu de ça on enseigne ça comme des Michanïots pour enfant ou je sais pas quel genre.
(c'est l'incompétence flagrante de gens qui enseignent le Tanya qui m'ont toujours rebutés à l'ouvrir...)

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 12 septembre 2007 - 02:13

Chalom

Je n'ai jamais été confronté au phénomène que vous décrivez, nous éouluons appremment dans des milieux différents.
Merci pour votre message et Chana Tova.

moshe-cohen
Samedi 15 septembre 2007 - 23:00

Chana Tova à tous,

Je reviens sur la question que j'avais posée, la 38090, elle semblait avoir ouvir un débat autour du Tanya.

Je voulais juste rajouter que je sais ce que je cherche, mes questions (en autre celles que j'ai posées ici) on pour but de m'aider à trouver le ''bon chemin'' ou plus precisemment celui qui me convient le plus de manière totalement personnelle (qui pourrait ne pas convenir du tout à d'autre bné isra

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 23 septembre 2007 - 08:20

Chalom,

C'est bien ainsi que je l'avais compris, et c'était le sens de ma réponse.
Le débat entamé sur le Tanya (et j'espère avoir convaincu qu'il n'y avait rien dans ma remarque qui devait offenser les Hassidim de Habad) n'a rien à voir avec votre question.
Mais bien entendu, la solution que j'ai proposée n'est pas la seule.

moshe-cohen
Mercredi 26 mars 2008 - 23:00

Bonjour,

Je voudrais revenir sur la question 38090 et relancer le débat sur le limoud.

J'avais mis en opposition les mitsvots (parfois barbantes) et la joie qui doit nous habiter en permanence.

Je vais formuler les choses de manière différente.

Comment parvenir à trouver la joie (qui est un sentiment purement personnel) dans une action qui à priori n'en est pas générateur.

Je vais prendre un exemple concret.

Dans la ville ou j'habite il y a un beth-amidrash, des cours sont donnés et de nombreuses personnes viennent étudier, jusque la tout va bien !

Mais il on regarde d'un peu plus prés on se rend compte que les personnes qui viennent aux cours sont là depuis de nombreuses années, qu'elles assistent toujours aux mêmes cours.

Quand on parle avec ces mêmes personnes on se rend qu'elles n'ont pas un véritable ''plan de carriére toranique", elles viennent parce qu'il faut étudier.

Elles ne semblent pas trés motrices dans l'étude qu'elles entreprennent 2 ou 3 fois par semaine.

La joie est elle presente dans cette mitsva qui est pourtant équivalente à toutes les autres ? je n'en suis pas sur !

C'est plus une routine qu'autre chose.

Alors c'est dans ce contexte que je souhaiterais placer ma question, qui s'adresse à ceux qui ont trouvé cette saveur suave, ce plaisir procuré par l'étude, le même que l'on voit dans les yeux des passionnés, comment faites vous ?

Comment faire pour trouver cette joie avant de se plonger dans une étude qui prendra alors un sens nouveau ?

Je pense que lorsque l'on parle à quelqu'un qui n'étudie pas en l'incitant à la faire et qu'il vous retorque qu'il n'est pas fait pour ça, je pense surtout qu'il n'a jamais senti la joie d'étudier (je vous avoue en faire partie !), alors comment lui en donner un bout ?

Merci par avance pour vos réponses . . .

Chabbat Chalom

Dr Michael Ben Admon
Vendredi 28 mars 2008 - 01:08

Shalom,

Vous differenciez avec justesse la question de la repetitivite des mitsvots face au sentiment de joie qui les accompagne de la question de l'etude.
Concernant les mitsvots: une des critiques les plus justes de l'Islam contre le Judaisme est celle du ritualisme: une religion ritualiste, basee sur la repetitivite du culte, ne peut que creer un homme de type hypocrite; car comment serait-il possible d'insuffler dans chaque action un souffle nouveau ? L'homme soumis au rituel deviendrait une sorte de robot, preferant telle action a une autre sans pour autant le comprendre. Cela revient a preferer l'etouffement de la personnalite derriere certaines actions au prix de l'authenticite, de l'epanouissement de soi et une certaine sincerite face a ses actions.
Cette problematique a ete longuement traitee dans les textes de halakha et philosophie juive et je ne vous citerai que 3 positions:
1/ Le Judaisme ne prone aucunement l'experience religieuse et ne voit dans le sentiment de joie qui accompagne l'accomplissement de la mitsva qu'un residu d'egoisme et de non-sincerite, Bien plus, ce faisant l'homme entraine un renversement des valeurs: plutot que de servir Dieu et de se soumettre a ses commandements, il se transforme en sujet du service religieux. Il devient le centre de l'activite religieuse, alors que l'ideal seait l'action totalemment desinteressee. La joie ou tout autre sentiment conferant une certaine epaisseur au 'moi' est a bannir. Le but est la transformation du 'Ani' (moi) en 'Ayin' (neant) - deux mots avec lettres permutatives. Certains maitres de la Hassidout vont en ce sens (ces memes hassidims qui pronaient pourtant la joie!) et de nos jours cette position (quoique differente sur certains points essentiels) a ete fortement defendue par le Prof. Leibovitz. Ce dernier citait un texte de Maimonide selon lequel toute mitsva mene a 3 consequences possibles: le bien de la societe, le renforcement de la pratique morale ou la perfection intellectuelle.

2/ L'experience religieuse, la joie, dans la pratique est le but ultime. La monotonie du quotidien fait oublier a l'homme cet ideal de renaissance constante au travers du rituel. Le rabbi de Kotsk disait: 'celui qui prie parce qu'il a prie hier - c'est un mecreant'. Le rituel doit rappeller a l'homme sa jeunesse dans ce qu'elle a de plus petillant - la quete de l'absolu et la non-satisfaction du passe. Cette approche apparait clairement chez Rabbi Nahman de Breslev et surtout chez son eleve Rabbi Nathan. Pour illustrer cette reponse, Rabbi Nathan questionne la version de la confession monotheiste (Shema Israel - Ecoute Israel l'Eternel est notre Dieu, l'Eternel est Un) prononcee matin et soir. Il aurait suffit de declarer l'uni(ci)te de Dieu, alors pourquoi le 'Shema' - Ecoute? Sa reponse: Lorsqu'on cherche a tenir quelqu'un en eveil, a lui devoiler une chose importante, on l'interpelle 'ecoute, ecoute!!!); c'est pourquoi a chaque lecture du Shema, l'homme doit redonner sens a son rapport a Dieu, aux mitsvots. Ideal grandiose, mais tres elitiste. Mais c'est a cela qu'il faut tendre.

3/ Il y a une valeur intrinseque au ritualisme dans toute sa monotonie. Tout d'abord, il a l'avantage de l'automatisme. L'homme agit d'une facon souhaitable, accomplit les mitsvots envers Dieu les hommes et la societe sans trop y reflechir. Agir bien d'une facon automatique est encore un reve dans une humanite ou la morale n'est pas toujours l'evidence. De plus, l'automatisme agit sur le corps et le corps modele un certain comportement et un rapport au monde.
Dans une perspective proche, le ritualisme a le merite de donner sens a certaines petites actions de la vie qui sont quelquefois vecues sous un mode oublie.

Concernant l'etude: la solution est de se dresser un programme comprenant une liste de sujets qui m'interesse, placer ces themes dans un contexte vaste, rechercher dans des livres, sur Internet, en gros transformer cette etude en une veritable recherche dans les textes juifs et pourquoi pas dans une perspective comparative.