Conversation 43313 - La Shoah, punition divine ?
La Shoah etait elle une punition divine meritee ?
On s’est beaucoup interrogé, au cours des soixante dernières années, sur la signification de la Shoah.
Chez certains, cette réflexion a contribué à leur faire perdre la foi, tandis que chez d’autres leur fidélité à Hachem s’en est trouvée renforcée.
Certains, dans les milieux chrétiens, ont vu dans la Shoah une punition du peuple juif pour n’avoir pas accepté Jésus. D’autres ont considéré, et ce parmi les Juifs, et même parmi des rabbins renommés, qu’elle était une punition infligée par Hachem pour n’avoir pas obéi à la Tora .
Cette seconde explication me paraît tout aussi inacceptable, et même plus scandaleuse, que la première. Elle revient en effet, d’une part, à vouloir lever un coin de voile sur ce qui demeure un mystère de la volonté divine, et à se substituer à cette volonté, fondamentalement inexplicable. Elle aboutit, d’autre part, à nous culpabiliser et à nous imputer une part de responsabilité dans ce génocide unique à travers l’histoire.
Hachem reste « caché » et ne Se révèle pas. Cette condition est voulue par la psychologie de l’homme tout autant que par le projet même de Dieu dans la création : Il ne Se montre qu’à ceux dont la foi est si grande que Sa révélation ne changera rien à leur croyance.
Car s’il y a eu dans la Shoah « silence de Dieu », il y a eu tout autant silence des hommes, et c’est là peut-être la seule explication un tant soit peu rationnelle que l’on puisse lui donner.
Une des spécificités de la Shoah réside dans le fait que les Nazis ont continué de déporter et de massacrer les Juifs alors même qu’ils étaient sur le point de perdre la guerre, alors même que les déportations compromettaient leurs efforts du point de vue militaire. Rappelons-nous que les trains vers Auschwitz ont continué de rouler malgré la précarité criante de leurs voies de communications et de leurs moyens de transport.
C’est dire que la Shoah a consisté à massacrer les Juifs non pas en tant qu’ennemis de l’Allemagne, mais en tant que Juifs, interdits à ce titre de continuer de vivre.
Je voudrais, pour conclure, citer deux sources d’inspiration très différente, mais très congruentes à notre sujet :
1. « Un jour, à Brooklyn, raconte Elie Wiesel, j’ai demandé au célèbre Rabbi Mena‘hem Mendel Schneersohn de Lubavitch : “Comment peut-on croire en Dieu après Auschwitz ?” Et lui de me répondre : “Après Auschwitz, comment ne pas croire en Dieu ?” Au premier abord, la remarque m’a paru fondée : Puisque tout le reste a échoué – civilisation, culture, éducation, humanisme – comment ne pas se tourner vers le ciel ? Et puis je me suis ressaisi : “Si vos paroles constituent une question, je l’accepte volontiers ; si elles se veulent une réponse, je la récuse.” »
2. « L’un des plus grands maîtres juifs de notre génération, le Rabbi de Klausenbourg (Klausenburger Rebbe ), a perdu sa femme, ses enfants et sa famille dans les camps nazis et il a lui-même passé deux ans dans l’enfer d’Auschwitz. Il en a pourtant émergé pour ramener au judaïsme toute une génération de rescapés, pour fonder une communauté à New York, puis une autre en Israël.
J’ai souvent entendu cette éminente personnalité évoquer les camps de la mort et ceux qui y ont péri. J’ai trouvé dans ses propos des larmes et de la tristesse, mais jamais une mise en question. Car c’est bien d’un tsaddiq qu’il s’agit, dont l’esprit pénétrant voit bien au-delà de l’immédiat. Lorsque l’on considère ce qui forme l’Ultime, alors vraiment il n’y a pas d’interrogations.
Le plus important est de nous rappeler que Dieu est le Bien ultime et que, par conséquent, même le pire sera un jour transformé en bien (Rabbi Moché ‘Hayyim Luzatto, Kela‘h pit‘hei ‘hokhma , 2). L’homme peut faire le mal, mais ce mal qu’il fait sera lui aussi racheté par Dieu pour être transformé en bien. Le Talmud nous enseigne que nous devons dans ce monde bénir Dieu tant pour le bien que pour le mal, mais que, dans le monde à venir, nous nous rendrons compte qu’il n’existe rien d’autre que le Bien (Pessa‘him 50a). » (Rabbin Aryeh KAPLAN, Si vous étiez Dieu , Editions EMOUNAH).
suite a 43313
j ai beaucoup apprecie votre reponse ds le sens ou elle explique bien notre maniere errone de raisonner ds l immediat et d essayer d expliquer le projet divin
une precision: qd vous dites que d' ne se devoile qu aux plus grands tsadikkim est ce que vous y incluez des tsaddikim contemporains ou bien pensiez vous a nos illustres ancetres bibliques comme Moise?
Si vous pensiez egalement aux contemporains qu entendez vous par 'devoiler'?
La question de savoir si Hachem ne Se dévoile qu’aux plus grands parmi les tsaddiqim contemporains me paraît insoluble.
Seuls ceux qui croient pouvoir attribuer à tel ou tel grand Maître cette qualité de « tsaddiq contemporain » s’imaginent pouvoir la trancher, et elle est par conséquent susceptible de réponses diverses, voire contradictoires.
b''h
bonsoir
j'ai lu sur un journal un article sur la 2ieme guerre mondiale il parlait de la deportation des juifs et sur ce journal ils ont di que c'est d................. qui nous a puni en nous faisant deporter par les nazis
moi je pense pa cette avi
j'aimerias que vous repondiez a la question suivante:
esceque d................... nous a puni ? ou alors c'est l'homme qui a perdu la tete et a fait cette chose horrible?
merci de votre reponse
On s’est beaucoup interrogé, au cours des soixante dernières années, sur la signification de la Shoah.
Chez certains, cette réflexion a contribué à leur faire perdre la foi, tandis que chez d’autres leur fidélité à Hachem s’en est trouvée renforcée.
Certains, dans les milieux chrétiens, ont vu dans la Shoah une punition du peuple juif pour n’avoir pas accepté Jésus. D’autres ont considéré, et ce parmi les Juifs, et même parmi des rabbins renommés, qu’elle était une punition infligée par Hachem pour n’avoir pas obéi à la Tora .
Cette seconde explication me paraît tout aussi inacceptable, et même plus scandaleuse, que la première. Elle revient en effet, d’une part, à vouloir lever un coin de voile sur ce qui demeure un mystère de la volonté divine, et à se substituer à cette volonté, fondamentalement inexplicable. Elle aboutit, d’autre part, à nous culpabiliser et à nous imputer une part de responsabilité dans ce génocide unique à travers l’histoire.
Hachem reste « caché » et ne Se révèle pas. Cette condition est voulue par la psychologie de l’homme tout autant que par le projet même de Dieu dans la Création : Il ne se montre qu’à ceux dont la foi est si grande que Sa révélation ne changera rien à leur croyance.
Car s’il y a eu dans la Shoah « silence de Dieu », il y a eu tout autant silence des hommes, et c’est là peut-être la seule explication un tant soit peu rationnelle que l’on puisse lui donner.
Une des spécificités de la Shoah réside dans le fait que les Nazis ont continué de déporter et de massacrer les Juifs alors même qu’ils étaient sur le point de perdre la guerre, alors même que les déportations compromettaient leurs efforts du point de vue militaire. Rappelons-nous que les trains vers Auschwitz ont continué de rouler malgré la précarité criante de leurs voies de communications et de leurs moyens de transport.
C’est dire que la Shoah a consisté à massacrer les Juifs non pas en tant qu’ennemis de l’Allemagne, mais en tant que Juifs, interdits à ce titre de continuer de vivre.
Je voudrais, pour conclure, citer deux sources d’inspiration très différente, mais très congruentes à notre sujet :
1. « Un jour, à Brooklyn, raconte Elie Wiesel, j’ai demandé au célèbre Rabbi Mena‘hem Mendel Schneersohn de Lubavitch : “Comment peut-on croire en Dieu après Auschwitz ?” Et lui de me répondre : “Après Auschwitz, comment ne pas croire en Dieu ?” Au premier abord, la remarque m’a paru fondée : Puisque tout le reste a échoué – civilisation, culture, éducation, humanisme – comment ne pas se tourner vers le ciel ? Et puis je me suis ressaisi : “Si vos paroles constituent une question, je l’accepte volontiers ; si elles se veulent une réponse, je la récuse.” »
2. « L’un des plus grands maîtres juifs de notre génération, le Rabbi de Klausenbourg ( Klausenburger Rebbe), a perdu sa femme, ses enfants et sa famille dans les camps nazis et il a lui-même passé deux ans dans l’enfer d’Auschwitz. Il en a pourtant émergé pour ramener au judaïsme toute une génération de rescapés, pour fonder une communauté à New York, puis une autre en Israël.
J’ai souvent entendu cette éminente personnalité évoquer les camps de la mort et ceux qui y ont péri. J’ai trouvé dans ses propos des larmes et de la tristesse, mais jamais une mise en question. Car c’est bien d’un tsaddiq qu’il s’agit, dont l’esprit pénétrant voit bien au-delà de l’immédiat. Lorsque l’on considère ce qui forme l’Ultime, alors vraiment il n’y a pas d’interrogations.
Le plus important est de nous rappeler que Dieu est le Bien ultime et que, par conséquent, même le pire sera un jour transformé en bien (Rabbi Moché ‘Hayyim Luzatto, Kela‘h pit‘hei ‘hokhma , 2). L’homme peut faire le mal, mais ce mal qu’il fait sera lui aussi racheté par Dieu pour être transformé en bien. Le Talmud nous enseigne que nous devons dans ce monde bénir Dieu tant pour le bien que pour le mal, mais que, dans le monde à venir, nous nous rendrons compte qu’il n’existe rien d’autre que le Bien ( Pessa‘him 50a). » (Rabbin Aryeh KAPLAN, Si vous étiez Dieu , Editions EMOUNAH).