Conversation 512 - Mentir pour une bonne cause

Anonyme
Mercredi 3 juillet 2002 - 23:00

a-t-on le droit de mentir pour de bonnes causes (éviter de faire de la peine à une personne malade...)?

Rav Zécharia Zermati
Jeudi 4 juillet 2002 - 23:00

Dans le cas cité entre parenthèses, ceci est autorisé et rentre dans le cadre de "Mipnei Chalom moutar léshaker". Pour une certaine paix il est autorisé de cacher la vérité.
Chaque cas nécessit une question à un Rav afin de ne pas chutter dans un des grands maux de notre génération.

Rav Zecharia Zermati.

Anonyme
Lundi 24 mars 2003 - 23:00

dans pirkei avot I, 12 et AVOT DE RABBI NATHAN ibid

coment aimer la paix? lorsqu'il voyait 2 hommes se disputer, il s'approchait de chacun d'eux à l'insu de l'autre et lui disait : "voit comme il regrette et s'en veut d'avoir fauté. va le voir car IL M'A ENVOYÉ TE DEMANDER PARDON. ainsi dès quils se rencontraient, iols s'embrassaient aussitot...

ainsi ma question est :est ce que l'on a le droit de mentir pour le chalom et y a til dautres cas où l'on peut mentir?
merci de votre reponse

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 25 mars 2003 - 23:00

Le fondement de cette possibilité se trouve dans l'exemple que Dieu Lui-même nous en a donné ; lorsque les anges annoncent à Abraham la naissance prochaine d'un fils de Sarah, celle-ci ayant entendu depuis la tente où elle se trouvait, rit, se disant "après m'être flétrie retrouveré-je jouvence ? et mon époux est vieux !"
Hachem demanda à Abraham : "pourquoi Sarah a-t-elle rit disant 'pourrai-je enfanter, moi qui suis vieillie' ?"
Rachi : l'Ecriture a modifié en vue de la paix, car elle avait dit "mon époux est vieux".
Cf. Genèse 18:12-13.

Nous voyons dans cet exemple qu'il ne s'agit pas tout simplement d'un "pieux mensonge", mais d'une manière de présenter les choses qui estompe l'aspect susceptible de provoquer mésentente ou ressentiment en mettant plus en évidence un autre aspect de la réalité ; car Sarah a tout de même dit "après m'être flétrie" ce qui veut bien dire "je suis devenue vieille".

De même l'exemple cité dans les Pirqé Avoth et explicité dans Avoth déRabbi Nathan. Le fait qu'ils tombent dans les bras l'un de l'autre prouve que ce qu'Aharon leur avait dit à chacun était vrai. Mais la réalité contredisait cette vérité. Faire mentir la réalité pour faire éclater la vérité, telle était la vertu d'Aharon et il se savait messager de cette mission. Elle se fonde sur une certitude : les conflits surgissant entre nous sont dus à l'humeur, la vanité, l'orgueil, une certaine idée que nous nous faisons de nos intérêts. Tout cela existe, mais ne correspond pas à notre identité essentielle. Ce sont des accidents contingents à l'être vrai.

Anonyme
Samedi 28 juin 2003 - 23:00

Je me permets de vous adresser cette question sur le mensonge suite à la question 5364 à laquelle vous avez répondu.
Il n'est pas écrit dans le Décalogue "Tu ne mentiras point" : pourtant le mensonge est fustigé deux fois, dans le troisième commandement dans la mesure où il porte atteint à D- Lui-même, et dans le neuvième commandement où le faux témoignage peut léser autrui.
Est-ce à dire que la mythomanie (le mensonge qui embellit la vérité) ou le mensonge diplomatique (pour ne pas froisser quelqu'un) sont permis ?

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 28 juin 2003 - 23:00

La mythomanie étant une maladie, elle ne tombe pas sous le coup de la loi. Mais le complexe de Tartarin, c'est autre chose. Si c'est par vantardise, c'est bien sûr proscrit. Il faudrait faire ici la différence entre le mensonge et l'exagération ou l'hyperbole.
Le mensonge "diplomatique" faisait en quelque sorte l'objet de la question 5364. Je pensais avoir été suffisament clair. N'est-ce pas le cas ?
Le troisième commandement porte sur l'interdiction de prononcer en vain le Nom divin. Il ne concerne pas le mensonge spécifiquement mais toute occasion où le Nom serait prononcé sans nécessité, par exemple une prière vaine.
Le neuvième commandement concerne indirectement le mensonge par faux témoignage (ou témoignage vain) - on pourrait dire que ce qui est permis dans le cadre de la vie sociale (que j'ai essayé d'expliciter dans la réponse 5364) ne l'est plus devant le tribunal. Là, il faut répondre de manière concise et précise sans rajouter ni omettre, ni pour nuire ni au contraire pour favoriser mais pour aider le tribunal à établir les faits sur la base desquels il pourra juger.
Mais cela signifie aussi qu'on ne peut pas accuser quelqu'un gratuitement, sur la base d'une impression ou pire d'un ouï-dire, ou même par conviction.

Anonyme
Dimanche 29 juin 2003 - 23:00

Suite de la question 7706.
La Bible du Rabbinat traduit ainsi le troisième commandement :
"Tu n'invoqueras point le nom de l'Eternel, ton Dieu, à l'appui du mensonge ; car l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui invoque son nom pour le mensonge" Devarim 5,11
Il n'y est pas mentionné l'invocation du nom divin "en vain". Serait-ce un problème de traduction ou l'Hébreu est-il équivoque.
Quelle serait la prière vaine que vous évoquez ? En d'autres termes comment faut-il prier en dehors de la récitation des prières traditionnelles ? La prière spontanée est-elle réservée à la louange et au remerciement ?

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 29 juin 2003 - 23:00

1. Exode 20:7 et Deut. 5:11 - dans les deux cas, le terme utilisé en hébreu est : "lachav" qu'on ne peut traduire que par "en vain". Rachi précise : "hinam (gratuitement), lahevel (pour rien - c'est le terme utilisé par Qohélet et qu'on traduit par le fameux vanités des vanités...) ; et qu'est-ce qu'un serment vain, demande Rachi, par exemple de jurer à propos d'une chose connue qu'elle est autre qu'elle n'est, par exemple qu'une colonne de pierre est en or."

L'hébreu n'est pas équivoque. La traduction, une fois de plus, est problématique...

2. Toutes les prières spontanées sont permises, y compris celles où ont est amené à demander quelque chose qui nous fait cruellement défaut.
Une prière vaine est par exemple la suivante : vous rentrez chez vous et de loin vous voyez qu'il y a dans la rue un attroupement, une ambulance, les pompiers. S'exclamer : "Mon Dieu ! pourvu que ce ne soit pas chez moi !" est une prière vaine, parce que si c'est chez vous, halila, ça ne va pas changer magiquement parce que vous avez dit "pourvu que" ou pire "Mon Dieu, fait que ce ne soit pas..."
Cela devrait permettre de comprendre le rapport avec l'idolâtrie.

dinaa
Mardi 11 juin 2013 - 23:00

Chalom,
Suite a la question 512, est-il permis de mentir pour éviter de dire du lachon ara?
Par exemple si on nous demande (par simple curiosité) si telle personne a fait une faute et que la réponse est oui.., on sait que si on dit oui,notre interlocuteur aura une mauvaise image de la personne en question...ou pire, répétera a d'autres personnes etc. Peut on simplement mentir en disant non ce qui mettra fin a la discussion et évitera mauvais jugements et lachon ara?
Merci

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Question envoyée via l'application iPhone

Rav S.D. Botshko
Dimanche 16 juin 2013 - 21:40

Il est interdit di dire du lachon Hara et par conséquent, vous n'avez pas le droit de raconter les fautes de votre prochain.

Le mieux c'est de refuser de répondre à la question disant que de parler des personnes est du lachon Hara.
Mais si ce silence sera compris comme un aveu, il sera même permis de mentir