Conversation 5429 - Expliquer ou imposer?

Anonyme
Samedi 29 mars 2003 - 22:00

kvod arabanim
au sujet de l'interdiction des transports en commun le chabbat en israel:
j'ai un dileme interieur qui me travaille depuis que je suis en israel et que (pour la premiere fois de ma vie) je rencontre de vrais anti-religieux.
Qu'est ce qu'il vaut mieux: interdire completement les autobus le chabbat, et la, m'imaginant a la place d'un non religieux alors vraiment je serai plus qu'enerve (de quel droit m'interdit-on de me deplacer le chabbat mon seul jour libre de la semaine) ce qui entrenerai et meme qui entrene (je le pense sincerement) un degout pour la religion et d'ou des reactions anti-religieuse.
Ou bien vaudrait-il mieux autoriser, tout en essayant d'insister sur la valeur du chabbat et sa place centrale dans notre vie, et la peut etre, les gens seront moin retissants.
En clair, est ce que nous (le "religieux") ne sommes pas responsable de la haine qui existe chez les non-religieux pour la religion.

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 22 mai 2003 - 23:00

Votre question est plus proche de de la politique que de la Halakha, ce qui n'est pas la vocation de notre site. Mais n'etant pas une question de politique politicienne, je me fais un plaisir d'y repondre
La vie n'est malheureusement pas simple, et nous hesitons souvent entre deux bonnes possibilites … ou entre deux mauvaises. Dans notre cas les deux sont mauvaises.
Il est evident que toute coercition entraine des reactions negatives, des reactions de rejet. Ce qui pourrait nous entrainer a la conclusion qu'il vaut mieux, prenons l'exemple que vous citez parmi tant d'autres, laisser rouler les autobus le jour du Chabat.
Mais d'un autre cote, nous sommes attaches au caractere juif de l'Etat d'Israel, ce qui nous mene a la conclusion contraire, ne pas laisser rouler les autobus le Chabat.
Cette question envenime les relations entre les differentes parties (et differents partis) du peuple depuis avant la creation de l'Etat. De nombreuses personnes de bonne volonte, representant de courants differents se rencontrent dans differents forums, et envisagent differentes solutions a cette situation.
Dernierement, le Rav Yaacov Medan de la Yechiva de Alon Chevout et personnalite connue pour ses opinions (de droite) tres tranchees en politique a publie avec le Professeur Ruth Gabison de l'universite de Tel Aviv, personnalite de gauche, et universitaire reputee une brochure dans laquelle ils proposent un nouveau modus vivendi entre les populations laiques et religieuses en Israel.
Cette brochure part de la reconnaissance que la situation actuelle n'assure pas a longue echeance le caractere juif de l'etat, et que le caractere juif de l'Etat est cher aussi a la majorite de la population laique en Israel. Je ne m'etendrai pas sur les conclusions auxquelles ils arrivent.
Il y a un nombre invraisemblable d'organisations de forum etc… qui traitent de ce probleme. Pour ne citer que ceux qui me viennent a l'esprit en vous ecrivant: Moetset beyahad, Amanat Kinereth, Forum Ezrahi; un grand nombre de propositions a ete ecrit, que ce soit par des membres de la Knesset (le dernier en date Nah'oum Langental), des membres du kibbouts hadati (Amana h'evratit), etc…

Dans toutes les relations avec la population non religieuse en Israel, il me semble important d'avoir a l'esprit ce qu'a ecrit le Rav Chlomo Zalman Auerbach au sujet de l'interdiction de "lifney iver lo titen mikhchol" (dans son livre Minh'at Chlomo, 1, ch. 35), l'interdiction de faire trebucher son prochain (au sens figure). Selon le Choulhane Aroukh il est interdit d'offrir a manger a une personne qui ne recitera pas la benediction, car c'est lui faire transgresser une mitsva. Cependant, ecrit le Rav Auerbach, agir de telle maniere risque parfois d'amener a de plus graves interdictions, telles la haine de la Tora. Dans ce cas, il faut offrir a manger a une telle personne. Sans veritablement comparer le cas des autobus Chabat et le cas traite par le Rav Auerbach, il nous faut garder a l'esprit le fait que certaines decisions prises pour sauvegarder telle ou telle mitsva de la Tora, de maniere coercitive, entraine de bien plus graves interdictions.

Le Chabat n'est pas la seule source de la tension entre religieux et laiques. Les lois du mariage et l'impossibilite de nombreux citoyens israeliens de se marier selon les lois du pays, la mauvaise qualite des services religieux, le niveau de nombreux tribunaux rabbiniques, et malheureusement la corruption qui gangrene le ministere des Cultes et certaines Moatsot datioth ne sont pas etrangers a cet etat de fait. Sans citer la non participation d'une partie du public religieux a la defense militaire.
Le Rav Bakchi Doron, Grand Rabbin (sortant) d'Israel a eu le rare courage de noter que le public religieux ne pouvait pas se laver les mains de cet etat de chose, et je ne peux que me ranger a son avis.

Anonyme
Samedi 24 mai 2003 - 23:00

Shalom Rav

Tout d'abord je voulais vous dire que j'apprecie enormement votre style de reflexion.
suite a la question 5429; ou pourrait on avoir la brochure ecrite par le rav Medan et professeur Gabison ?

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 18 juin 2003 - 23:00

Je ne la retrouve plus dans ma bibliotheque, mais il me semble qu'elle a ete editee par le Merkaz Rabin dont vous pourrez trouver les coordonnees sur internet.
Bonne recherche, et excuses pour le delai de reponse du a des circonstances independantes de ma volonte.