Conversation 54314 - Interdire le tabac et l'alcool ?

3Dglasses
Mercredi 3 novembre 2010 - 23:00

Bonjour,

Je sais que le tabac est formellement interdit par la halaha car il est nocif dès la première cigarette. Cependant, au vu de certaines réponses sur cheela, l'alcool est autorisé avec modération, car sans excès, il n'est pas dangereux pour la santé.

Or depuis quelques temps (je vous l'accorde ces recherches sont récentes) il a été démontré que l'alcool dès le premier verre est cancérigène (http://www.rtl.fr/actualites/article/le-vin-cancerigene-des-le-premier-… et http://www.lefigaro.fr/sante/2009/02/18/01004-20090218ARTFIG00337-un-se…) et qu'un seul seul verre d'alcool augmente le risque de cancer (http://www.zemedical.com/zooms/alcool-cancer-daly-schveitzer).

D'un point de vue religieux il est formellement interdit de porter atteinte à son corps. Dès lors, si l'on est au courant du danger de l'alcool dès le premier verre, il semblerait que l'alcool devrait être interdit comme le tabac.

Cela me fait penser aux rabbins et à la croyance populaire qui disait au début du siècle dernier que le tabac était bénéfique pour la santé...

Je rajouterais également à cela la mitsva de la torah, « Kedochim tiyou », "Soyez saints" (Vayikra, chap 19)... Dans le Talmud (traité Berakhot 40a), rabbi Méir affirme que l’arbre interdit, dont Adam mangea le fruit, était en fait une vigne, étant donné que «ce qui provoque chez l’homme le plus de lamentations est le vin», comme il est écrit (Genèse 9, 20-21): «Noa’h, d’abord cultivateur, planta une vigne. Il but de son vin, s’enivra et se mit nu dans sa tente.» La Mishna (Sanhedrin 70b) dit qu’un garçon «ne devient pas un fils libertin et rebelle, à moins qu’il ne mange de la viande et ne boive du vin». De plus, l'alcool est religieusement déconseillé de part le risque d'oisiveté qu'il peut entrainé.

Comme vous l'avez compris, avec ces récentes données qui nous prouvent que l'alcool est dangereux pour le corps humain dès le premier verre, serait il donc halahiquement désormais nécéssaire de l'interdire?

Merci d'avance pour votre réponse.

Jacques Kohn z''l
Dimanche 7 novembre 2010 - 00:46

Votre question appelle plusieurs réponses :

1. C’est tout récemment qu’un grand nombre de rabbins – mais pas tous – se sont prononcés contre l’usage du tabac.
Cependant, si Rav Chelomo Zalman Auerbach z’l (Min‘hayh Chelomo 2:58:6), Rav Ya’aqov Kaminetzky z’l (Voir Reb Ya’aqov p. 240), Rav ‘Hayyim Kanievski (Voir Sheilas Rov p.92), Rav Moché Shternbuch (Voir Techouvoth VeHanhagoth 3:354), Rav Eliezer Waldenberg z’l (Voir Tzitz Eliezer 15:39), and Rav Chemouel Wosner (Voir Chévet HaLévi 10:295) mettent en garde contre son usage, ils n’édictent pas son interdiction.

2. Il est vrai qu’il existe dans la Bible et dans les textes talmudiques de nombreuses mises en garde contre le vin. Je rappelle cependant que « le vin réjouit le cœur de l’homme » (Psaumes 104, 15). Il joue d’autre part un rôle majeur dans nos rites (Kiddouch, Sédèr de Pessa‘h, etc.), de sorte qu’il ne saurait être envisagé l’interdire.

3Dglasses
Samedi 6 novembre 2010 - 23:00

En réponse à ma question 54314,

Je précise juste qu'il était question de l'interdire en dehors des rites religieux. Selon les sources scientifiques que j'ai cité, il était clair qu'une gorgée de vin pour le Kiddouch ne comporte aucun danger. Mais c'est a partir d'un verre (grosso modo) que le risque de cancer augmente .

Savez vous si certains sages ont déjà interdit l'alcool hors des rites religieux?

Merci pour votre réponse en tout cas qui m'a éclairé sur le sujet.

Jacques Kohn z''l
Dimanche 7 novembre 2010 - 08:31

Il n’est pas à ma connaissance qu’aucun décisionnaire ait jamais interdit la consommation du vin en dehors du Kiddouch.

Cela n’aurait d’ailleurs pas résolu votre problème puisque nous devons, le soir de Pessa‘h, boire quetre verres de vin.

3Dglasses
Samedi 6 novembre 2010 - 23:00

Merci pour votre réponse à la question 54346.

Effectivement j'avais oublié ces quatre verres...

Merci pour les précisions que vous avez apportées. Je pensais également au probème que pose marite ha'ayne [=apparence trompeuse], par exemple dans le cas d'un père qui boit (par forcemment du vin) devant ses jeunes enfants. Ou les enfants peuvent penser que boire de l'alcool (à outrance notamment) est permis.

Bonne soirée à vous

Jacques Kohn z''l
Dimanche 7 novembre 2010 - 12:18

Le problème de l’exemple qu’un père peut donner de son alcoolisme à ses enfants est un problème de société, et il ne me paraît pas directement concerné par la halakha.

Quant au מראית עין (ou מראית העין), il me semble étranger à ce débat. Ce qu’il condamne, c’est donner à un acte permis l’apparence aux yeux de tiers d’un acte interdit, et inciter les spectateurs de cet acte à un comportement inapproprié.