Conversation 63158 - Objection, votre honneur parental!

sc2
Samedi 5 mai 2012 - 23:00

Bonjour,
J'ai 22 ans, je suis pratiquante, j'ai été élevée dans une famille très religieuse et je me trouve aujourd’hui devant un choix difficile à faire.
En effet, je souhaite passer l'examen du barreau en septembre cette année, cet examen est important pour moi puisqu'il me permettra, SDV de finaliser mes études et pouvoir exercer en tant qu'avocate.
Les écrits se dérouleront sur 3 jours en septembre et les oraux sont étalés sur 3/4 jours de novembre.
Toutefois, mes parents s'y opposent formellement. En effet étant en âge de me marier, ils considèrent qu'il n'est pas sage de mettre mes projets matrimoniaux de côté durant ces quelques mois au profit de mes études. Ils considèrent que 5 ans d'études suffisent amplement..Pour ma part, il est clair que je veux me marier, mais que la difficulté et l'importance de cet examen imposent de s'y investir totalement et je ne serais donc pas disponible pour des chidouhims. Je ne sais pas vraiment quoi faire...Faut il que je mette mes projets de côté pour des chidouhims que je ne maîtrise absolument pas? sachant que dans le milieu dans lequel je vis je suis déjà considérée comme une vielle fille à diplômes..situation qui n'est pas forcément facile à vivre.
Pourriez vous m'aider à prendre une décision?
Chavoua tov

Emmanuel Bloch
Mercredi 9 mai 2012 - 17:23

Chalom,

C'est effectivement une decision compliquee a prendre, et sans connaitre tres exactement votre situation personnelle, il nous est egalement difficile de bien vous conseiller.

Ma reaction initiale, et probablement celle de la majorite de nos lecteurs, fut de me dire qu'a votre place je n'hesiterais pas un seul instant a faire l'examen du barreau. De nombreuses raisons justifieraient a mes yeux cette decision : vous avez, apres tout, deja fait de longues etudes de droit, et quelques mois de plus pour l'obtention d'un titre prestigieux ne semblent pas exageres. Vous avez 22 ans et a peu pres toute la vie devant vous sDv (a quel age avez-vous donc passe le bac?). Reprendre des etudes apres le mariage, donc apres une interruption, est infiniment plus difficile que de continuer dans la foulee, surtout si la famille s'est entretemps agrandie. Etc.

Mais, comme vous le decrivez, vous avez grandi dans une famille avec des valeurs culturelles legerement differentes. Je connais, pour les avoir frequentes, des cercles ou une jeune fille doit cacher ses diplomes universitaires, de peur d'effaroucher les candidats au mariage, qui ont souvent un bagage impressionnant en kodesh, mais nettement moins en 'hol (attention, un euphemisme s'est cache dans la derniere phrase). Personnellement, j'ai du mal a accepter qu'une jeune fille doive cacher son intelligence et ses talents pour trouver a se marier. Mais appartenir a ces cercles a bien d'autres avantages, et tout le monde respectera votre choix si vous choisissez finalement de renoncer au barreau.

A vous de reflechir, donc. Vos parents, vos amies, un rabbin ou repondeur de Cheela - personne ne peut prendre cette decision a votre place. Mais, au risque de trop exprimer mes biais personnels dans une reponse que je souhaiterais maintenir relativement "neutre", je voudrais encore vous faire reflechir a un facteur. Nous esperons tous que vous trouverez rapidement la bonne personne, a partir du moment ou vous vous serez mise en quete de mari; mais l'experience montre que parfois, sans que l'on sache pourquoi, le processus peut prendre du temps. Certaines fois, meme des annees. Dans ces cas-la, mieux avoir quelque chose a faire de sa vie, parce que rester a la maison en attendant qu'une chadkhanit appelle, c'est franchement deprimant.

Suivez votre coeur ... je suis convaincu que travail et famille s'arrangeront pour le mieux! Behatsla'ha!

Eyman
Mardi 8 mai 2012 - 23:00

63158 alors allez vous tous laisser tomber vos études??!!!
Faut continuer et rassurer vos parents que si une occasion se présente alors vous vous y intéresser fortement, mais d'arrêter au cas ou y'a une proposition c'est un chetout une folie.
Vechalom bêyad hachem

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Emmanuel Bloch
Mercredi 9 mai 2012 - 18:02

Meme message, en plus direct. :)

damameri
Mercredi 9 mai 2012 - 23:00

Concernant 63158

Bonjour,

Si je peux donner mon avis, il me paraît de la plus haute importance de continuer vos études, sinon que de temps perdu ! Ne gâchez pas vos talents, ce serait bien triste. Foncez :)

Au passage un immense merci au site et à tous les répondeurs, je vous souhaite courage et persévérance. Bienvenue à Nathaniel Zerbib et merci à Emmanuel Bloch pour la qualité et la pertinence de ses réponses !

Eric D

Emmanuel Bloch
Jeudi 10 mai 2012 - 10:17

Merci de votre reaction.

Lux
Mercredi 9 mai 2012 - 23:00

En réponse à la question 63158 "Objection ! Votre honneur parental".

Chère Sc2 je suis également étudiante en droit et voici les réflexions qui me viennent à l'esprit en lisant ta question :
- tu as fait 5 ans d'études. J'imagine que ces années n'ont pas été du tout repos à travailler, conserver une vie religieuse vivante ce n'est pas forcément évident de tout concilier tous les jours. Ca serait vraiment dommage d'arrêter maintenant si près de ton objectif qui est de te présenter (et de réussir!) l'examen du barreau afin de devenir avocate.
Tu dis que les épreuves ont lieu en septembre puis en novembre, tu vas donc être investie dans la préparation de cet examen de maintenant (peut-être le prépares-tu depuis déjà quelques mois avec l'IEJ) jusqu'en novembre. Jusqu'en novembre il semble en effet difficile de concilier la préparation à l'examen et les shiddoukhim mais après le dernier examen, la voie est ouverte.

- étant donné la situation économique actuelle le fait que tu aies un emploi où, bien que la concurrence soit rude, le salaire est généralement bon est un plus pour participer au (bon) fonctionnement d'un foyer et actuellement 2 salaires valent mieux qu'un. Si tu travailles (et que ton futur mari aussi) vous pourrez tous les deux êtres indépendants financièrement ce qui ne serait peut-être (je dis bien peut-être) le cas si seul ton futur mari travaillait.

Bon courage pour présenter ton point de vue à tes parents et j'espère qu'ils te soutiendront. Et je te souhaite du succès pour l'examen du barreau!

Esther.

PS : Je te conseille aussi de lire la réponse à la question 7533 par le rav Elie Kahn z''l

Emmanuel Bloch
Jeudi 10 mai 2012 - 17:38

Merci beaucoup pour cette reaction egalement. Je constate, sans trop de surprise, que le sujet interesse beaucoup.

philyossef
Mercredi 23 mai 2012 - 23:00

Autre contribution suite à la 63280, pour mettre une question de halakha dans la balance: il m'avait semblé que la halakha disait qu'il est permis, avec respect bien sur et dans l'observance des halakhots, de désobéir à ses parents sur 3 sujets: l'endroit ou vivre, le métier à faire et la personne avec qui se marier. Ne sommes nous pas dans ce cas?...

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Emmanuel Bloch
Vendredi 13 juillet 2012 - 11:35

Chalom,

Je n'ai pas retrouve, malgre mes recherches, la citation que vous mentionnez. De nombreuses techouvot discutent la possibilite de desobeir a des parents qui ne veulent pas que l'enfant etudie la Torah, ou qu'il etudie moins ou dans une autre yeshiva. Le probleme inverse semble avoir moins retenu l'attention.

Vous faites bien de soulever cette question; a mon humble avis, on peut analyser la situation a la lumiere des halakhot reglementant le devoir d'obeissance lorsque la requete parentale concerne quelque chose qui n'apporte pas de benefice physique direct au parent. Par exemple, le parent demande a son enfant de revetir un vetement chaud en plein coeur de l'ete - l'enfant doit-il obeir a son parent, malgre l'inconfort que cela represente pour lui?

Il y a deux grandes voies dans les commentateurs. Selon la premiere (qui trouve son origine dans le commentaire du Ritva sur Yebamot 6a, et est reprise apres par une liste d'autorites trop longue pour etre citee), la reponse est simplement non; aucun devoir de piete filiale n'existe dans un tel cas. La seconde voie (qui me parait majoritaire, et se base sur le Sefer HaMakneh Kidouchin 31a), il n'y a pas d'obligation de kiboud (respect), mais il existe une obligation de yirah (crainte), laquelle peut etre levee parfois, lorsque des circonstances speciales le justifient: perte financiere, inconfort, ridicule public, ...

Bien sur, meme lorsqu'un enfant a le droit de desobeir a son parent, il doit le faire de la maniere la plus respectueuse possible. Il faut tout faire pour eviter les disputes et les mots durs.

Il me semble qu'aller etudier que la question de l'examen du barreau peut etre comprise sur cette base, et qu'il est possible d'ignorer la requete des parents selon les deux voies discutees ici.

mendy
Samedi 14 juillet 2012 - 23:00

63158:
Vos parent etant tres religieux, ils ont certainement un Rav a qui ils demandent conseil en cas de besoin. Pourquoi ne pas proposer tout simplement d'aller ensemble chez ce Rav pour entendre son opinion? Vos parents accepteront beaucoup plus facilement son conseil que celui que vs pouvez recevoir d'autre sources.

Emmanuel Bloch
Lundi 16 juillet 2012 - 02:06

Chalom,

Aller voir un rabbin est un conseil intelligent; maintenant, sur une question comme celle-ci, ou l'ideologie (hachkafa) joue un role tres important, la reponse du rabbin dependra enormement de son propre sentiment de la valeur des etudes 'hol, et de l'importance d'avoir un metier, par rapport a la mitsva d'etudier la Torah. Ce n'est pas comme une question de halakha pure. La reponse du rabbin sera probablement meme relativement facile a anticiper, sans meme le consulter, pour peu qu'on le connaisse par ailleurs. Et le rav des parents pourrait bien ainsi ne pas convenir a la fille, et vice-versa.