Conversation 71166 - Shiloah haken
A propos de la question 71130.
Ce que je voudrais savoir c'est l'application de ce commandement : pourquoi séparer des petits de leurs mère ?
Est-ce par souci de nourriture ?
Quel est le sens spirituel de ce commandement ,si il y en a un ?
Toda
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Chalom,
La loi fixee par les versets de Devarim 22:6-7 stipule qu'il est permis de prendre les petits, mais que la mere doit etre relachee.
Les explications de ce passage sont extremement nombreuses. La Guemara (Brakhot 33) indique ainsi que "celui qui affirme (en parlant de Dieu) : Ta misericorde s'etend meme a un nid d'oisillons - on le fait taire". Et Rachi de preciser que la motivation divine n'est pas de prendre pitie des oiseaux, en garantissant le renouvellement de l'espece grace a la relache de la mere, mais simplement d'imposer des decrets a Israel, afin qu'ils Le servent en toutes circonstances.
Le Maharcha reprend toutefois ce point en affirmant qu'il y a un element evident de pitie divine dans cette mitsva, mais que le Talmud insiste pour que l'homme n'y voit pas la *seule* explication valable. Ultimement, nous faisons les mitsvot non parce que nous pensons y decouvrir une raison logique, mais pour respecter la volonte de Dieu.
Maimonide se contredit ici - dans son commentaire sur la Michna, il affirme que la mitsva de Chilouah haKen est une mitsva sans explication logique, et qu'il est interdit de dire qu'elle est motivee par la misericorde divine. Mais dans le Guide des Egares (3:48), il semble revenir sur ces paroles.
Ramban deplace le centre de l'attention de Dieu vers l'homme : il est interdit d'attribuer la mitsva a la misericorde divine, mais par contre il est permis (et juste) de dire que la mitsva nous a ete donnee pour nous apprendre la vertu de misericorde. L'important est de comprendre le message transmis par ce commandement aux hommes (j'ignore ce qu'il fait ici du principe de imitatio dei...)
Le Ramban rajoute une deuxieme explication. Selon lui, Dieu veut garantir qu'aucune espece ne sera jamais exterminee de la surface de la Terre. Voir dans le meme sens le commentaire de Rabbeinou Bachya.
Le Netsiv, dans Haamek Davar, met l'accent sur un autre aspect de la misericorde impliquee dans cette mitsva: celle de la maman oiseau, qui aurait pu s'enfuir, mais a choisi de rester proteger ses enfants. Cette qualite doit etre respectee par l'homme et reconnue a sa juste valeur.
Le Zohar commente en indiquant que la pitie suscitee par la mere oiseau reveille la pitie de Dieu envers la Chekhina en exil.
R. Chimchon Raphael Hirsch, dans Horev, se focalise sur l'aspect educatif de la mitsva, et dresse un fascinant parallele avec la mitsva de respecter ses parents.
Ce ne sont la que quelques exemples, parmi beaucoup d'autres...