Conversation 74716 - Coutume constantinoise

Elijo
Samedi 19 avril 2014 - 23:00

Bonjour,

Je suis d'origine constantinoise et j'ai l'habitude de dire à voix haute "ה מלך ה מלך ה ימלוך לעולם ועד" en trempant le pain dans le sel (donc entre la fin de la braha et avant de le manger).

J'aimerai savoir d'ou vient ce minhag et si un rav explique son origine et sa signification dans un ouvrage.

Merci.

Nathaniel Zerbib
Mercredi 28 mai 2014 - 14:06

Chalom,

Malheureusement, et contrairement a 99% des minhagim d'Afrique du Nord en général, et de Constantine en particulier, cet usage est erroné. Le Rav Chalom Messas, dans son responsa Chemech OuMagen O.H resp. 78, dit que ceux qui le font "enfreignent un grave interdit" .

La solution est de manger un bout de pain juste après la berakha sans s’interrompre et seulement alors entonner ce chant. C'est exactement de cette façon que je procède.

Bivrakha.

alex31
Mercredi 30 juillet 2014 - 23:00

Shalom Nathaniel,

(Au sujet de la question 74716 - ה' מלך ה' מלך ה' ימלוך לעולם ועד" en trempant le pain dans le sel)

J'ai fait quelques recherches et si j'ai bien compris :

Le Ben Ich Haï z''l nous enseigne (על פי הסוד) dans la paracha Emor (ס' י ) l'importance de tremper le pain trois fois dans le sel, en pensant que la guématria du pain 78 ( לחם) correspond à trois fois la guématria du nom d'Hashem 26 (הוי''ה). Le Ben Ich Haï z''l ne mentionne pas la nécessité de dire à haute voix un quelconque verset.

Notre maître le Rav David Skali Hacohen z''l écrit dans son livre (disponible sur hebrewbooks קרית חנה דוד חלק ב'- ס' מט ) l'importance ( על דרך הנסתר) de tremper le pain dans le sel au nom du Ari Zal. D'autre part, il mentionne l’idée qu'il faille penser (לכוין) au verset : ה' מלך ה' מלך ה' ימלוך לעולם ועד lorsque l'on trempe 3 fois le pain dans le sel. En effet la guématria du nom d'Hashem (הוי''ה) est 26, répété à trois reprises nous obtenons 78 ce qui correspond à la guématria du mot sel (מלח). Au vu de cette réponse, il apparaît qu'il suffit de penser à ce verset et non de le dire a voix haute.

Ce minhag est mentionné dans le livre du Rav Moshé Malka z''l ( שו"ת מקוה המים חלק ה' - סימן י"ג) mais je n'ai pas trouvé cet ouvrage.

Enfin, je vous propose une autre approche celle du Rav Simon Darmon (ancien élève de l'école rabbinique d’Algérie). Il écrit dans son livre (Le Livre de nos Coutumes, Chap 41 p 338)  que l'on ne doit pas s'interrompre entre le motsi et le moment où l'on met en bouche le morceau de pain sur lequel on a fait motsi. Ceci rejoint l'avis du Rav Messas et de la majorité des Rabbanim qui interdisent de s'interrompre entre la brakha et la mise en bouche du pain. A noter que le Rav Darmon, sauf erreur de ma part, ne fait pas allusion à ce minhag dans son ouvrage.

Au sein de ma famille, j'ai pu voir plusieurs maîtres de maison chanter à voix haute ce verset, pourriez-vous m’éclairer sur cette pratique ? Quels sont les Rabbanim qui chantaient ce verset à voix haute ?

Je suis un peu perdu car si on chante entre la brakha et la mise en bouche on s'interrompt. Si on chante après avoir trempé le pain dans le sel on n'est pas ''en phase'' avec le Ben Ich Haï z''l et le Rav David Skali Hacohen z''l.

Pourriez-vous m’éclairer ?

Je vous remercie, c'est avec beaucoup de plaisir et d’intérêt que j’étudie la Tora sur Cheela.
Alex

Nathaniel Zerbib
Lundi 27 octobre 2014 - 07:18

Chalom Ouvrakha,

Tout d'abord, merci beaucoup pour vos précisions très enrichissantes.

Je ne pense pas qu'il y ait de contradiction: il est bon de penser au verset pendant le trempage dans le sel et, après avoir mis le pain en bouche, on chante le verset a voix haute afin de partager cette pensée avec tous les convives.

Bivrakha.

Antirien
Lundi 3 novembre 2014 - 23:00

Bonjour,

Vous ramenez le rav Messas qui dit qu'on enfreint un grave interdit.
En soit, je me demande quel est l'interdit puisqu'on dit ce passouk après netilat et avant de faire hamotsi.
Dans ce laps de temps, on peut le'hat'hila demander à un convive d'amener le sel à table par exemple, sûrement car on garde la brakha à l'esprit (on est pas massia'h daat).
Donc à plus forte raison, on devrait pouvoir dire une louange à Hachem d'autant que cette louange n'est pas si folklorique puisque bon nombre d'algérien la font.

D'un côté, j'entends que c'est un minhag betaout, par erreur.
De l'autre, puisqu'il n'y a pas de esseh hadaat, je ne vois pas vraiment le problème, tout cela fait partie de la seouda.

Kol touv

Nathaniel Zerbib
Lundi 10 novembre 2014 - 14:42

Chalom,

Dans le cas que vous évoquez, vous auriez raison. Mais le minhag taout dont il est question concerne le cas ou l'on dit les versets entre le motsi et la consommation du pain.

Bivrakha.