Conversation 7827 - C'est clair... en majorite....

Anonyme
Mardi 1 juillet 2003 - 23:00

Chalom Rav
D'abord je tenais à vous remercier pour la réponse que vous m'avez apporté concernant les "Esser Zé'hirot".
D'autre part j'aurai quelques questions concernant le principe de "Roubo Kékoulo".
Est-ce que ce principe serait-t-il lié au principe de "batél bérov"?
En d'autres termes, est-ce que la conséquence du fait que la Torah nous dise d'aller selon le Rov c'est le bitoul du miout (par exemple concernant le Bitoul d'un morceau Tréf qui s'est mélangé à 2 autres moceaux cacher, dans Min Bémino)?
De plus quelle est la limite de "Roubo kékoulo"?
Dans quels cas ce principe s'applique et dans quels cas il ne s'applique pas? Même question pour Batél Bérov.
Enfin, existe-t-il une Nafka Mina entre Roubo Kékoulo et Batél Bérov?
Je vous remercie d'avance pour votre patience et votre réponse en vous souhaitant ainsi qu'à tous les Rabbanim, un grand Hatsla'ha.
Kol Tov Véchabbat Chalom

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 3 avril 2004 - 23:00

Non, il s'agit de deux principes distincts.
La majorité est comme la totalité (roubo kékoulo) signifie que lorsque la Thora dit "tout" elle implique la majorité et non catégoriquement tout.

Annulé dans l'ensemble (batel bérov) signifie que l'on ne tient pas compte des situations marginales (comme par exemple lorsqu'un mélange a priori interdit s'est produit par inadvertance mais dans des proportions telles que le mélange est insignifiant (1/60ème).

Dans le premier cas, on néglige l'éventualité qu'il puisse s'agir d'un interdit. Par exemple, si on trouve un morceau de viande dans une rue où il y a une majorité de bouchers cachères mais aussi des bouchers qui ne le sont pas, on considèrera que la probabilité qu'il s'agit de viande cachère l'emporte sur celle qu'il s'agisse de viande taref.

Par contre, dans le deuxième cas, on est sûr qu'il s'agit d'un mélange interdit mais dans des conditions telles que l'interdit s'annule a posteriori.

En fait le problème se complique un peu du fait qu'on n'applique pas le principe de roubo kékoulo dans tous les cas et dans toutes les situations et il y a même à ce sujet des discussions entre les posqim et déjà dans le Talmud où se demande si ce principe est déjà de par la Thora (déOrayta) ou pas (à propos du nazir ou du lévi qui doit se raser "tout" le corps et on se demande "vraiment tout" ou "presque tout" et roubo kékoulo.
Le Tsits Eliézer, par exemple, se sert du principe pour dire qu'il est souhaitable que la kippa couvre la majeure partie de la tête car roubo kékoulo et qu'on dira qu'on a dans ce cas toute la tête couverte.
Dans un autre ordre d'idées il rapporte un réponse du Hatam Sofer concernant le principe de majorité dans les décision communautaires, qui tranche que la décision ne peut se faire qu'à la majorité des votants potentiels et non à la majorité des présents. Autrement dit, en termes plus contemporains, si le quorum n'est pas atteint le vote est invalide. Supposons une communauté de 500 personnes ayant droit de vote. Une assemblée est convoquée et ne se présentent que 200 personnes. Même si elles votent à l'unanimité elles ne représentent pas la majorité de la communauté.
De même si se présentent 400 personnes et que 240 votent en faveur d'une proposition, il y a majorité des présents mais pas majorité réelle. Mais si 251 personnes ont voté pour, cela veut dire que même si tous ceux qui ne sont pas venus avaient voté contre, la majorité serait de toute façon acquise aux "pour". Dans ce cas le principe s'appelle non "roubo kékoulo" mais "roubo mitokh koulo."

Le Igrot Mochè précise qu'on ne dit jamais Roubo Kékoulo chaque fois que la Thora ou le Talmud a indiqué une mesure précise.
Par exemple, si on dit qu'il faut manger 28 gr de matsa pour être quitte de akhilat matsa, c'est 28 gr et pas 15 ou 20 gr qui sont pourtant roubo de 28.