Conversation 78511 - Poussière et cendre y est
Kvod Harabanim,
Comment expliquer le verset de Job 42 6
עַל־כֵּ֭ן אֶמְאַ֣ס וְנִחַ֑מְתִּי עַל־עָפָ֥ר וָאֵֽפֶר׃
De manière générale et en particulier de quelle poussière et cendre s'agit-il ?
Merci et kol tov
Chalom,
Iyov (Job) est le juste qui a souffert par excellence.
Le Rabbinat traduit ainsi ce verset : "C'est pourquoi je me rétracte et me repens sur la poussière et sur la cendre."
La poussiere et la cendre ne valent pas grand chose.
Iyov exprime ici un quasi-degout de ses propres propos car il se considere comme un etre meprisable, un moins que rien : poussiere et cendre, a l'instar d'Avraham (1), forme d'humilite chez ce dernier.
Mais ce verset fait suite a un precedent, traduit ainsi par le Rabbinat : "Je ne te connaissais que par ouï-dire; mais maintenant je t'ai vu de mes propres yeux.".
C'est a dire que Iyov trouve une consolation (2) pour s'etre assis dans la cendre au debut du livre (3) et la boucle est bouclee, la cendre etant generalement signe de deuil, symbolisant sans doute tout ce qu'il allait encore endurer. Ou encore Iyov exprime le fait que le corporel et le physique n'ont plus de valeur a ses yeux des lors qu'il a eu une perception du Divin et comprend l'ampleur de l'attachement spirituel rendu possible (4).
Merci de m'avoir permis de depoussierer mon livre de Iyov :-).
Sources :
(1) Rav Iben 'Ezra
(2) Metsoudat David
(3) Iyov 2, 8
(4) Malbi"m
sur 78511 - POUSSIÈRE ET CENDRE Y EST
Pour Avraham, javais entendu que la cendre faisait allusion à ce qui avait un passé mais pas de futur alors que la poussière c'est l'inverse(l'homme ayant été créé a partir de la poussière ...). Il voulait dire par là qu'il ne valait rien et qu'il ne vaudrait jamais rien. Quelle humilité !
Chalom,
Merci pour votre contribution.
Le Beth Halevy explique ainsi la recompense d'Avraham mesure pour mesure.
Le Talmud [TB Sota 17a] dit en effet qu'Avraham s'etant comparé a la poussiere et a la cendre, ses descendants ont eu droit a la cendre de la vache rousse et a la poussiere de la Sota.
Lorsqu'on brule quelque chose qui devient de la cendre, celle-ci ne peut que temoigner de son passé.
La poussiere, quant a elle, est denuee de valeur en tant que telle mais terrain fertile potentiel pour de futures plantations.
Comme vous l'avez dit, cendre=passé et poussière=futur.
Ainsi la poussiere de la Sota vient clarifier le passé (verifier s'il y'a eu une infidelité) tandis que les cendres de la vache rousse sont la pour arranger le futur : permettre a la personne impure de se purifier et de rejoindre les siens.
Kvod Harabanim,
Merci pour ces explications. Si j'ai posé cette question au départ c'est pour une raison précise.
Il y en Eretz un monument souvenir de la Shoah dans la petite ville de mes parents en Galicie orientale. Il est indiqué qu'il contient : de la poussière et de la cendre des martyrs. Effectivement ils ont été brulés et pour d'autres réduits en os et poussière.
Je cherche ce que les versets peuvent nous enseigner. Il est question de "Poussière et cendre" à propos d'Abraham et Job.
Abraham parle de "poussière et cendre" lorsqu'il plaide pour la non destruction Sdom. Job lui est confronté à la mort des siens. Deux situations de destruction.
Quelqu'un a-t-il une idée sur l'éclairage que pourrait apporter ces 2 passages de "poussière et cendres" sur les "poussières et cendres" de la Shoah ?
Cordial shalom
Chalom,
Votre question devient delicate, en ce sens qu'elle cherche a present a etendre le parallele a la Shoah.
Voici neanmoins ce qu'elle m'inspire, d'apres un article du Rav Cherki (etablissant precisement un parallele entre Iyov et la Shoah).
Si dans l'histoire de Sedom, il est clair que la destruction est une punition pour des fautes (meme si Avraham lutte pour l'eviter), dans l'histoire de Iyov en revanche, c'est beaucoup moins clair.
Les amis de Iyov, principalement Elifaz, fournissent une serie d'explications philosophiques au fait que Iyov souffre autant en depit de sa grande piete. A chaque intervention, Iyov repond qu'il est incapable d'ecouter ces explications, etant donne qu'il souffre.
A la fin du livre (juste apres le verset parlant de poussiere et de cendre), D... se devoile et donne raison a Iyov et tort a ses amis.
Et pourtant, Maimonide dit que l'avis d'Elifaz est celui de la Thora, avis suivant lequel les souffrances resultent de fautes !?
Semble t-il, D... exprime Sa volonte sous deux facettes suivant l'interlocuteur :
1) Celui qui n'a pas pris part a l'evenement et vient poser la question dans une optique de comprehension et d'etude de la Thora. A celui-ci, on peut donner des explications comme celle d'Elifaz.
2) Celui qui a vecu la souffrance. A celui-ci, on ne peut pas donner d'explication. Si Iyov avait accepte les reponses de ses amis, il aurait perdu le dialogue avec D...
Ainsi, lorsque nous vivons une profonde souffrance, a fortiori quand il s'agit de celle de tout un peuple, voire du monde entier, la sagesse humaine n'a pas a s'en meler en tentant de fournir des explications, meme si celles-ci peuvent etre veridiques dans une certaine mesure. Ces explications ne sont pas en mesure de satisfaire l'attente de l'individu qui souffre ou de la collectivite qui souffre.