Conversation 8447 - Portee de nos paroles

Anonyme
Vendredi 25 juillet 2003 - 23:00

la sidra de ce shabbat pose la portee de nos paroles, si je ne me trompe.
Peut y on lire que notre liberte commence et nous vient de ce qu on choisi ou non de dire?(30,3)
Au sens ou ce qui est dit ayant eu lieu, il ne resterait a celui qui a parle, que de le realiser?

Une parole a t elle ici la signification d une realite qui une fois dite continue d exister?

La question qui m occupe est de preciser ce qu est la portee de toute parole?
Des lors aussi bien ce qu on entend?
Car le plus courant mais aussi le plus difficile est ce bruit permanent par lequel la medisence prend la place que devrait occuper la discussion.
Ma question est donc de savoir quelle est la portee des paroles medisantes, mais aussi, se tenir a l ecart de ces bavardages ne les empeche pas, et n empeche pas qu ils se deversent tout pres, des lors qu y faire?

merci et shavoua tov!

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 25 juillet 2003 - 23:00

L'homme est identifié par la Thora comme étant l'être doué de la parole. La parole est ce par quoi nous communiquons avec autrui et aussi le lieu de la rencontre entre l'homme et Dieu puisque c'est aussi par Sa parole que Dieu a créé le monde et nous a donné Sa Thora.
Le passage auquel vous faites allusion nous confirme que c'est par nos paroles que nous nous engageons et non par nos pensées. Ce sont les paroles prononcées qui expriment notre manière de vouloir.
La médisance a surtout un effet moral et social sur ceux qui la pratiquent, ceux qui l'entendent et lui donnent droit de cité dans leur monde. Elle est destructrice. Il faut donc la combattre avec détermination. Je voudrais ajouter que, par médisance, il ne faut pas entendre le mensonge. Le contenu de ce qui est dit peut être vrai et même parfois ne pas être en soi nocif. Le "lachon hara", le langage du mal, concerne un mésusage de la parole, un usage qui fait d'autrui l'objet de nos conversations (et non le sujet comme le parler courant a tendance à le dire). Dans le lachone hara, autrui est en effet devenu un objet, une chose dont on parle et non un sujet, quelqu'un avec qui nous pouvons et devons construire une relation de fraternité.
Qu'y faire ? D'abord faire taire ! Refuser d'écouter, laisser celui qui se conduit ainsi parler seul. Eduquer, ses enfants, ses proches, ses amis.
Faire savoir aux autres qu'en notre présence cela ne sera pas. Et expliquer pourquoi. Tout cela de préférence bien sûr bedarké no'am, c'est-à-dire sans aggressivité ni méchanceté mais aussi fermement et gentiment que possible.
Non, ce n'est pas facile, c'est vrai. Mais il ne nous incombe pas de résoudre seul tous les problèmes mais d'y contribuer chacun à la mesure de nos moyens. Et si vous ne réussissez qu'une seule fois, cela en vaut déjà la peine.

Anonyme
Dimanche 3 août 2003 - 23:00

Monsieur le Rabbin,

Merci pour la belle precision de votre reponse, a ma question no 8447.
Entre la Parole creatrice de l Eternel et notre lieu en commun .

Le langage du mal, malheureusement, semble espere une reponse qui se charge de le reprendre. Que ce soit en en rajoutant ou en l arretant.

En repondant fermement sans agressivite je trouve une realite non moins etouffante, que la medisance.
Car alors ceux qui tiennent les propos que je refuse, cherchent de plus en plus a s adresser a moi...
Comme si la moderation leur est etrangere au point qu ils n entendent pas ce que j explique, car peu importe ce qu on dit lorsque la norme est de mal parler.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 3 août 2003 - 23:00

Tant il est vrai que dès lors qu'une valeur véritable semble être quelque part apparue, elle sera en but à mille et une tentatives de la faire échouer. C'est une mise à l'épreuve : est-ce du vrai ? de l'authentique ? ou un déguisement ? un faire semblant ?
Et l'intensité de la réaction est à la mesure de ce qu'on cherche à renverser.
À vous d'être le plus fort.