Conversation 84717 - Alors, médire ou pas médire ?

kalpa
Vendredi 24 janvier 2020 - 16:50

Shalom Rav Michael Ben Admon

Je ne sais que conclure sur la discussion 3903 puisqu’en effet le regretté Rav Elie Kahn affirme que l’on peut médire sur les non-juifs (ce que confirme le Rav Gabriel Elkouby dans la conversation N° 15253 : « Dans le livre du Hafets Haim il est dit qu'il est permis de dire de la médisance sur un non juif, mais qu'il est préférable de s'abstenir pour ne pas venir à s'habituer à médire »), alors que vous-même affirmez en 46139 que « d'autres sources montrent clairement que c'est interdit, d'un interdit moral qui pourrait être érigé en interdit halakhique».

1) Alors, médire ou pas médire ? Il semblerait que l’avis ne fasse pas unanimité. Mais la réponse est moins intéressante et révélatrice que la question ; en effet, n’est-il pas inquiétant de se la poser ? Car si médire est une mauvaise action, elle l’est en absolu ! Je ne comprends même pas qu’on ait besoin de l’avis d’autrui pour savoir si la mauvaise action pourrait être relative en fonction de celui auquel on la destine. Et pourquoi ne pas se demander aussi, pendant qu’on y est, si l’on ne pourrait pas avoir le droit de voler un non-juif ? Que des « sages » aient pu se poser la question me fait peur tout d’un coup ! Ce « sage » aurait-il perdu de vue que « l’autre », qu’il soit juif ou pas, est aussi un être humain ? Ou bien y aurait-il dans son esprit différents statuts de valeur discriminant les hommes ?

2) En tant que non-juif, je ne prends pas ombrage de ce que des juifs médisent de moi, car une seule opinion compte à mes yeux : celle que D.ieu a de moi. Mais il y a des discriminations qui sont bien plus graves si on se réfère, par exemple, à la très lourde peine décrite par Sanhédrin 59a concernant le « gravissime délit d’étude de Torah ». Grave, non pas en raison de la condamnation à mort qui sanctionne le délit, mais surtout par « l’interdiction d’apprendre » qui accompagne la sanction.

Comment le Talmud peut-il contenir de telles opinions de monsieur Toulemonde ? A fortiori lorsque ces opinions sont haineuses d’une part, et d’autre part parce qu’elles portent sur des questions graves qui ne font, de surcroît, l’objet d’aucun consensus au sein de la communauté juive ! L’avis de Rabbi Meir vient heureusement faire contrepoids : « Même un idolâtre qui étudie la Torah est égal à un Grand Prêtre », ainsi que le rappelle opportunément la Cheelanaute de la conversation 83876.

Remarquons que la controverse n’est pas éteinte ; les rabbins continuent joyeusement de se contredire aujourd’hui encore. Si je prends la conversation 54897, je lis : « Selon le Ramba"m [Lois des Rois chap.9 par.9-10] un non-juif ne doit pas étudier la torah si son intention est de l'utiliser pour sa propre foi [comme l'ont fait par exemple les chrétiens]. » Alors que si je lis la conversation 1459 je lis : « Maimonide écrit qu'il est autorisé d'enseigner la Tora aux Chrétiens (mais non aux Musulmans ; les premiers reconnaissant l'autorité de la Bible, les seconds, non). »

3) Le judaïsme est très rigoureux, il n’accepte pas, et à juste raison, que l’on modifie la Torah. Pourtant d’une façon générale ‒ et en dehors du cas ci-dessus rappelé de Sanhédrin 59a ‒, ne le fait-on pas de façon détournée en rajoutant dans le Talmud des avis rabbiniques qui deviennent force de lois et « complètent » ainsi les mitsvot ? Comment le judaïsme peut-il tolérer une telle intrusion de l’humain dans le divin ? Ce mélange des genres n’ouvre-t-il pas la porte au doute puisqu’alors, comment dans le Talmud être certain qu’une prescription a été donnée par D.ieu et non par monsieur Toulemonde il y a tellement longtemps qu’on ne sait plus faire la différence aujourd’hui ? Monsieur Toulemonde a beau être « sage », pourquoi lui accorder le droit se substituer à D.ieu pour prolonger la Torah avec de « nouvelles » mitsva ?

Pour conclure sur une note positive, je ne peux me retenir de rappeler cette belle pensée du Rav David Zenou (discussion 7217) : « Comme tous les juifs du monde depuis 2000 ans nous essayons d'y mettre du notre pour faire connaitre la Thora et accélérer la rédemption. Est-ce qu’effectivement nous y arrivons, l'avenir nous le révélera peut-être. Il est clair que cette possibilité de faire connaitre la Thora d'un bout à l'autre de la terre en quelques secondes fait partie d'une nouvelle ère de diffusion, veillons à l'utiliser positivement. »

Par avance, avec mes remerciements pour votre aide

Respectueusement

Rav S.D. Botshko
Vendredi 16 octobre 2020 - 10:32

Il est absolument interdit de médire tant des juifs que des non juifs, les textes parlent de sauvages et de personnes sans foi ni loi mais pas du tout des non juifs de manière générale.

 

La Halakha nous enjoint à respecter tout être humain créer à l'image de Dieu et c'est nous tous juifs ou non juifs