Conversation 1762 - Comment imaginer D.ieu ?

Anonyme
Mardi 17 septembre 2002 - 23:00

Chana Tova
L'Eternel a dit "nul ne peut voir Mon visage et vivre"
Je sais par avance la compléxité de ma question (et même de l'impossibilité d'en trouver la réponse !!!) mais je vous la pose néanmoins :
Chaque être humain croyant s'est à mon avis posé au moins une fois cette question : comment imaginer (ou visualiser) Hakadoch Barouhou ?
Certains diront par exemple qu'il n'est nul besoin de voir l'électricité pour savoir qu'elle est présente. Il suffit de toucher les fils d'une prise de courant ...Pourtant aussi loin que je puisse me rappeler je n'ai jamais adressé de prières à une prise de courant.... Mais à D. tous les jours.
Donc à ce moment précis où l'on prie, comment imaginer l'Eternel ? Peut-on comme Moshé Rabénou s'imaginer prier entre les deux Séraphim du Tabernacle ?
Il est dit aussi dans la Thora "J'ai créé l'homme à Mon image" comment interpréter cette parole ? est-ce une image uniquement spirituelle ?
Pensez vous que mes interrogations sont déplacées ? (dans l'affirmative vous voudrez bien m'en excuser)
Mon objectif étant d'intensifier plus encore mes prières et de ressentir encore plus fort Sa présence...
Merci pour votre réponse
Haim

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 8 décembre 2002 - 23:00

Le deuxième des Dix Commandements prescrit :
"Tu ne te feras pas de sculpture ni toute figure de tout ce qui est dans les cieux au-dessus ni sur la terre en-dessous ni de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre..." (Exode 20, 4)

Autrement dit, toute représentation est interdite car elle consiste à ramener Dieu à des éléments appartenant au monde créé, provoquant une confusion entre l'Etre du Créateur donnant l'être et celui de la créature recevant l'être. C'est précisément l'erreur de l'idolâtrie qui confond Dieu avec un passage à la limite des forces de la nature.

En introduction à la prière (1) nous déclarons nous présenter devant Celui qui, en tant que nous Le reconnaissons comme notre Dieu et Dieu de nos pères, est le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. C'est en effet parce que nous présenter devant une "idée que nous nous ferions de Lui" serait déjà quasiment prier devant une idole. Or l'esprit de l'homme est ainsi fait que la tentation d'une telle représentation est inévitable ; il fallait donc témoigner du fait que quelle que soit la manière dont nous pensons à Lui, ce n'est pas à une telle pensée que nous adressons la prière mais à Celui que Abraham, Isaac et Jacob ont connu comme étant Dieu. C'est en étudiant dans la Thora qui est Abraham que nous découvrons qui est le Dieu d'Abraham et de même pour Isaac et pour Jacob.

De même, c'est en étudiant dans la Thora quel est le projet de Dieu pour l'homme que nous savons, en tant que créature, qui est notre Créateur, qui nous a créés à l'image qu'Il Se fait de nous.

Moïse, parlant au peuple d'Israel (2) lui adresse l'exhoratation :
"Entends, comprends Israël, Hachem notre Dieu, Hachem est Un."
C'est à dire que malgré l'immensité de la différence entre la manière dont Moïse connaît qui est Dieu et la manière dont Israël en la multitude de niveaux où chacun se trouve Le connaît, c'est à celui qui est NOTRE Dieu en son Unicité Une au-delà de ces différences que la ferveur s'adresse.
Mais le verset suivant "Tu aimeras Hachem TON Dieu..." se formule quant à lui non plus au pluriel mais au singulier, car dans la relation personnelle d'amour, à l'abri de la profession de foi de l'unité absolue, est visé au contraire ce qui se connaît dans la vie intérieure de chacun, à chaque instant, toujours différent, des différents moments de la vie.

Continuez à interroger. Ce n'est qu'au prix des questions que les réponses peuvent se faire entendre.

Elyakim P. Simsovic
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(1) Il existe plusieurs types de rites oraux, par exemple : les louanges (Téhila), les supplications (Té'hina), les actions de grâce (Hodaya), sanctifications (Qédoucha), professions de foi (Qriyat Chema), bénédiction (Bérakha)... La prière au sens propre, la Téfila, est le rite de la Amida aussi appelé "les 18 bénédictions". C'est à cette dernière qu'il est fait référence ici.
(2) Deutéronome 6, 4.