Conversation 20574 - "Benir" celui qui nous donne les mitsvot?

NathanninNathan
Dimanche 28 novembre 2004 - 23:00

Shalom, Rav

La question est sans doute on ne peut plus basique, et je m’y suis peut-être déjà répondu moi-même, mais bon, c’est avec ce genre de convictions d’avoir raison que les pionniers de l’aéronautique lançaient leurs machines volantes farfelues vers le ciel…

Lorsque l’on fait sa bénédiction avant de goûter un mets, il est clair qu’on remercie Celui qui A créé cela, et “Béni !” a le sens de “Merci !” Cependant, lorsqu’on fait sa bénédiction avant de réaliser une prescription (se laver les mains, par exemple), je ne pense pas qu’on dise “Merci de nous Avoir sanctifié par Tes prescriptions, en nous Prescrivant de nous laver les mains” (enfin, si, mais je ne pense pas que ce soit l’intention première). Quelle est donc l’intention première de celui qui fait cette bénédiction ?
Ou bien est–ce tout de même la même pensée, à savoir une הודאה, étant donné que להודות signifie à la fois “remercier” et “reconnaître” (comme d’ailleurs “reconnaissance” en Français) ?

Cordial Shalom

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 2 décembre 2004 - 23:00

Vous supposez dans votre question de manière évidente que quand nous récitons une berakha, nous remercions D'ieu. De nombreux penseurs se sont penchés sur la question de savoir quelle était la signification exacte de la formule "baroukh ata …" qui introduit chaque berakha.
La difficulté réside dans le fait que la racine BRKH, traduit couramment par "bénir" décrit à la fois la bénédiction d'un homme à un autre, généralement d'une personne ayant l'ascendant sur l'autre (un père à son fils, un dirigeant à son peuple etc..), celle de D'ieu à Ses créations, mais aussi celle de l'homme à D'ieu, donc d'un être inférieur à un être supérieur.
Dans la description de la création, il est raconté que D'ieu bénit le septième jour. Il est impossible d'expliquer que D'ieu remercie le jour du Chabat. De même qu'Il ne remercie pas Adam et Eve quand Il les bénit et leur dit de se multiplier.
Le Rav Soloveitchik (Yemé Zikarone, page 29; mais comme il l'indique lui-même, cette explication est très répandue) explique l'idée de la Berakha de la manière suivante:
Bénir est toujours un souhait ou une prière que ce que l'on bénit grandisse, se multiplie, prenne de l'importance. Et aussi osé qu cela puisse paraître, c'est aussi la signification de la berakha que l'homme adresse à D'ieu.
D'ieu Se cache. Il ne fait rien pour se dévoiler, c'est à l'homme de le découvrir. C'est le principe du libre arbitre.
Quand un homme récite une bénédiction avant de boire ou de manger, il permet à D'ieu de Se révéler par le biais de Sa création. D'ieu est toujours présent, Il est toujours là, mais nous n'en avons pas toujours conscience. Quand nous récitons ne berakha nous prenons conscience de Sa présence. D'une certaine manière nous remplissons donc le même rôle auprès de D'ieu que nous remplissons auprès de nos enfants quand nous les bénissons, nous Lui souhaitons de grandir. D'où d'ailleurs l'importance de réciter la berakha à voix haute, pour faire prendre conscience au maximum de personnes de notre entourage de la présence de D'ieu.
Exactement de la même manière, quand nous récitons une berakha avant d'accomplir une mitsva, nous nous rappelons de la raison pour laquelle nous le faisons, mentionnons D'ieu et augmentons par là conscience qu'a notre entourage de la présence de D'ieu.
J'ai donné cette explication, car elle contient une compréhension plus profonde de l'idée de la Berakha. Mais j'aurais pu tout autant vous écrire que je ne comprends pas vraiment votre question, et que je ne vois pas pourquoi ne pas remercier D'ieu de nous avoir donné telle ou telle mitsva