Conversation 21871 - Hillel, et les 5 premiers commandement

NathanninNathan
Dimanche 20 février 2005 - 23:00

Shalom aleikem, Rav

Je méditais, si l'on peut dire, sur la fameuse anecdote du converti, Shammaï et Hillel, et ce petit point qui m'avait étonné dans le midrash B"R 1:4 : pourquoi dit-on à propos de la Tora qaneni H' rechit darko, alors que c'est la sagesse qui parle à la première personne.
C'est donc (,je crois,) que Shammaï pense à la Tora-rouleaux, celle que le Gaon de Vilna disait périssable, alors que Hillel pense à la Tora-Sagesse, éternelle.
Là est ma question : pourquoi Hillel ne fait-il pas intervenir Dieu dans sa "règle"? "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'autrui te fasse", ce sont les 5 derniers commandements. Pourquoi ne pas faire mention des premiers? Est-ce parce que "pour aimer Dieu, il faut aimer les hommes"? Ou parce que, si j'ose m'exprimer ainsi, Dieu aurait préféré ne pas instituer les cinq premiers commandements mais l'a fait parce que les hommes n'auraient pas respecté les suivants sans la crainte de Lui? Ou encore parce que la connaissance d'un Dieu Un est trop compliquée pour un goy en voie de conversion et qu'elle n'est pas nécessaire à l'accomplissement de la halakha? Ou bien rien de tout cela?

Kol touv

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 3 mars 2005 - 23:00

Je serai bref, car le sujet est vaste.
1. la formule de Hillel n'est pas telle que vous la rapportez. Hillel dit: "Ce qui dépend de toi et que ton prochain n'aime pas, ne le lui fais pas" (en araméen: "ma déalakh, sané léhavrakh, al taavid")
2. Hillel s'adresse à un non-juif, qui d'ailleurs l'interrogeait de manière provoquante : enseigne-moi toute la Thora debout sur un pied. Al regel ahat, c''est-à-dire reposant sur un principe unique, ou - à la manière dont Hillel le comprend - sur le principe unitaire qui les récapitule tous (alors que l'autre pensait à un principe exclusif qui trabscende les autres).
3 C'est pourquoi Hillel répond ce qu'il répond, et si vous y réfléchissez, vous comprendrez que Dieu aussi est notre prochain - et peut-être le plus proche. Mais dans l'ordre de l'initiation, commencer par la "théologie" (les 5 premiers) quand on a affaire au non-juif est plein d'ambiguités car les mots n'ont pas le même sens et le même poids pour lui que pour nous. (ce n'est pas un problème de difficulté ou de complexité ou d'intelligence, mais de formation et d'éducation et d'initiation)
4. Si vous appliquez la technique "rayer la mention inutile", effacez surtout "Dieu aurait préféré..." ; en relisant votre question, j'arrive à la conclusion que je préfère encore "rien de tout cela" du moins dans la manière dont vous le formulez.

il faut reconnaître Dieu comme Créateur d'autrui autant que mon Créateur pour accepter de reconnaître la dignité d'autrui comme identique à la mienne et ce qui en découle. C'est pourquoi le verset de la Thora (Lévitique 19, 18) qui institue l'amour du prochain s'achève par : "Je suis Hachem"