Conversation 29879 - Pourquoi tant de violence

mazalplus
Mercredi 22 mars 2006 - 23:00

la notion de violence me revolte profondemment. Le decor à peine planté, deux freres s'entretuent,.la tour de babel, le deluge, l'esclavage en Egypte,le decret de hamman à pourim pour la destruction de tout le peuple juif..........etc etc etc etc les Prophetes, les Rois Job etc etc etc etc........ QUE DE LA VIOLENCE...............DE LA VIOLENCE, DE LA VIOLENCE......................VIOLENCE DES HOMMES ENTRE EUX, VIOLENCE verbale des hommes contre D, à quoi repond la violence de D l'orsque le genre humain ne suit pas les voies traçées par lui (DELUGE, SODOME et gomorre) OU PAR RAPPORT A SON PEUPLE LORSQUE CELUI CI EST INGRAT ENVERS LUI. QUESTION 1/ COMMENT EXPLIQUEZ VOUS CES DIFFERENTS NIVEAUX DE VIOLENCE// 2 COMPTE TENU QUE TOUT VIENT DE D ET QUE TOUTEST POUR LE BIEN QUEL EST SELON LA THORA LE ROLE POSITIF(S'IL Y EN A UN), DE CET ETALAGE DE VIOLENCE ET DE SES MALHEURS DES MILLIONS DE FOIS RENOUVELLES ? 3/QUESTION COROLLAIRE : puisque chaque creature est faite à l'image de D et que tout être vivant, ne serais ce que pour POUVOIR SE mouvoir possede une âme, j'EN DEDUIS DONC QUE HITLER est dans ce cas de figure............même si HITLER n'est que la consequence de ce que l'on voudra(NOS FAUTES OU CELLES DES GENERATIONS PRECEDENTES PAR EXEMPLE) il n'en demeure pas moins que je n'arrive pas à comprendre en quoi il serait à l'IMAGE DE D (ras vechalom)??? JE VOUS REMERCIE POUR LES REPONSES TRES PRECISES QUE VOUS POURRIEZ DONNER A CES QUESTIONS TRES PRECISES . CHABBATT CHALOM

Nathan Schwob
Mardi 5 décembre 2006 - 08:45

La réponse se rapporte aussi à la question No30455.

D. bon et miséricordieux:

Tout d'abord il faut mettre de l'ordre dans la manière de comprendre D. D. par définition intrinsèque n'est ni bon, ni miséricordieux, ni violent. D. est D. et Sa nature intrinsèque est effectivement inaccessible à tout mortel quelque soit son niveau de connaissances thoraïques ou prophétiques.
Il n'en est pas de même ni de Sa Volonté, ni de Sa parole ni de Son action, qui elles prennent une forme compréhensible à l'esprit humain lorsqu'elles s'expriment dans le monde matériel que D. a créé, et nous avons l'obligation de les comprendre et de nous identifier avec elles, autant que notre esprit le peut.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la Mitsva de suivre D. et de s'attacher à Lui. Ainsi que la remarque de nos sages qui interrogent comment cela est-il possible puisque D. est un "feu dévorant". Ils répondent qu'il faut imiter les actions de D. D. aide ceux qui sont dans le besoin, ainsi nous devons l'imiter. De même que D. nous apparaît comme bon dans son intervention dans le monde, ainsi nous aussi devons intervenir par bonté (1). L'attribut de bonté que nous attachons à la Volonté de D., est une perspective humaine qui nous interpelle et nous engage à être bons nous aussi les humains.

Que D. se débrouille tous seul:

Pourquoi le "sale boulot" nous retombe dessus? Parce que D. a décidé que nous serons ses délégués, ses associés, pour la suite des évènements, dans les bons moments et dans les moins bons.
Lorsque D. a créé le monde, il ne nous a pas demandé notre avis (2). D. a créé l'homme, l'a placé dans le monde pour le garder et continuer à le développer (3).
Nos sages racontent que pendant deux ans et demi, les écoles de Hillel et Chamaï ont discuté de savoir s'il aurait été préférable pour les hommes de ne pas avoir été créés. Finalement ils ont tranché qu'il eut été préférable pour l'homme de ne pas avoir été créé mais maintenant qu'il est créé, il ne lui reste qu'à réfléchir à ses actions passées et futures (4). En d'autres termes: si on réfléchit à la condition humaine, "suis-je à l'aise dans ma peau d'homme dans ce monde?", d'un point de vue purement humain, alors la discussion est ouverte pour longtemps. Au plus la conclusion sera pessimiste. Mais dans le fond, la question est complètement fausse parce qu'elle est posée sous un angle déconnecté de D. qui a déjà tranché en créant l'homme contre sons gré. Il ne reste donc qu'une affirmation: maintenant que l'homme est créé, que cela lui soit agréable ou non, il ne lui reste qu'a vérifier si ses actions sont en accord avec l'attente de D.
Bien entendu, D. a de nombreux émissaires: pourquoi les lois de la nature ne suffiraient-elle pas? Pourquoi les anges ne seraient-ils pas aussi jardiniers ou ingénieurs? Parce que la Volonté de D. était de confier sa création à un être supérieur à ceux qui ne sont que des automates: à un homme libre et cette volonté Il nous la révèle dans la Thora (5).

La liberté à l'image de D.:

D. a donc créé Son associé, l'homme, à Son image, c'est-à-dire que l'homme est doté d'une liberté créatrice qui lui permet de continuer l'œuvre de D..
D. nous raconte dans Sa Thora (6) qu'Il a créé l'homme à Son image. Mais à quoi D. ressemble-t-Il? Que pouvons nous dire de D. si ce n'est qu'Il est libre de toutes les contingences que nous pouvons imaginer? L'homme a donc été créé avec une liberté qui ressemble (fadement) à celle de D., mais qui est exceptionnellement puissante dans les limites de la création. D'abord parce que l'homme peut nier l'existence de D. ce qui n'est pas le cas des autres créatures. Mais surtout parce que la liberté par définition permet de faire autrement, de changer, de créer du nouveau. C'est le serpent qui l'a compris: "mangez…et vous serez comme D. des expérimentés du bien et du mal" et Rachi commente: "vous serez comme D. des créateurs de mondes" (7). Le seul "petit" problème, c'est que D. attendait de l'homme d'être créateur en harmonie avec le Créateur, en suivant le bien et le mal définit par Lui, alors que le serpent proposait à l'homme d'être aussi le créateur du bien et du mal, à la place du Créateur. Ce fut le premier abus de liberté…

Difficile liberté:

…et pas le dernier.
S'il est difficile pour l'homme d'assumer sa liberté, il lui est encore plus difficile d'en assumer la responsabilité et de supporter les conséquences de ses actes (créateurs), comme D. l'engage à le faire.
Le décor à peine planté, deuxième abus de liberté, un homme tue son frère, par jalousie. Non pas s'entretuent: ce n'est pas le cercle vicieux de la violence qui dispense l'agresseur de sa responsabilité pour accuser d'agression celui qui a droit à la légitime défense. La violence a un début. D. prévient Caïn à l'avance:"Pourquoi le prends-tu mal? (Mon refus de l'offrande, dit D., n'est que le reflet de ton refus de D.) Si tu t'améliores, il te sera pardonné (Je pourrai te 'supporter', dit D., malgré tes écarts de liberté), mais si tu ne t'améliores pas, l'envie de fauter 't'attendra au tournant' et elle te poursuivra sauf si tu la domines" (8). Le message est clair: la liberté de l'homme inclue aussi de limiter sa propre liberté. Si c'est le cas, D. 'supporte' les abus, Il attendra que l'homme corrige et répare, c'est la Techouva.
La liberté créatrice de l'homme est donc aussi réparatrice, rédemptrice.
Toutes les violences de la suite de l'histoire, qu'elles soient à petite ou grande échelle commencent par la liberté et la responsabilité des hommes qui décident d'abuser de leur liberté.

Caïn ne l'a compris que trop tard: "Ma faute est trop lourde à supporter ainsi que ses conséquences" (pour une lecture affirmative des verset), ou bien " D. acceptera-t-Il de supporter ma faute, même après coup, si j'en supporte les conséquences?" (pour une lecture interrogative des versets)"(9). En d'autres mots, Caïn craint d'avoir passé le point de non retour, la faute qui ne permet plus d'être corrigée mais qui implique pour D. de tout recommencer à zéro avec d'autres hommes qui seront meilleurs. Difficile échec de D. dans son pari sur l'homme…car la liberté de l'homme est "difficile" pour D. aussi.

D. "souffre":

Les échecs de l'humanité comme les souffrances que les actions humaines engendrent sont décrites comme des "échecs" ou des "souffrances" de D., pour bien nous faire comprendre que le silence de D. n'est pas indifférence mais au contraire, une "attente angoissée" du retour de l'homme, durant laquelle D. "supporte" ce que crée la liberté humaine. Quelques exemples:

Le déluge: "D. vit que la méchanceté humaine sur terre était grande, et que tout le produit des pensées de son cœur n'était constamment que mal. D. regretta d'avoir fait l'homme sur la terre et s'affligea en son cœur…" (10). Le récit du déluge ne commence pas par hasard par la description de la violence humaine, puis les regrets et la tristesse de D. Que signifient ces sentiments contradictoires par rapport à l'absolu divin? Simplement et dans un langage accessible à tous, que la volonté de D. était d'éliminer l'humanité tout en la continuant, et que la violence du déluge, constituait le gage de la réussite d'un nouvel homme sur de nouvelles bases, en éliminant irrémédiablement tout ce qui était corrompu.

Le buisson ardent: Pourquoi D. s'est-Il révélé à Moché dans un buisson épineux? Pour lui dire: "Je suis avec les hébreux dans leur souffrances". (11)

Les périodes de sécheresse: lorsque les pluies tardaient trop, on sortait prier dans la rue et on mettait de la cendre sur l'arche de la Thora, pour illustrer le verset "dans toutes leurs souffrances Il (D.) souffre". Rabbi Zeira, raconte le talmud, tremblait de ce spectacle et de sa signification (12).

Ces mêmes versets sont aussi appliqués aux souffrances du peuple juif en exil.

Toutes les violences n'ont donc pas la même nature et toutes les souffrances qui en découlent n'ont donc pas la même signification. Certaines proviennent de la liberté humaine, certaine de la justice divine qui n'a rien à voir avec une réaction gratuite.

La bonté et la justice:

D. nous raconte dans sa Thora, qu'Il prévoyait de créer un monde régit uniquement par la justice, mais Il se rendit compte que ce monde ne pourrait pas tenir le coup, alors finalement Il créa un monde régit par la justice et la miséricorde (13). Nous en déduirons trois points.
Premièrement: si le monde était idéal et l'homme infaillible, alors la création toute entière saurait suivre les lois divines (naturelles et morales) et supporterait la justice qui soutient la loi. Mais le monde n'est pas parfait.
Deuxièmement: ce monde qui est donc en perpétuel perfectionnement, a besoin pour réussir aussi bien de la justice que de la miséricorde. Les deux ne sont pas opposés mais complémentaires. L'homme doit savoir qu'il y des lois c'est à dire des exigences absolues, qu'il y a une justice c'est-à-dire qu'il sera placé devant ses responsabilités mais il y a aussi le "Rah'amim" (la miséricorde), pour se relever après les chutes et continuer.
Le mot "Rah'amim" se décline de "Réh'ém" l'utérus. Il exprime par là, l'amour naturel et la compassion de la mère à son bébé même s'il est laid ou écœurant de sa couche qui a débordée, de l'artiste à son œuvre même s'il la ratée, du Créateur à ses créatures même si elles ont fautées. Cela veut dire que D. redonne une nouvelle occasion, réaffirme sa volonté créatrice afin que l'homme poursuive ses efforts, son lent cheminement, sans qu'il soit remis en question par l'échec et la faute. C'est la tension positive entre le justice et la miséricorde qui régit ce monde, un peu comme l'expliquent les psychologues de l'adolescence lorsqu'ils rappellent qu'à cet age, les jeunes ont besoin que les parents leurs présentent des exigences claires même si apparemment ils s'y opposent. Dans ce sens, le monde est adolescent.
Troisièmement: un monde ou une société, construits uniquement sur le principe de l'amour ou de la miséricorde, sont inconcevables, exactement comme cette idée n'a pas même été pris en compte par D. avant la création. Un petit coup d'œil critique sur la justice de nos sociétés contemporaines qui débordent de circonstances atténuantes pour les malfaiteurs suffira pour le comprendre.

L'absolu de la loi:

Le mot "Daat" utilisé pour l'arbre de la connaissance, désigne la connaissance par le vécu, par l'expérience. Depuis que l'homme a mangé du fruit défendu, il a accédé à une connaissance subjective du bien et du mal, ce qui fait que le choix entre le bien et le mal reste subordonné à la subjectivité humaine. La grandeur du peuple Juif est de l'avoir compris en affirmant, lors du don de la Thora: "nous ferrons puis nous comprendrons" (14). Cette phrase signifie que le seul moyen qu'a l'humanité pour réaliser une société idéale ou règne le bien est d'accepter que la faiblesse de sa "petite jugeote" subjective à ses instincts soit remplacée par l'absolu divin révélé dans Sa loi. Nous accompliront les commandements puis nous essayeront de comprendre si nos sentiments subjectifs de bien et de justice, notre logique et notre entendement correspondent effectivement à la volonté de D. ou bien s'en éloignent et dans ce cas, il nous faut comprendre pourquoi.

Après cette petite introduction, passons aux différents détails des deux questions, dans l'ordre:
Vous dites:
" …deux frères s'entretuent, la tour de Babel, le déluge, l'esclavage en Egypte, le décret de Haman à Pourim …les Prophètes, les Rois, Job ...violence des hommes entre eux, violence verbale des hommes contre D, à quoi répond la violence de D lorsque le genre humain ne suit pas les voies tracées par Lui QUESTION 1/ COMMENT EXPLIQUEZ VOUS CES DIFFERENTS NIVEAUX DE VIOLENCE?"

Il y a ici un amalgame de situations bien différentes qui semble toutes être condamnables simplement pour leur point commun qui est la violence. Mais dans la Thora, la non violence, comme la violence, n'est ni un but ni un moyen exclusif pour résoudre les problèmes. La Thora ne cache pas non plus la violence humaine, car son but est bien de la résoudre. Toutes les violences n'ont pas la même nature, certaines proviennent de la liberté humaine, certaine de la justice divine qui n'est pas une violence de vengeance, certaines violences sont des Mitzvot lorsqu'il faut appliquer la justice humaine, parfois la légitime défense utilise la violence pour sauver les non violents de ceux qui abusent de la violence. À vous d'étudier chaque cas en détail.
Mais en regardant bien, vous remarquerez que c'est la Thora et les prophètes qui ont été les plus critiques contre la violence. Quelques exemples:
Yitzhak évite les querelles avec Avimélech, Yaakov s'efforce de faire la paix avec son frère, Yossef de même. Moché intervient pour arrêter la violence entre l'égyptien et l'hébreu, entre les deux hébreux, entre les bergers et les filles de Yitro. Les commandements de D.: ne pas tuer, ne pas blesser, ne pas violer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas séduire, ne pas tromper, ne pas vexer, ne pas médire, aimer son prochain, l'aider etc…même s'il est un étranger. Le prophète Elie dénonce les abus de pouvoir du roi Ah'av envers Navot, les prophètes appellent à la justice sociale. Finalement, le rêve de la paix universelle, que l'humanité entière a adoptée, n'est autre que le rêve de D. et d'Israël, exprimé dans la bouche de ses prophètes: "Le loup habitera avec le mouton....plus de méfaits, plus de perversions...car la terre sera pleine de la connaissance de D., comme l'eau recouvre la mer" (15).
Le but de l'humanité est que la terre soit remplie de la connaissance de D, la non violence n'en est qu'une conséquence.

Vous dites:
2/ COMPTE TENU QUE TOUT VIENT DE D ET QUE TOUT EST POUR LE BIEN QUEL EST SELON LA THORA LE ROLE POSITIF (S'IL Y EN A UN), DE CET ETALAGE DE VIOLENCE ET DE SES MALHEURS DES MILLIONS DE FOIS RENOUVELLES ?

Vous affirmez "tout est pour le bien": voici quelques petites questions de réflexion:
a) Nous avons l'obligation de dire une bénédiction pour les malheurs de la même manière que nous récitons une bénédiction pour les bonnes choses (16). Puisque "tout est pour le bien", comment se fait-il qu'il y ait deux bénédictions distinctes?
b) Nos sages nous enseignent de prendre l'habitude de dire "tout est pour le bien" (Gam zou letova), à l'exemple de Rabbi Akiva qui s'est retrouvé dépourvu de tout ou à l'exemple de Nah'oum Ich Gamzou, lorsqu'il fut condamné à mort. Pourquoi ces deux personnages ne demandent-il pas quel est selon la Thora le rôle positif de la violence dont ils sont victimes, et seul Rabbi Akiva le comprend mais après coup? (17)

La réponse est la suivante: l'affirmation que "tout est pour le bien" n'est pas l'axiome de départ de notre analyse rationnelle des évènements auxquels nous sommes confrontés, comme vous le supposez, mais la conclusion de cette réflexion.

Nos sages enseignent que la profondeur de la justice divine fait partie des choses de ce monde qui sont inconnues des hommes et la majorité de ceux qui croient y comprendre se trompent (18). Par ailleurs la Thora nous enseigne: " Le Rocher (D.), Son œuvre est parfaite, car toutes Ses voies sont justice, D. de toute confiance, sans iniquité, Il est équitable et droit" et donc on ne peut que Lui donner raison (19).
Voilà donc un paradoxe: nous devons donner raison à D. en sachant d'avance que nous ne comprenons qu'un tout petit peut. Cette démarche n'est possible que si les critères pour évaluer ce qui est bonheur et ce qui est malheur cessent d'être les sentiments ou la logique humaine, somme toute subjectifs, pour être remplacées par d'autres critères, eux absolus, mais qui par définition ne peuvent être compris à fond, sauf le point final de l'équité absolue qui découle de l'absolu de D.. La conclusion du croyant à la recherche de la justesse de la justice est donc " tout est pour le bien" sous entendu "sans le comprendre vraiment" mais comme expression de la confiance totale qu'il a en D.
En pratique donc, nous voyons un monde dans lequel il y a de bonnes choses et d'autres mauvaises, des joies et des tristesses, nous les vivons, les ressentons avec nos sentiments humains ce qui est légitime, d'un côté, mais limité à la condition humaine, d'un autre. Lorsque nous essayons de replacer le tout sous l'optique de D., de l'absolu, (tout vient de D.) nous bénissons D. pour les joies et pour les malheurs et la bénédiction ouvre les horizons. Nous bénissons D. pour les joies en affirmant que D. "est Bon et prodigue le bien" (tout est pour le bien) et pour les malheurs en affirmant que D. "est le juge de la vérité" (cela aussi est pour le bien mais plus par Émouna que par compréhension).

La fin de votre question fait allusion à la Choa et à la question "pourquoi et dans quel but D. a-t-Il amené cette grande tourmente (20)". Beaucoup d'encre a déjà été versé sur la question, vous trouverez sûrement un livre qui résume les différentes approches (21). Certain parlent de fautes, d'autres de période où D. cache Sa face (22), la liberté et la responsabilité de l'homme sont évoqués, les temps de rédemption aussi ainsi que la proximité de la Choa avec la création de l'Ètat d'Israël. Cependant le problème de la Choa reste ouvert pour les raisons suivantes me semble-t-il:
a) À la différence de la catastrophe nationale qu'a consisté la destruction du premier Temple, nous n'avons pas de prophète pour nous dévoiler les véritables raisons et motivations de D., nous n'avons pas non plus les sages du Talmud qui ont su comprendre les raisons de la deuxième catastrophe nationale qu'a été la destruction du second Temple.
b) Le recul historique n'est pas encore suffisant dans ce sens que les plaies de beaucoup sont encore ouvertes.
c) Autant que la question "où était D. à Auschwitz", il faut poser la question préalable "où était l'Homme à Auschwitz". Le silence du monde et l'échec de la croyance en l'Homme sont des sirènes d'alarme qui devraient réveiller les consciences et pourtant continuent à être ignorées.

Vous dites:
3/QUESTION COROLLAIRE : puisque chaque créature est faite à l'image de D. et que tout être vivant, ne serait ce que pour POUVOIR SE mouvoir possède une âme, j'EN DEDUIS DONC QUE HITLER est dans ce cas de figure…

Là aussi il faut distinguer entre l'âme qui permet de se mouvoir et l'âme à l'image de D.
Les forces vitales qui permettent de se mouvoir font partie du côté commun à l'homme et à l'animal (23) et ne caractérisent pas l'âme qui est à l'image de D.
Seul l'homme a été créé à l'image de D., les assassins et les monstres comme Hitler aussi. C'est la liberté dont nous avons parlé plus haut: la liberté qu'a l'homme de ce réduire au pire des animaux.
Je peux comprendre que vous ayez du mal à supporter l'idée que Hitler avait une âme, mais Hitler est précisément l'exemple, par la négative, du message que D. transmet à l'humanité par le peuple juif: si vous n'acceptez pas D. et ses exigences morales, alors entre vous et Hitler, le chemin est tracé.

Vous dites dans la no:30455.
IMAGINEZ QUE JE SOIS UN SOLDAT DE JOSUE…
1/ pourquoi HACHEM FERAI DE MOI UN CRIMINEL DANS SON PLAN DIVIN DE CONQUETE DE CETTE TERRE ?

Il y a une absurdité, liée à une erreur sur la compréhension de l'absolu de la loi, dans cette question.
La volonté de D. qui s'exprime dans Sa Parole, dans Sa Thora, constitue la référence absolue du bien ou du mal. D. dit: "tu ne tueras point" et D. dit aussi: "tu extermineras les cananéens" ou bien "l'assassin sera mis à mort". D. ne fait pas de vous un criminel puisque c'est Lui qui vous dit ce qui est un crime et ce qui ne l'est pas. D. ne fait pas non plus de vous un être désorienté, au contraire, Il vous a transmis Sa Parole, pour vous orienter. Mais si vous croyez que le sentiment moral qui brûle en vous est plus moral que D. Lui-même vous faite erreur et vous vous désorientez vous même, car ce sentiment moral c'est D. qui l'a introduit en vous, en vous insufflant une âme à son image. La question est donc comment continuer à développer ce sentiment moral sain et naturel, en harmonie avec toutes les autres facettes de la question morale: le rationnel, la révélation, la relativité du monde créé et le devoir de nettoyer un peu le monde du mal qui le rempli.

Vous qualifiez les soldats de Josué d'assassins commettant: "une série de meurtres dont je préfère ne pas qualifier le degré d'horreur".
C'est tout juste si vous n'appelez pas cela un génocide!
Reprenons le problème cananéen:
La terre de Canaan a été promise aux patriarches comme corollaire de leur alliance avec D., mais la réalisation de cette promesse a été remise car les Cananéen ne méritaient pas encore d'être chassés:
"D. dit à Avram: Sache que ta postérité séjournera sur une terre étrangère…durant quatre cents ans….Mais la quatrième génération reviendra ici, parce qu'alors seulement la perversité de l'Amorréen sera complète" (24).
Promesse oui, mais justice oui aussi. Que savons nous sur la perversité de ces Cananéens? À part l'idolâtrie, la Thora nous rapporte leur perversion sexuelle,et leurs sacrifices humains:
"…les pratiques du pays de Canaan où je vous conduits, ne les imitez pas…car toutes ces horreurs, ils les ont commises, les gens du pays qui vous ont précédés et le pays est devenu impur. Craignez que cette terre ne vous vomisse…comme elle a vomi le peuple qui l'habitait avant …" (25).
"…Car tout ce qu'abhorre D. ils l'ont fait pour leur dieux; car même leurs fils et leurs filles ils les ont brûlés dans le feu pour leurs dieux" (26).
Les cananéens devaient donc être chassés ou anéantis à cause de leurs fautes mais aussi pour ne pas influencer le peuple d'Israël:
"…c'est pour leur iniquité que D. dépossède ces peuples à ton profit, et aussi pour accomplir ce qu'il a juré à tes pères… " (27).
"…Et si vous ne dépossédez pas à votre profits tout les habitants de ce pays, ceux que vous aurez épargnés seront comme des épines dans vos yeux…et ce que j'ai résolu de leur faire, je le ferai à vous-même" (28).
C'est malheureusement ce qui est arrivé dans la suite de l'histoire, lorsque le peuple d'Israël n'a pas extirpé de sa terre toute cette corruption (29).

Il faut encore rajouter qu'avant que ne commence la guerre de conquête, il fallait essayer de faire la paix avec les Cananéens à la condition qu'ils abandonnent l'idolâtrie et acceptent les sept commandement qui engagent les non juifs (les dites lois noah'ides). Des messagers ont été envoyés par Moché et Josué mais les Cananéens ont refusé de revenir à un niveau moral minimum et par là ils ont signé leur propre condamnation (30).

Vous dites:
2/ HACHEM étant HACHEM pourquoi n a t'il pas fait en sorte que ces populations cananéennes disparaissent par la puissance de son BRAS ETENDU…

Nous avons déjà expliqué que D. désire que les hommes soient ses associés. Vous pouvez poser la même question concernant les habitants du tiers monde qui meurent de faim d'un côté du monde et l'abondance de nourriture qui passe à la poubelle dans les pays riches de l'autre côté du monde.
Ceci dit, remarquez que D. a participé à la conquête à Sa manière (31).

Mais peut être que la raison majeure est la suivante: la vie ne s'achète pas en pharmacie, sous emballage stérile. Beaucoup de problèmes d'éthique militaire devant lesquels sont confrontés les soldats de Tsahal, trouvent leurs réponses dans ce que la Bible nous enseigne concernant cette période de l'histoire. Alors imaginez à votre tour que vous soyez un soldat de l'armée d'Israël, et que de votre décision dépend la vie ou la mort de vos proches, civils innocents bombardés à Haïfa, Safed ou Kiryat Chemona, jours et nuits, ou le sort de vos camarades, soldats comme vous…quoi que vous fassiez vous allez vous salir les mains, il est donc préférable que ce soit avec le sang des assassins.

Vous dites:
…ne croyez vous pas sincèrement, que ce serait un acte terrible pour moi à accomplir occasionnant des séquelles psychologiques très graves…

Sûrement, et vous ne serez pas le premier, beaucoup de soldats souffrent de cela malgré le fait qu'ils n'ont rien à se reprocher moralement parlant.
À propos de la ville qui se perd dans l'idolâtrie et qui doit être détruite totalement (32), D. nous dit: "Et rien ne sera épargné de la destruction, afin que D. apaise sa colère, te donne de la pitié et te prenne en pitié…".
Le Natsiv de Volojin (Rav Berlin) commente: en accomplissant cette Mitzva, beaucoup s'habituent à tuer et à être cruels, c'est pourquoi D. nous promet que si nous agissons de manière désintéressée, Il nous redonnera cette qualité de miséricorde perdue.

La miséricorde de D. c'est Sa manière prédominante de gérer le monde, mais sans oublier le contre pied de justice. Je vous invite pour cela à étudier de plus près la signification des 13 attributs de bonté dont l'énumération se termine par les mots: "…clément, miséricordieux,…, plein de bienveillance et d'équité,…, il supporte le crime…, mais quant à absoudre, Il ne les absout pas" (33), ou bien le Psaume 145 récité trois fois par jour:
"D. est bon pour tous, sa miséricorde s'étend sur toutes ses créatures…D. protège tous ceux qui l'aiment, mais Il anéantit tous les méchants".
Ceci pour que vous ne croyez pas que je néglige ce côté des choses,
"Et nous" (qui essayons d'avoir une vue globale) "nous bénirons D. pour toujours, Hallélouya".

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(1) Devarim 13,5 Rachi. Talmud Sota 14a.
(2) Pirkey Avot Ch.4 Michna 22: Rabbi Eliézer Hakapar disait: "…contre ton gré tu est créé…". Voir aussi le contexte.
(3) Berèchit 2,5 (et Rachi), 2,15.
(4) Talmud Bavli Èrouvin 13b et Maharcha Macot 23b Taryag.
(5) Pirkey Avot Ch.3 Michna 17: Rabbi Akiva disait: "D. aime l'homme, car Il l'a crée à son image. Preuve supplémentaire d'amour: D. le lui a fait savoir".
(6) Berèchit 1,26-27; 2,7 et commentaires.
(7) Berèchit 3,5.
(8) Berèchit 4,6-7 et Rachi.
(9) Suite v.13 et 14 et Rachi.
(10) Berèchit 6,5-6.
(11) Psaume 91,15 et Rachi Chemot 3,2.
(12) Isaïe 63,9 et Talmud Taanit 16a.
(13) Rachi Berèchit 1,1.
(14) Chemot 24,7.
(15) Isaïe 11.
(16) Ch.Ar. Or.Chayim 222-3.
(17) Talmud Bavli Berachot 60a, Taanit 21a, Sanhedrin108b.
(18) Pesah'im 54b.
(19) Devarim 32,4.
(20) Qui tourmente encore notre peuple plus de 60 ans après, pour reprendre l'expression du G.R. Joseph Bloch Z"l dans l'introduction à la Haggadah.
(21) Voir le texte de Manitou "HaChoah - השואה", en hébreu".
(22) Devarim 31,17.
(23) Berèchit 1,1: 5ème et 6ème jours, avec Rachi. Maimonide. Introduction au Traité des pères (Avot) Ch1. ou Likouté Amarim Tania fin du 1er Chap. et début du 2ème.
(24) Berèchit 15,13-16.
(25) Vayikra 18. La suite énumère les interdits sexuels et le Molokh, voir aussi le Chap. 20.
(26) Devarim 12,29-31.
(27) Devarim 9,5.
(28) Bamidbar 33,50-56. Voir aussi Josué 23,12-13.
(29) Voir le livre des Juges puis Rois 2,23,10, et les prophètes. Le problème de l'influence cananéenne est un des fils conducteurs de la Bible.
(30) Commentaire de Ramban sur Devarim 20,10. Maimonide, Lois sur les rois et leurs guerres 6,5 et le résumé dans La Voix de la Thora Rav Elie Munk.
(31) Chemot 23,28. Devarim 7,20. Josué 24,12.
(32) Devarim 13,13-19.
(33) Chemot 34,7.

mazalplus
Dimanche 16 avril 2006 - 23:00

rag sameah, j'aimerai savoir pour quelle raison fondamentale, ma question 29879 "pourquoi tant de violence" n'a pas encore été traitée par vos soins...........ALORQ UE VOUS ËTES ENTRAIN DE TRAITER LA QUESTION 30330...serais-ce parce que il n'y a pas de reponses, ou est-ce un "hocq" et pourquoi dans ce cas ne le dites vous pas ?? Une reponse n'importe laquelle de votre part me satisferait..............une non reponse impliquerait pour moi, par defaut , que ce problème absoluemment incompatible avec la notion d'HACHEM BON ET MISERECORDIEUX" par definition intrinsèque, est un probkème entre LUI et LUI et que nul mortel avec ses references intellectuelles et quelque soit sont niveau de connaissance THORAIQUES ne peurt y ACCEDER...........question corrolaire à la question 29879 / IMAGINEZ QUE JE SOIS UN SOLDAT DE JOSUE conquerant la terre d'ERETS ISRAEL SUR ORDRE DE D, imaginez que je sois obligé de faire l'anathème, imaginez que j'ai une épée et 500 nourissons en face de moi, imaqinez que sur ordre de HACHEM, comme c'est le cas , j 'ai ORDRE DE LES TUER, ne croyez vous pas sincerement, que ce serait un acte terrible pour moi à accomplir occasionnant des sequelles psychologiques tres graves, et même si je devais arriver à accomplir un tel acte , 1/ pourquoi HACHEM FERAI DE MOI UN CRIMINEL DANS SON PLAN DIVIN DE CONQUETE DE CETTE TERRE ? PAR PROMESSE AUX PATRIARCHES,POUR DONNER UNE TERRE AU PEUPLE D ISRAEL// 2/ HACHEM etant HACHEM pourquoi n a t'il pas fait en sorte que ces populations cananéennes disparaissent par la puissance de son BRAS ETENDU, et non en faisant de moi un être desorienté par une serie de meurtres dont je prefere ne pas qualifier le degre d'horreur. merci de me repondre sans occulter les differentes questions, autant de celle --ci que de celle de la question 29879. RAGG SAMEHAH.

Nathan Schwob
Vendredi 27 octobre 2006 - 04:25

Sans vouloir répondre au nom des Rabanim du site, personnellement lorsque j'ai vu votre question je l'ai tout simplement évitée parce qu'elle est agressive, violente, dans son style comme dans sa calligraphie.
Contre qui étiez vous en colère lorsque vous l'avez écrite?
Contre le site? Dommage il super!! Vous n'êtes d'ailleurs pas la seule personne qui se fait doubler pour les réponses et personne ne s'est engagé à répondre dans l'ordre où les questions arrivent. Parfois il y en a de plus urgentes parmi les centaines en attente, ou bien d'autres qui n'ont pas du tout été abordées sur le site.
Peut être étiez vous en colère contre D.? Vous dites qu'une non-réponse de la part de CHEELA impliquerait pour vous par défaut, que votre problème est un problème entre D. et Lui même …vous pouvez tirer de notre silence toutes les conclusions que vous voulez, justes ou fausses, finalement elles n'engagent que votre propre mouvement réflexif de vous sur vous-même, qui court-circuite le mouvement symétrique que D. attend de vous. Car le problème n'est pas entre D et Lui-même mais entre D. et vous, tout simplement parce que vous êtes créature et lui Créateur. Le décor de la création à peine planté D. interpelle le premier homme: "Ayéka" - où es-tu? Et celui-ci répond "je me cachait".
Alors pourquoi tant de violence? Peut être étiez vous en colère contre vous-même, parce que vous ressentiez que vous vous cachiez, replié sur vous-même, derrière vos arguments invincibles, mais dans le fond de vous-même vous saviez que vous vous faisiez violence lorsque toute l'énergie positive et créative que D. a investi en vous était mal utilisée?
Vous seul savez ce qui se passe dans votre fort intérieur et pourquoi la violence vous révolte alors que vous l'avez utilisée vous-même. La solution est d'abord entre vous et vous-même.
Ceci pour la forme.
Je dois quand même, à ce stade, vous présenter des excuses pour le temps trop long, durant lequel cette réponse était en attente.
La réponse à la question supplémentaire ci-dessus (No30455) se trouve avec la No29879.

mazalplus
Jeudi 8 juin 2006 - 23:00

CORDIAL CHALOM messieurs les Ravs, je suis vraiement desolé d'insister, mais manifestement mes 2 questions "N° 29879 et 30455" "SUR LE THEME POURQUOI TANT DE VIOLENCE" sont restées sans réponses à ce jour.............en attente est-il précisé laconiquement....................Alors que ces questions ont été posées à tous les rabbanims deux fois de suite, et que des reponses à un millier de questions ont été transmises..entre temps....................... et que deux mois se sont écoulées depuis la premiere question...................je peux légitimement me poser la question de savoir pourquoi ce silence LANCINANT DE LA PART DE TOUS LES RABBANIMS.........assez étonnant......voir très étonnant..........MERCI, si vous avez les elements de reponse(s) de bien vouloir REPONDRE, et si vous n'avez pas les éléments de réponse(s)
de bien vouloir aussi REPONDRE..........ME LAISSER AVEC MON QUESTIONNEMENT n'est certainement pas la meilleure des solutions..............vifs remerciemments anticipés et CHABBAT CHALOM.

Dr Michael Ben Admon
Jeudi 29 juin 2006 - 10:13

Shalom,

Apres ces deux mois d'attente, vous avez sans doute evolue dans votre questionnement et peut-etre meme trouve des elements de reponse satisfaisants.
Votre question est en effet troublante.
Toutes les descriptions de guerre dans la Torah, de vengeances, de tueries justifiees ou non justifiees nous ramenent a des temps ou l'usage de la violence etait apprecie differement qu'aujourd'hui. Je vous rappelle uniquement les executions de condamnes a mort sur la place publique, avec au menu des tortures de toutes sortes, auxquelles les femmes et enfants venaient assister et se regaler (pour une analyse serieuse de ce phenomene voir l'excellent livre de Michel Foucault, naissance de la prison). Le fait que ces histoires apparaissent dans la Bible ne les transforment pas en textes prescriptifs mais les laissent au niveau de la description historique. Bien plus: les commentateurs classiques et le Talmud reagissent avec vigueur a ces violences qui opposent les commandements divins a la morale et a la bonte de D.ieu. L'histoire biblique comme histoire sainte est la pour nous eveiller aux problemes de ce monde et pas pour les camoufler; ceci dit, les valeurs sont fixees par la lecture talmudique et ses commentaires et non pas par le texte biblique.
Cette problematique tres importante a ete traitee longuement dans plusieurs ouvrages en anglais et en hebreu; helas, a ma connaissance rien n'a ete traduit en francais