Conversation 42361 - Comment compter les gens ?

lidol
Dimanche 1 juin 2008 - 23:00

Plusieurs parachyot nous parlent du recensement du " Am Israel" . Des lors pourquoi nous est-il interdit de nous compter , ne serait-ce que pour un minyan ?
Merci
Lidol

Jacques Kohn z''l
Mardi 3 juin 2008 - 05:09

La façon de procéder à un recensement, qu’il s’agisse de l’ensemble du peuple juif ou des membres d’un minyan, nous est enseignée par le verset de Chemoth 30, 12, tel qu’il est expliqué par Rachi : « Quand tu voudras compter les enfants d’Israël, ne les dénombre pas par tête, mais chacun donnera un demi-chèqel. Tu compteras les cheqalim, et ainsi sauras-tu leur nombre. »

D’où la règle que l’on ne doit pas compter directement les gens, mais qu’il faut les dénombrer par des moyens indirects.

lidol
Mardi 3 juin 2008 - 23:00

question 42361
Cher Rav
Merci pour votre reponse a la question en reference. Neanmoins ma question est de savoir pourquoi il est interdit de nous compter et non pas comment nous compter .
Merci d'avance
Slts
lidol

Jacques Kohn z''l
Mercredi 4 juin 2008 - 08:43

La raison de l’interdiction de compter est formulée par Rachi (ad Chemoth 30, 12) : « Le verbe nasso a ici le sens de : “recevoir”, ainsi que le rend le Targoum Onqelos. Quand tu voudras “recevoir” le total de leur compte, pour savoir combien ils sont, ne les dénombre pas “par tête”, mais chacun donnera un demi-chèqel. Tu compteras les cheqalim, et ainsi sauras-tu leur nombre.
Car un recensement est assujetti au “mauvais œil”, et la peste vient à éclater, comme nous le verrons à l’époque de David (II Samuel 24, 10 à 15). »

Rambam/Maïmonide donne à la conception d’un pouvoir occulte du « mauvais œil» une explication rationnelle en le comparant à la notion juridique de « hèzèq reïya » qui constitue un tort moral causé par les regards indiscrets et importuns des voisins. Cette forme de préjudice est soumise à certaines réglementations précises. Rabbeinou Be‘hayé considère le danger qu'un recensement peut provoquer sous un angle tout différent. Aussi longtemps que des individus coupables sont perdus dans la foule, ils peuvent échapper aux regards de la justice. Mais le dénombrement risque de les exposer à ces regards et d'attirer sur eux le châtiment. D'une manière plus générale, la masse collective garantit l'anonymat et la quiétude ; le dénombrement, en revanche, met l'individu en lumière avec toutes les conséquences que cela peut comporter. Aussi est-il appelé à se présenter au recensement tenant entre les mains la mitswa du demi-Chéqel.
Enfin, notre verset peut s'entendre dans l'esprit de la sentence suivante de rabbi Eléazar : Faire le compte des enfants d'Israël, c'est passer outre à la déclaration prophétique formulée par Osée en ces termes: « La multitude des enfants d'Israël sera égale au sable de la mer, qu'on ne peut ni mesurer ni compter » (2, 1) Le Talmud effectue cependant une mise au point : Si les enfants d'Israël se montrent fidèles à Hachem, on est en droit de procéder à leur compte ; si tel n'est pas le cas, on ne les comptera pas.
Le peuple juif constitue une minorité infime par rapport aux nations du monde, et si l'on se place au point de vue démographique, ce n'est guère un acte glorieux de « le mesurer ou de le compter », quand bien même « la multitude des enfants d'Israël », étant dispersée à travers les nations, donnerait l'impression d'être égale au sable de la mer. Ce qui fait la valeur du peuple juif n'est pas le nombre, mais la qualité de ses membres. Pour qu'il en vaille la peine de les compter, il faut que chacun soit prêt à « donner la valeur de sa personne à Hachem », c'est-à-dire de se dévouer à Lui jusqu'à la mort. Si tel n'est pas le cas, il est préférable de renoncer au dénombrement. Mais si le peuple reste fidèle à son idéal messianique, son petit nombre ne constituera alors plus une menace pour son existence. Compter ses enfants sera alors une mitswa et, de la part de Hachem, une marque d'affection à l'égard de sa vaillante garde d’honneur (Rabbin Elie Munk, « La voix de la Thora », vol. II, p.359).