Conversation 53377 - Puis-je lui faire confiance?

Lino78
Mercredi 25 août 2010 - 23:00

Bonjour,
J'aimerais beaucoup avoir vos conseils sur la question suivante. J'ai 30 ans et rencontré il y a quelques mois une femme que je considère exceptionnelle. Jamais avant elle, je n'ai ressenti un tel sentiment de bien-être avec une femme. J'ai l'impression que nous sommes en phase total et que nous étions faits pour nous rencontrer. Elle a ressenti la même chose et tout s'est passé pour le mieux. Nous nous aimons et avons à plusieurs reprises parlé mariage, famille. Je sens que cette femme sera une bonne mère et nous partageons les mêmes valeurs.
Le problème: elle m'a avoué il y a quelques mois une partie de sa vie passée qui n'est pas glorieuse (c'est le moins qu'on puisse dire). Quand elle me l'a dit, j'ai eu un choc et beaucoup de tristesse car jamais avant je n'avais aimé comme cela et j'ai mis cette femme sur un pied d'estale. Elle en est tombé violemment. Je lui ai alors demandé de tout me dire car je pense que nous devons être transparents et honnêtes si on souhaite construire un couple et une famille forte. Elle m'a juré m'avoir tout dit. Quelques semaines plus tard, j'apprenais autre chose. Même scénario, J'ai tourné la page et décidé de regarder devant nous. Mais cela s'est reproduit et à chaque fois j'apprends qqch de nouveau qui me fait beaucoup de peine. Au total, cela s'est produit 4x en 2 mois.
Je suis fatigué de ça. A chaque fois je dois prendre sur moi, recommencer à lui faire confiance, la croire quand elle m'assure ne plus rien me cacher. Et je retombe de haut à chaque fois.
Aujourd'hui elle assure m'avoir tout dit et je serai enclin à la croire. Je lui ai dit que je préferais tout savoir de sa bouche une fois pour toute que d'apprendre les choses au hasard...Je suis déçu, je ne sais plus si je peux lui faire confiance. Dois-je une fois encore pardonner et continuer avec elle et fonder une famille ou arrêter? Je ne sais pas si je pourrais vivre avec ce passé, surtout de la manière dont le tout a été amené. Les fêtes approchent, la période d'introspection se fait plus forte. Je lui suis reconnaissant d'avoir été sincère (plus ou moins) et je n'ai pas à juger ou pardonner quoique se soit car c'est sa vie et c'est du passé. Elle doit vivre avec et je pense que c'est déjà assez dur comme ça.
Mais moi, elle m'impose de vivre avec aussi, mais ce n'est pas mon passé et pourtant cela me ronge à m'en rendre malade?
Que dois-je faire? pardonner, fermer les yeux et construire? Puis-je réellement envisager une famille avec elle? Que dois-je faire?
Merci d'avance pour votre point de vie et conseils.
Lino

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 27 août 2010 - 06:17

Si quelqu'un est un être exceptionnel, son passé, quand il a été surmonté, y est aussi pour quelque chose.
Personne ne peut répondre à votre question à votre place, et celui qui prétendrait le faire, à mon avis, serait bien présomptueux. Mais le fait même que vous vous posiez la question est quand même préoccupant.
Vous avez d'ailleurs des exigences bien exorbitantes. Chacun a droit à son "jardin secret", à son intimité où nul, sinon Dieu, n'est admis. Vous n'avez pas le droit de demander à quelqu'un de se mettre à nu devant vous, et même nu n'est pas suffisant, il faudrait être transparent !?
Je crains que l'état d'esprit qui est le vôtre, tel que vous le décrivez, ne rende une vie commune très diffiicile. Mais vous avez raison sur un point : nous sommes dans la saison de la téchouva et peut-être pourrez-vous faire l'effort nécessaire pour apprendre à regarder autour de vous avec plus de gentillesse.
Si vous l'aimez, si vous avez pour elle les sentiments que vous décrivez au début de votre question, alors pensez aussi au fait que sans doute elle a besoin de votre soutien plus que de vos critiques.
Si vous n'en êtes pas capable, demandez-vous quand même qui pourrait trouver grâce devant le regard scrutateur de l'inquisiteur accusateur sans merci.
Relisez-vous : à deux lignes de distance vous écrivez "je n'ai pas à juger ou pardonner quoi que ce soit" et "Que dois-je faire? pardonner, fermer les yeux et construire?"
Non, gardez les yeux ouverts et sachez que vous n'avez vraiment rien à pardonner. Comme vous le dites, c'est son passé et non le vôtre. Et si c'est son "passé" et non son "présent", de quel droit réclamez-vous un droit de visite ?
Voilà pour le point de vue. Et je n'ai vraiment aucun conseil en la matière. Quand on envisage de former un couple, on s'engage aussi à affronter ensemble les difficultés pour les surmonter ensemble, pas l'un contre l'autre, mais l'un pour l'autre. Et dans ce domaine, personne ne vous signera une police d'assurance.

vallee
Samedi 28 août 2010 - 23:00

Chalom
Puis-je énoncer un sentiment svp? A propos de la 53377, je l'ai lue "par hasard" et si le questionneur passe encore par ici, j'aimerai tout d'abord dire que la réponse claire et magnifique du Rav Simsovic se passe d' ajout.
Cependant je pense qu' une femme qui prend sur elle d'accepter de livrer un pan de son passé sur lequel elle a apparemment fait largement Techouva est déjà bien courageux et honnête de sa part. Qu'elle le livre au coup par coup montre à quel point cela lui coûte, et j'aimerai bien savoir si la personne qui la "scrute" pour être sûre de la "marchandise" est elle aussi à ce point nette de toute avérot, et qu'elle puisse faire le tour d'elle-même: où se trouvent la miséricorde, la compréhension de l'autre, et son droit à l'ignorance, sa jeunesse, les erreurs qui ont pu en découler?
Aujourd'hui, cette femme est celle que vous avez rencontrée et pas une plus jeune qui faisait ses erreurs d'insouciances (et encore ce seraient des erreurs seulement si elle en avait conscience pleinement à l'époque).
Bref. dans le mariage, il y a l'amour, le bonheur, mais il y a aussi une quantité d'erreurs que le couple va forcément devoir se pardonner, et ce sont des erreurs qui surviennent non pas à cause de leur "passé" de "grands criminels dangereux"mais qui sont vécu lors du mariage, où le symbole de la réussite (mais il ne faut pas rêver, il ne s'acquiert qu'après l'expérience de l'erreur de chacun) est la tolérance, la patience, l'humilité, la connaissance de l'autre...
On envisage une femme comme une princesse, et il faut se dire que par essence elle l'est forcément puisque D.ieu a décrété toutes les filles d'Israël des "filles de Roi" qu'il faut traîter en tant que telles, mais cela dit, après toute une journée de ménage, ou pendant une grossesse, ou après celle-ci, ou vexée par quelque ingratitude, elle ne paraîtra pas une "princesse" et pourtant...et ceci n'aura rien avoir avec son passé mais avec son présent avec vous.
Et le raisonnement est pareil à l'inverse (avec un petit bémol cependant car une femme est plus encline à vouloir trouver grâce aux yeux de son mari que l'inverse et plus touchée par ses critiques que l'inverse)
Donc, si elle paraît si bien, c'est forcément qu'elle l'est et en plus elle n'était absolument pas obligée de vous avouer tout ce passé où vous n'existiez pas encore pour elle!!!!!
J'espère qu'elle aura en face d'elle quelqu'un de vraiment bien, et c'est cela qu'il faut se poser comme question "suis-je vraiment moi-même quelqu'un de bien?" voilà, si vous pensez me publier bévakacha sinon lo nora!
Chana Tova ou Metouka!

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 24 avril 2011 - 06:07

Je transmets comme témoignage qui appellerait certes quelques remarques et précisions mais qui exprime néanmoins une réalité très vraie concernant le mariage, que je résumerai ainsi : le mariage trouve son fondement dans la confiance réciproque des époux, ce qu'exprime très exactement le terme de fiançailles.