Conversation 8423 - Kant a moi,je ne suis pas croyant

Anonyme
Mercredi 23 juillet 2003 - 23:00

Bonsoir,
c'est avec excitation et impatience que j'écris ce qui va suivre, car c'est une question (ou plutôt une ébauche de réfléxion personnelle) qui me travaille depuis pas mal de temps..
Ayant trop d'admiration pour votre travail et votre dévotion, j'aurais éspèré ne pas vous choquer vous-même bien que cela n'est que trop probable..

Je n'ai jamais eu le courage d'exprimer à mes proches et amis, tout croyants qu'il sont, que moi-même je n'ai jamais cru réellement en D.
Etant issu d'une famille relativement religieuse, j'ai toujours "suivi le mouvement", si je puis me permette l'expression.
J'ai toujours considéré que mon esprit scientifique était à l'origine de mon manque de foi, dont j'ai pris conscience lors d'un cours de philosophie durant lequel je me suis tout-à-fait reconnu à l'énoncé d'une citation de Kant : "La science actuelle est incompatible avec la croyance en D."
Mais je suppose finalement que ce n'est que mon ignorance des faits qui me les font croire incompatibles.
Bien sûr, je souffre de ne pas croire; mieux : j'aimerais croire profondément mais le doute me ronge et subsiste dans mon esprit.
Que faire? Comment croire?
Avec mes profonds remerciements..

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 26 juillet 2003 - 23:00

Et pourtant, cher ami, ce même Kant que vous citez conclut ses leçons sur la théorie philosophique de la religion (1783-1784) par les mots : « Quelle chance que ni le mal moral, ni le mal physique ne puissent ébranler notre croyance en un Dieu qui gouverne le monde selon les lois morales ! » (LGF, Poche, page 208)
Et dans la Critique de la Raison pratique, ce même Kant pose l'existence de Dieu comme
« postulat de la raison pure pratique » (PUF, pages 133 sq.)

Mais en vérité, avons-nous besoin de Kant ?
Voici une pensée que je vous propose de méditer : « doute n'est pas scepticisme et crédulité n'est pas foi. »

Et aussi : le plus important n'est peut-être pas que je croie en Dieu mais que je sois quelqu'un en qui Dieu pourrait croire.

Anonyme
Samedi 26 juillet 2003 - 23:00

Je voudrais apporter ma contribution à la question 8423, si la réponse du rav Simsovic n'est pas assez parlante!
Voici une sorte de preuve que j'ai trouvé sur un site internet chrétien (je ne citerais pas lequel, on ne sait jamais si personne ne se ferait influencer!), prouvant le contraire de ce qu'a affirmé shlomow, comme quoi "la science actuelle est incompatible avec la croyance en Dieu."
C'est en effet l'opinion des athées qui disent que la science se passe de Dieu. Mais tous les croyants savent que la science n'zrrive toujours pas à prouver un sujet aussi simple de la création du monde, ainsi on a inventé des bêtises comme la théorie de l'évolution. Ci dessous le texte venant du site chrétien, comprenant un lien (en anglais mais il en vaut la peine!!!). Bref, je le cite:

" Savez-vous pourquoi l'évolution est resté au stade de simple théorie ? Tout simplement parce que cette théorie est basée sur des hypothèses et n'a jamais été prouvé. Demandez à des professeurs pourquoi ils croient en cette théorie... ils vous répondront que Darwin a "prouvé" cette théorie et que c'est ce qu'on enseigne à l'école donc que cela doit être vrai...

Saviez-vous que depuis 1990 un scientifique Chrétien propose de donner $250 000 (ou euros) à quiconque qui peut lui apporter une preuve scientifique qui supporte l'évolution.
(http://www.drdino.com/)
Son offre démontre que l'hypothèse de l'évolution n'est rien d'autre qu'une croyance religieuse...

* Par le mot évolution, nous ne nous référons pas aux variations minimes que l'on trouve dans toutes les diverses formes de vies (microévolution). Nous nous référons à la théorie générale de l'évolution qui veut nous laisser croire que ces cinq évènements majeurs suivant ont eu lieu sans Dieu :

1- Le temps, l'espace et la matière sont par eux-mêmes venus à l'existence.
2- Les planètes et les étoiles se sont formées à partir de la poussière de l'espace.
3- La matière a par elle-même créé la vie.
4- Les formes de vies les plus anciennes ont elles-même aprises à se reproduire.
5- Des changements majeurs se sont produits entre ces diverses formes de vies (ex. : Les poissons se sont tranformés en amphibiens, les amphibiens en réptiles, et les réptiles en oiseaux ou mammifères.)"

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 27 juillet 2003 - 23:00

Je suis toujours embarrassé face à ce type d'approche. Elle place la question qui nous occupe sur le plan d'une connaissance intellectuelle à laquelle j'adhère ou non en fonction de la manière dont mon cerveau est conditionné à fonctionner.
Elle participe du même mouvement d'idée que la théologie, qui pour reprendre une mot de Manitou, zatzal, « se fonde en dernière analyse sur cette “lumière naturelle” et anonyme de la Raison, dont l’œuvre de Descartes a montré qu'elle contraint plus Dieu à exister pour la tranquillité rationnelle de l'homme, qu'elle ne prouve son existence. »
Ce Dieu-là n'aurait jamais parlé à personne.
Très simplement, et quoi qu'en disent philosophes, savants et théologiens, le mot de la fin, c'est celui du médecin de Frédérick le Grand répondant à son auguste maître qui lui demandait une preuve de l'existence de Dieu : « Sire, les Juifs ! »

Anonyme
Samedi 26 juillet 2003 - 23:00

Suite à votre réponse n°8423..

Chalom'

Lors de ma précédente question, je ne souhaitais bien entendu pas soulever un débat sur la philosophie de Kant, dont j'ai sans aucun doute une connaissance minime comparée à la vôtre, mais apporter une citation qui m'a marqué car elle retranscrivait relativement une idée qui germait dans mon esprit. J'aurais dû cependant être plus clair, veuillez m'en excuser.

Ma question portait sur le fait même de croire; la foi est-elle quelque chose qui s'acquiert? Je suis comme je vous l'ai dit relativement pratiquant, mais subsiste en moi un sentiment partagé entre croyance ou non en Dieu
J'aimerais vraiment croire, mais qu'y puis-je? Est-ce en pratiquant plus que ma foi me paraîtra plus profonde?
Si Dieu existe, pourquoi ne nous donne-t-il pas les moyen de croire en lui?

Enfin, vous dites que nous devrions nous efforcer d'être quelqu'un en qui Dieu pourrait croire; mais comment se plier aux "contraintes" qu'imposent une religion sans croire profondément en Dieu?

Merci milles fois d'avance pour votre réponse, et encore excusez-moi si je n'exprime pas avec des mots justes le fond de ma pensée..

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 27 juillet 2003 - 23:00

Ne vous excusez pas ! Si j'ai relevé la citation de Kant, c'est seulement pour indiquer qu'elle n'exprime pas le fond de sa pensée concernant le problème de la foi.
La question de la foi ne se pose pas exactement en termes de croyance personnelle. Elle a pour fondement le témoignage d'un peuple entier ayant assisté à l'événement de la Révélation du Sinaï. Ne pas croire signifie tout d'abord récuser ce témoignage reconduit de génération en génération jusqu'à nous. La question serait donc plutôt que si je doute, ce n'est pas tellement de l'existence de Dieu - ce n'est pas vraiment une problématique juive - c'est de la bonne foi et de la véracité de mon peuple.
Et comme je n'ai pas vraiment de justification à ce doute-là, la question est pourquoi préfèrerais-je douter que croire ?
Le deuxième point, plus personnel, concerne la manière dont je considère ma présence au monde en tant qu'être conscient de son existence. Se savoir créature c'est savoir d'une part que je ne suis pas à moi-même la source de mon être. Mes parents m'ont donné un corps, mais le quelqu'un que je suis, moi qui dit je, d'où vient-il ? Avant d'être un problème métaphysique, c'est un problème moral dont la vertu fondatrice est l'humilité. Etre créature, c'est savoir que j'ai reçu le cadeau de l'existence et que je porte de ce fait une dette. Comment m'en acquitter ? Et aussi comment faire pour que c'est être qui n'est donc pas vraiment mien tant que je ne l'ai pas mérité m'appartienne enfin.
C'est à cette préoccupation que la Thora vient répondre. Elle raconte d'une part l'émergence de cette identité qui s'appelle Israël du sein de l'humanité et son engagement indéfectible au service du bien, avec toutes les difficultés existentielles que cela entraine. Et les mitzvoth sont jusque dans le moindre détail la manière dont nous sommes invités à réaliser le bien dans toutes les conduites de la vie, individuelle et collective.
C'est pourquoi nous connaissons Celui qui est Dieu d'abord comme étant celui qui a fait sortir Israël d'Egypte, c'est à dire de la maison des esclaves. La maison des esclaves, le monde en tant qu'asservissement à un ordre social ou naturel où, pour reprendre une expression de Kant, l'homme est considéré comme moyen et non comme fin. La sortie d'Egypte, c'est l'accession à une manière d'être où l'homme est capable de faire de lui-même la finaluté de sa propre présence et de se relier à autrui dans une relation de fraternité où cet autrui aussi est considéré comme fin et jamais comme moyen.
Croire n'est donc pas tellement important, en fin de compte. Car ma subjectivité et ma capacité intellectuelle qui font que je crois comme ci ou comme ça, aujourd'hui un peu plus ou un moins, ne me sont ici d'aucun secours. Ce qui compte c'est, se sachant né Juif, se connaissant membre de ce peuple, rester solidaire du projet de ses Pères, Abraham, Isaac et Jacob qui nous ont enseigné le mot d'ordre qui gouverne l'existence de ce peuple : hinéni, me voici, je suis là et je ne me dérobe pas.

Anonyme
Lundi 4 août 2003 - 23:00

Suite à votre réponse n°8475..

Merci milles fois pour toutes les bases de réflexion que vous avez pu m'apporter lors de votre précédente réponse.

Cependant j'aimerais savoir comment vous en êtes arrivés vous-même à croire en D.ieu, si il vous est possible de me l'expliquer.
Est-ce par "éducation"? Suite à une mûre réflexion?

Encore merci pour tout.

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 5 août 2003 - 23:00

J'espère ne choquer personne en disant que je ne comprends pas la question car les mots "croire en Dieu" sont trop vagues et imprécis pour pouvoir avoir une quelconque signification positive. Ceci parce que le mot "dieu" (écrit ici volontairement avec une minuscule) est un concept vide. Dès lors qu'il reçoit un contenu, c'est un contenu que nous y avons mis et se pose alors la question de savoir si, s'agissant de la représentation que nous nous en faisons, nous ne sommes pas déjà dans le cas de l'interdiction de nous faire une image, même abstraite, mentale, une image sans forme ni contours mais quand même une "représentation".
Croire en Dieu n'est pas une préoccupation juive.
Mais je crois aux témoignages de mes ancêtres et de mes maîtres sur l'intervention du Dieu des Patriarches en faveur de leurs descendants, qui les a fait sortir d'Egypte et qui leur a donné la Thora sur le mont Sinaï. Je crois en la réalité concrète de ces événements et en l'histoire de mon peuple. J'étudie pour comprendre chaque jour un peu mieux ce que cela peut signifier pour moi, pour comprendre le mode de relation entre Lui et Son monde, entre Lui et les hommes, entre Lui et moi que dévoilent chacun de Ses Noms, tout en sachant que Son essence nous est inaccessible et, pour reprendre un mot du Gaon de Vilna, que nous pouvons parler de Sa volonté pour nous, car Il nous l'a révélée dans la Thora, mais que de Lui-même nous ne pouvons rien dire, pas même qu'Il existe.
Je fais souveraine Sa volonté pour moi en faisant choix de me mettre au service de Son projet pour le monde qu'Il a créé. Sans doute suis-je parfois rebelle et parfois défaillant, mais je parle d'une orientation générale de ma volonté de vouloir plutôt cela que le contraire, d'être plutôt préoccupé de cela qu'indifférent.
Education et réflexion ont aussi leur mot à dire, certainement, mais plus immédiatement, il s'agit d'une foi rien moins que naïve dans le sens de l'histoire d'Israël, mon peuple, puisque Sa Providence dans Sa bienveillance m'a fait naître en son sein ; Israël qu'on ne peut nommer sans nommer Dieu avec lui ; Israël témoin, héros et hérault de Dieu dans le monde.
Quel honneur et quel bonheur !

Anonyme
Mardi 5 août 2003 - 23:00

Encore merci pous vos dernières réponses (n° 8815).
Je crois qu'elles m'ont profondément aidées à mieux comprendre le judaïsme en général et ce qu'il me reste à faire en particulier.

Todah rabba et milles félicitations à tous les rabbanim pour ce site.

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 5 août 2003 - 23:00

Merci et bonne continuation
Behatsla'ha

Anonyme
Mardi 5 août 2003 - 23:00

Réponse à l'auteur de la question 8815 (si je puis me permettre).
La foi n'est pas le résultat d'une analyse intellectuelle, elle se ressent. Moi-même je suis née d'une famille Catholique et depuis l'âge de 13 ans, soit quasiment la majorité religieuse, je n'arrive pas à adhérer au concept de "Sainte Trinité". Je crois en D-ieu parce que je le ressens à travers toute créature vivante et la beauté de l'univers qu'Il a créé. Je crois qu'Il se révèle à travers la Tora et que l'Histoire confirmera ce qu'attendent les Juifs depuis plusieurs millénaires. Même si le chemin de la conversion est très long et même si tous les Beth Din du monde devaient me refuser, cela ne m'empêcherait pas d'avoir cette foi chevillée au corps, jusqu'à mon dernier souffle. Mon mari, qui est Chrétien, sait qu'il n'y peut rien et conclut "la foi, ça ne se commande pas."

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 5 août 2003 - 23:00

Oui, mais la foi dont vous parlez est incommunicable comme tout ce qui est subjectif. Et cette foi-là apparteint à notre vie intime. C'est d'ailleurs pour cela que les Juifs sont très souvent mal à l'aise face aux épanchements mystiques des saints chrétiens racontant leur expérience spirituelle, un peu comme on le serait face à des personnes racontant leurs secrets d'alcôve.
La foi qui n'est pas le résultat d'une analyse intellectuelle mais se ressent relève de cette catégorie. Elle n'a pas de pourquoi, comme l'amour lui-même.
Mais la foi dont j'ai parlé, elle, s'apprend. Du moins peut-on apprendre ce dont les Juifs parlent lorsqu'ils disent "Emouna", substantif dont vient le fameux "amen" qui scelle les bénédictions et le qaddich. Apprendre tant du point de vue de l'attitude morale et spirituelle que du point de vue du contenu.
Cette foi-là est consécutive à l'acquisition d'une connaissance et non un substitut de la connaissance. Elle n'a rien à voir avec le "credo quia absurdum". Elle s'introduit souvent dans les livres de nos maîtres par l'expression : "sache et crois". Si je sais, pourquoi croire ? parce que savoir est une chose, admettre la vérité et donc l'implication pratique, pour ma vie, de ce que je sais en est une autre.
Si la foi ne se commande pas, elle peut s'apprendre.

Anonyme
Samedi 30 août 2003 - 23:00

Suite à la question 8821..
Chalom'

Lors de mes précédentes questions et de la lecture de vos réponses, j'ai cru ces dernières m'apporter toute l'assurance dont j'avais besoin pour être le meilleur juif possible, mais je pense que je me trompais, ou du moins, je vous ai conduit par la tournure de mes questions à m'apporter des réponses pas assez "terre-à-terre".

Si vous pouviez donc répondre à cette dernière, je vous en remercie : Comment puis-je mettre les téphillines tous les jours et aller à la synagogue tous les chabbats sans avoir la conviction profonde que mes prières sont entendues par "une force supérieure", si je puis m'exprimer ainsi?

Toddah Rabbah

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 1 octobre 2003 - 23:00

Haqadosh Baroukh Hou n'est pas une "force supérieure". Une force, aussi supérieure soit-elle, est impersonnelle. Devant Dieu, nous sommes en présence de "Quelqu'un". Avoir des convictions est affaire de subjectivité et ce n'est pas en vertu de mes convictions, ou de ma foi, ou de ma certitude, que je suis astreint à la Loi. C'est en vertu du fait que j'existe et que ce "moi" qui dit "je" n'est pas à soi-même sa propre origine. Par ce simple fait que j'existe j'ai contracté une dette, une obligation, dont peut-être le sens me dépasse, dont je ne saurais peut-être jamais la portée, mais cela n'enlève rien au fait que la sensibilité spécifique de la conscience juive consiste à reconnaître que dette il y a et que c'est le créancier, et non le débiteur, qui fixe les conditions du remboursement.
Mais sais-je vraiment si le Créancier existe ? la réponse juive serait : oui, puisque le débiteur existe. C'est-à-dire que moi j'existe et je sais, si je suis sincère avec moi-même, que je suis endetté de cette existence même.
La Thora, la sortie d'Egypte, la révélation du Sinaï n'ont pas pour objet de nous faire découvrir que Dieu existe, mais de nous permettre de comprendre, par le témoignage de tout un peuple, témoignage reconduit de génération en génération, qui Il est. Elle vient nous enseigner son Nom. Car la Loi ne saurait être authentique et anonyme. Et bien que je sois contraint ici de parler par allusion par manque de temps, c'est ainsi que cette Loi me tire moi-même de l'anonymat et me convie à la dignité d'être, tel que je suis nommé, fils d'Isra-El, en Sa présence, porteur de Son Nom dans l'énoncé du mien.

Gmar Hatima Tova

Anonyme
Dimanche 28 septembre 2003 - 23:00

Cher Rav,

puis-je esperer avoir un jour peut-être une réponse pour ma question 9316 ? :-)

Merci beaucoup !!!

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 28 septembre 2003 - 23:00

Mais très certainement. L'espérance est une grande chose ! Comme je vous l'ai déjà écrit, il me semble avoir déjà répondu à cette question lors des échanges précédents. Comme ma réponse est manifestement insuffisante, puisque vous reposez la question - quoique d'une manière différente - je me dois d'y réfléchir avant de répondre pour ne pas juste me répéter.
J'essayerai du moins de répondre avant Yom Kippour.

Anonyme
Jeudi 2 octobre 2003 - 23:00

Pour apporter ma petite pierre dans le débat passionnant et jamais achevé sur la croyance et la foi (quest 9316), j'ai parfois le sentiment que le rituel prime trop souvent sur l'essence pure de la recherche. Baptisé catholique mais jamais porté par les pompes vaticanes, plus proche des juifs (la pensée riche et complexe m'a toujours attiré je l'ai déjà écrit par ailleur) depuis ma petite enfance, je préfère me poser des questions sur la Thora et évoluer (me convertir ne serait pas utile: à 46 ans ma famille est fondée et mon épouse ne me suivrait pas) dans le sens d'une recherche d' Hachem. Sans thalit, sans téfilim suis-je ou non près de D. la réponse est forcément oui si je le veux et cela ne m'empêche nullement d'avoir par ailleurs des réflexions sur les origines du monde et son devenir dans un pur esprit scientifique ou philosophique.
Alors, merci pour ce site qui me permet d'approcher votre pensée et votre foi. J'ai perdu mon meilleur "maître" il y a quelques années féru de Torah et de Kabbala: il était juif et docteur en biologie moléculaire j'ai tangenté auprès de lui des mondes de savoir et...de foi que je ne pourrai jamais pénétrer: un goy ne pourra jamais rencontrer la Kabbala sinon dans des ouvrages navrants de pseudo philosophes imbus d'eux mêmes.
Pardon pour la longueur du texte mais cela fait du bien.
Shalom lécoulam vétodah rabah

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 6 octobre 2003 - 23:00

Merci de votre contribution que nous considèrerons comme un témoignage.
Permettez-moi toutefois une remarque à propos du rituel : il ne prime jamais l'essence pure de la recherche, pas plus que celle-ci ne contredit le rituel. Ils appartiennent à des expériences spirituelles différentes et qui ne doivent pas interférer l'une avec l'autre tout en se fécondant l'une l'autre mutuellement. Interférer signifie ici être préoccupé de l'une tandis qu'on est occupé à l'autre : à titre d'illustration, le temps de la prière n'est pas le temps de l'étude du texte de la prière et réciproquement.

Chlomow
Mardi 30 mars 2004 - 23:00

Chalom !

Suite à mes questions au sujet de la foi (8423), j'ai cru comprendre que celle-ci reposait principalement sur l'étude de la thora dont je ne connais rien ou presque; du coup, j'ai entrepris d'en faire (pour commencer) une première lecture en français.

Mais voilà, je me demandais si il ne valait pas mieux lire lentement mais sûrement... c'est-à-dire paracha par paracha, avec commentaires...

Qu'en pensez-vous? :-)

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 30 mars 2004 - 23:00

Je pense qu'il est d'abord utile d'avoir une vue d'ensemble et que de ce point de vue une première lecture même en français peut être souhaitable, tout en sachant qu'on ne peut rien baser de sérieux sur une telle lecture. Elle permet néanmoins de faire un bilan de questions auxquelles une étude plus approfondie pourra progressivement apporter des réponses.
Et en parallèle d'une telle lecture, quelques approfondissements avec commentateurs (par exemple l'excellent Qol Hathora du rav Munk zatsal) restent une activité chabbatique très profitable.

néshama
Mardi 13 avril 2004 - 23:00

shalom rav Kvod HaRav! suite a votre reponse a la question 8475, ou vous dites:" La sortie d'Egypte, c'est l'accession à une manière d'être où l'homme est capable de faire de lui-même la finalité de sa propre présence et de se relier à autrui dans une relation de fraternité où cet autrui aussi est considéré comme fin et jamais comme moyen" comment fait-on cela, comment ne pas voir dans l'autre un moyen? cela peut sembler tres egoiste, et cela est peut etre la raison de mon mal-etre constant., de toutes mes questions et surtout de celle ci "que fais je dans ce monde, et qui ou quoi m'assure que c'est vrai?!

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 13 avril 2004 - 23:00

On fait cela en particulier en tenant compte des préférences d'autrui.
Par exemple, vous connaissez le précepte thoranique : "tu aimeras ton prochain comme toi-même"
A partir de la formulation araméenne donnée par Hillel, certains ont voulu paraphraser en disant : "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse".
Le problème est que disant cela, je fais de moi-même le critère de ce qu'il convient ou non de faire à autrui. Sans entrer dans les exagérations sado-masochistes, il est clair malgré tout que c'ela risque d'être parfois difficile à justifier au nom de l'amour !
"tu dois aimer cela puisque moi je l'aime" ou au contraire, 'tu dois t'en priver car moi je n'aime pas..."
Le Kéli Yaqar (rabbi Efraïm Lonschits, disciple du Maharal) explique : "le sens de la formule de Hillel est la suivante : "ce qui dépent de toi et qui déplait à ton ami, ne le fais pas".
C'est cela la règle et c'est aussi le moyen de l'appliquer.
Ce qui ne veut pas dire qu'on y parvienne sans effort, ni que lorsqu'on y parvient on s'y maintient toujours. Mais en tout cas, c'est cela le défi, et Israël l'a relevé.

Chlomow
Samedi 1 mai 2004 - 23:00

Suite à la 14987..

Chalom Rav Simsovik !
J'ai (finalement!) terminé ma première lecture de la thora (en français) et, je me demandais : que dois-je faire maintenant? :-)
Relire paracha par paracha, avec commentaires en français?
Apprendre l'hébreu pour faire une nouvelle lecture et peut-être avoir une plus grande compréhension des commentaires?

HELP !

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 2 mai 2004 - 23:00

Pour assurer la vie quotidienne, il faut, de front, respirer, manger et boire, dormir (de temps en temps),..
Il en est de même pour la vie de l'esprit. Il faut donc faire très exactement ce que vous avez dit, mais en parallèle.
Il n'y a pas d'autre moyen. Et quand vous lisez en français, prenez garde à ne pas construire de méditation trop poussée ou de tirer des conclusions trop tranchées à partir des formulations françaises, tant qu'elles n'ont pas été vérifiées sur l'original.

Bon courage !

P.S. Pas seulement une bonne compréhension des commentaires ; avant tout une compréhension exacte du texte lui-même.