Conversation 4403 - Pour quoi vivre ici-bas?

Anonyme
Samedi 8 février 2003 - 23:00

Une question existentielle mest venue a lesprit Jeudi dernier.
Le cheminemt de ma pensee etant quelque peu complique je me permet de vous en rapporter les details:
-l'Homme est un mortel, il ne,puis meurt.
le but de son passage sur Terre est de remplir une mission, de sepanouir ds le monde de la Thora et de faire evoluer sa Emouna en Dieu.
-tout ceci afin de parvenir a la venue du Machiah et a la reconstruction du Beit Hamikdach. Donc au retour de la chehina de Dieu en ce monde.

-Pourquoi faire du monde un passage oblige ds la realisation du projet divin?
Si le but de la creation de lhomme reside en la glorification de Dieu par le service au Temple, pourkoi ne pas nous laisser a letat de Nechamot, etat duquel nous partons et nous revenons? pourkoi donner a lhomme un passage ds le Monde d'ici bas?
est ce facon dacquerir le merite necessaire a la reconstruction du Beit hamikdach?

Je crains nepas avoir su exprimer mes pensees tres clairement, la question en elle meme etant complexe, toutefois tentez de meclairer en mapportt des elements de reponse, qui maideront inevitablement.
Davance merci.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 17 février 2003 - 23:00

Pour répondre à votre question, j'essayerai d'en suivre le cheminement, en intercalant ici et là une remarque, de sorte que vous puissiez lire simultanément la question et la réponse. Lisez bien tout ce qui est écrit, mot à mot, sinon vous lirez mentalement vos seules questions sans prendre garde à la réponse...
(vous m'excuserez de "corriger" au passage vos raccourcis orthographiques internautiques. Je suis de la vieille école, et ces choses-là me donnent des frissons !)
Prenez unz profonde inspiration, on y va !

- L'homme est mortel, il naît, puis meurt, puis ressuscite. C'est donc que son corps a une importance aux yeux de Dieu et pas seulement son âme.
- Le but de son passage sur Terre est-il de remplir une mission, de s'épanouir dans le monde de la Thora et de faire évoluer sa Emouna en Dieu ?
Et s'il en est ainsi, qu'en est-il de ceux qui ne sont pas nés Juifs ? Et s'il en est ainsi, pourquoi la Thora n'a-t-elle pas été donnée dès le début de l'histoire humaine ? Et dans les premières générations de l'humnité, le fait de l'existence de Dieu et de Sa Providence ne faisaient pas problème. Comment l'épreuve de cette connaissance ou de cette croyance (emouna) aurai-elle pu faire l'objet de la finalité de la Création ?
- Tout ceci aurait-il pu avoir pour but de parvenir à la venue du Machiah et à la reconstruction du Beit Hamikdach, donc au retour de la Chekhina de Dieu en ce monde ?
Mais si c'était le cas, une fois la Néchama - toutes les Néchamoth - retournées là-haut, à quoi pourrait bien servir que la Chékhina soit en bas ?
- Pourquoi faire du monde un passage oblige ds la realisation du projet divin?
Si le but de la creation de lhomme résidait en la glorification de Dieu par le service au Temple, Il aurait pu nous laisser à l'état de Néchamot... Ou même ne pas nous créer du tout. A-t-Il à ce point "besoin" de courtisans ?
S'Il a donné à l'homme un passage par le monde d'ici bas, c'est que cela devait être nécessaire à l'accomplissement de Son projet, ce qui signifie que nos hypothèses précédentes sont insuffisantes.
Serait-ce une façon d'acquérir un mérite nécessaire et si oui, lequel ?

Ceci pour dire que l'histoire de l'évolution des sciences à montré que lorsqu'une question est posée d'une manière telle qu'elle formule déjà une thèse dans son hypothèse, elle empêche l'émergence de la réponse. Mais aussi, que dès que la question est posée de manière à n'être qu'interrogation sans préjuger de la réponse, elle devient féconde et fait apparaître, sinon la réponse elle-même, du moins la perspective où elle peut être recherchée.

Nous ne pouvons pas préjuger des intentions de Dieu, mais nous pouvons poser le postulat que chez tout être qui agit de manière consciente et volontaire, le résultat de l'action peut être considéré comme manifestant ce qu'il y avait dans l'intention. Le résultat de l'action créatrice de Dieu est l'existence du monde et de nous-même. Un regard sur ce que nous savons de l'histoire du monde nous permet de conclure que seul l'homme a une histoire au sens propre du terme, le reste des étants du monde n'ayant que ce qu'on appelait du temps où j'allais à l'école communale "l'histoire naturelle".
La question qui se pose à nous dès lors est la suivante : Si l'intention de Dieu est de faire exister un être conscient de sa propre existence, suffit-il qu'il ait été créé pour être ?
Nous introduisons ici une définition de vocabulaire :
a) exister signifie vivre en tentant de se maintenir dans l'existence le mieux et le plus longtemps possible. L'existence est éphémère, vulnérable et dépend en toute chose d'éléments et d'événements extérieurs pour sa préservation et son bonheur.
b) être signifie vivre de manière que l'existence ne soit pas seulement due à une cause extérieure mais fondée en elle-même. Un être fondé en soi-même est une essence autonome, indépendante.et éternelle.
L'existence peut être donnée, l'être doit s'acquérir.

Si l'homme avait été créé parfait afin de chanter perpétuellement la louange de Son créateur il n'aurait pas été homme, mais ange, et s'il avait de plus été doué de conscience - ce que nous sommes - il aurait éprouvé sa propre perfection comme la misère morale la plus cruelle parce qu'il aurait su qu'il n'avait aucune part à sa propre perfection et que jamais il ne pourrait rien faire pour être autre chose qu'un mendiant admis à la table du Maître de Maison.

C'est pourquoi notre Dieu qui est aussi notre Père et pas seulement notre Roi, dans Sa générosité qui est aussi justice et vérité, nous a créés de sorte que non seulement nous puissions recevoir tout le bien qu'Il nous destine mais que nous puissions le mériter par nous-mêmes. Mais le souverain bien n'est pas dans des possessions qui sont extérieures à l'homme, qui ne relèvent que de l'existence et de l'avoir. Le souverain bien s'expérimente dans le bonheur d'être, au niveau d'être où le Créateur nous attend, créature certes, mais ayant fait la preuve qu'elle méritait d'avoir été créée.

Dieu ayant créé le monde et l'ayant rendu habitable pour l'homme est entré en Son Chabbat, afin de laisser place à l'exercice de la liberté humaine. Et il ne rompt son Chabbat que lorsque la vie de Son monde le rend indispensable selon les lois du Piqoua'h Néfesh.
La tâche de l'homme consiste à faire en sorte que ce monde que Dieu lui a rendu habitable devienne à sont tour habitable par Dieu, sans que l'orgueil de l'homme ne chasse Dieu du monde ni que la grandeur de Dieu n'anéantisse l'homme comme le soleil fait fondre la bougie qui peut sur terre éclairer l'obscurité. Le lieu de cette rencontre possible - en attendant que ce soit le monde entier - s'expérimente comme en un laboratoire : ça s'appelle le Beth Hamiqdach, ce qui signifie aussi que la condition - et l'abri - de cette rencontre s'appelle la sainteté, la Qédoucha et c'est pourquoi le lieu le plus intime du Beth Hamiqdach s'appelle Qodesh Haqodashim qui ne signifie pas seulement un superlatif de la sainteté mais la sainteté superlative que produit la rencontre de toutes les saintetés, le plus saint des hommes - le Cohen Gadol, revêtu des vêtements les plus saints, pénétrant dans le plus saint des lieux, au jour le plus saint - Yom Kippour - pour présenter au Saint du monde l'hommage du peuple saint.

Ata qadosh, véshimékha qadosh ouqédochim békhol yom yéhaléloukha, sela
Ata e'had, véshimékha e'had oumi kéamékha yisraël, goy e'had baaretz
Tu es Saint, et ton Nom est Saint, et ceux qui sont Saints Te loueront chaque jour
Tu es Un, et ton Nom est Un et qui est comme Ton peuple Israël, nation unique unifiée sur sa terre.